Cancer du sein et mortalité maternelle. Voilà deux fléaux qui ne font pratiquement jamais la Une de l’actualité sanitaire. Pourtant, ils déciment la population féminine au Togo. En effet, le cancer sein et la mortalité infantile, à eux deux, silencieusement, font des milliers de morts chaque année. Les médecins ne peuvent que constater les dégâts.
Au Togo, le paludisme reste officiellement la première cause de mortalité. Mais à côté de cette pathologie, d’autres maladies font, elles, des milliers de victimes chaque année. C’est le cas notamment du cancer du sein.
Le cancer du sein, un fléau pour les femmes…
Au Togo, le cancer du sein est un problème de santé publique. En 2019, près de 3 000 femmes seraient mortes du cancer du sein au Togo. Selon la cheffe d’unité d’Oncologie gynécologique et mammaire de la clinique de gynécologie obstétricale du CHU-SO, Dr Kétévi Ayoko, parmi toutes les femmes consultées en 2019, le cancer du sein seul représente plus de 58% du total de celles qui ont été dépistées positives de toute sorte de cancers.
A en croire certains spécialistes, les chiffres sont sous-estimés, vu que le laboratoire d’anatomie pathologie du CHU Tokoin de Lomé soit le seul établissement de diagnostic. Il est évident que plusieurs cas échappent au registre hospitalier. D’autant plus que, le Togo ne disposerait pas de registres populationnels de cancers.
Selon les professionnels de la santé, la méconnaissance de la maladie, le manque de sensibilisation de la population et surtout l’absence de personnel qualifié et d’infrastructures sont les raisons qui expliquent cette situation. « Les gens viennent très tardivement en consultation à une étape très évoluée de la maladie où on est obligé de faire du palliatif au lieu d’aller directement au traitement », a expliqué Dr Kétévi Ayoko.
En réalité, comme susmentionné, les hôpitaux togolais, particulièrement publics, souffrent d’une absence de matériels adéquats pour une prise en charge efficace des patients. Par conséquent, la probabilité d’une guérison est mince. En effet, les chances de survie d’une femme atteinte du cancer du sein dépassent 85 % dans les pays à ressources élevées tandis qu’elles n’excèdent pas 15 % en Afrique notamment au Togo. Ainsi, « la simple évocation du mot «cancer sein» générait une psychose, aussi bien pour les patients que pour leurs familles », souligne un médecin. En effet, la découverte d’un cancer du sein signifie quasiment l’arrêt de mort notamment pour faute de matériels. Selon la Ligue Togolaise Contre le Cancer (LTCC), le Togo ne dispose pas d’une simple mammographie hors de Lomé.
En plus de l’absence de matériels et du personnel qualifié, au Togo, le traitement de la maladie coûte cher. « La séance de chimiothérapie oscille entre 300.000 et 500.000 FCFA, mais il faut souvent six séances (2 à 3 millions au total) pour un patient », renseigne une source médicale. Devant l’absence d’une assurance maladie universelle, tous les coûts liés au diagnostic et à la prise en charge des cas de cancers sont à la charge du patient. Malheureusement, le coût des produits anticancéreux est également très élevé par rapport au pouvoir d’achat de la population et souvent la plupart de ces produits ne sont pas disponibles sur le marché local. C’est ainsi que des milliers de femmes togolaises souffrant le martyr se rabattent sur des tradithérapeutes en attendant une mort certaine.
Donner la vie, un exercice périlleux au Togo…
Dans les hôpitaux au Togo, les naissances, qui sont censées être des moments de bonheur, se transforment souvent en tragédies. Des milliers de mères périssent chaque année, faute de soins. Un drame qui ne dit pas son nom. Selon Josiane Yaguibou, la représentante de l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) au Togo, cité par le confrère republicoftogo, « toutes les 30 minutes une femme meurt lors de l’accouchement ».
Selon les derniers chiffres, le taux de mortalité est de 401 décès de femmes pour 100 000 naissances vivantes. Un taux élevé comparativement à certains pays. « Cela peut être évité s’il existe un nombre suffisant de sages-femmes », a ajouté la représentante de l’UNFPA au Togo.
En effet, la sage-femme, est un acteur clé de la réduction de la mortalité maternelle. Mais, le Togo en manque cruellement. « Le personnel de la santé en charge du suivi de la grossesse, c’est la sage-femme. Quand une femme a besoin de services pendant l’accouchement pour qu’elle s’en sorte vivante avec un enfant vivant, ce sont les services de sages-femmes qui sont encore sollicités. Hors, malheureusement dans les maternités des formations sanitaires publiques, la catégorie de personnel qui manque c’est encore les sages-femmes », a expliqué Mme ADANDOGOU Adjowa Héloïse, présidente de l’Association des Sages-femmes du Togo (ASAFETO).
Le gouvernement lent à réagir
Malgré le nombre sans cesse croissant de leurs victimes, ces deux fléaux meurtriers semblent ne pas susciter une prompte réaction de la part des autorités sanitaires. En ce qui concerne la mortalité maternelle, il a fallu attendre ce début d’année que le Chef de l’Etat annonce la gratuité de la prise en charge des femmes enceintes pour voir le Ministre de la santé faire du sujet « une priorité ».
Mais là encore, les futures mères vont devoir attendre. En effet, selon nos informations, dans certains centres de santé, la gratuité des soins pour les femmes enceintes n’est pas encore d’actualité. Cette situation rappelle celle de la prise en charge de la césarienne. En effet, le gouvernement avait, depuis 2011, décidé de subventionner à hauteur de 90%. Mais dans la pratique, les familles continuent de payer cher cette opération.
Concernant le cancer du sein, a en croire le plan cancer Togo 2016-2020, le pays ne dispose pas encore d’une unité spécialisée de prise en charge sur le cancer. Chose imaginale dans un pays où le cancer fait des milliers de victimes chaque année. Le plan suscité mentionner qui devrait aider le pays à améliorer la prise en charge n’a véritablement été suivi comme il fallait. Aujourd’hui, les malades du cancer du sein sont quasiment abandonnés à leur triste sort.
FRATERNITE
une triste réalité qui est vraie. Il faut que le Gouvernement fasse quelque chose pour sauver ses enfants les femmes qui périssent faute de moyens financiers.