Hier, Fovi Katakou a été libéré après dix jours de détention. J’ai lu partout sur la toile une avalanche de messages de soulagement et de joie.
Chaque fois qu’il y a un emprisonnement, il y a ce qui se passe sur les réseaux sociaux et dans l’opinion publique, mais il y a le drame qui se joue dans le cercle familial du détenu. Et ceux qui sont en contact direct avec les familles de ces compatriotes privés de liberté seuls peuvent mesurer le désastre.
Entre 2017 et 2019, j’ai suivi de près le calvaire de Madame Eza, incapable, durant plus d’un an, de dire à ses enfants qui la harcelaient que leur père était en prison.
Depuis une semaine, j’ai senti et mesuré, dans nos discussions, la douleur et la peine dans la voix du père de Fovi Katakou, cet homme âgé obligé d’apporter à manger à son enfant handicapé en prison.
Voilà pourquoi hier, à l’annonce de la libération de Fovi, j’ai senti la même profonde tristesse qui m’a étreint en 2019 à la libération de Joseph Eza. Pourquoi autant de méchanceté, me suis-je demandé.
Je voudrais dire merci infiniment à tous ceux qui ont répondu à mon appel à aider financièrement Fovi. Il y a des milliers de personnes qui interagissent sur cette page, mais à chaque fois qu’il s’agit de contribuer financièrement, je me retrouve seul avec juste quelques bonnes volontés. Et c’est à ces gens-là qui nous tendent toujours la main que je dis merci.
Comme à chaque campagne de levée de fonds, j’ai eu mon coup de cœur il y a trois jours. C’est cet étudiant en première année à l’Université de Lomé qui a envoyé 1 000 francs CFA par T-Money, et qui était si gêné de l’insignifiance de son don qu’il a eu honte de m’en parler. Je lui ai fait comprendre que je comprenais sa situation, parce que j’ai, moi aussi, été étudiant au Togo. Son don, lui ai-je dit, était aussi noble que l’obole de la veuve aux yeux du Christ. Pour le remercier, je lui ai promis de lui trouver des bonnes volontés pour payer ses frais d’inscription jusqu’à la fin de son cycle.
Les amis, ce n’est pas la démocratie, encore moins l’alternance qui sauveront le Togo. Mais la générosité et le bon cœur. Il ne sert à rien de crier à hue et à dia au changement quand on n’est pas capable d’avoir un cœur meilleur que ceux qui briment le Togo.
Avoir de l’empathie et de la reconnaissance pour quelqu’un comme Fovi Katakou n’est pas une faveur, c’est un devoir sacré pour tout Togolais qui aime, aime vraiment ce pays et voudrait qu’il change.
David Kpelly