« L’Assemblée nationale est une réunion de parlementaires auxquels le gouvernement ne demande plus leur avis que s’ils sont majoritairement d’accord »(Philippe Bouvard)
Le 58ème sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a ouvert et fermé ses portes samedi 23 janvier 2021. Et s’il est une décision phare qui interroge, c’est bien celle relative à l’avenir du projet d’union monétaire.
Le sommet décide d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence macroéconomique au cours de l’année 2021. Il instruit ensuite la Commission, en collaboration avec l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO), l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO), la Commission de l’UEMOA et les Banques centrales de la Communauté de lui soumettre lors de sa prochaine session ordinaire le projet du nouveau Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO, avec le 1er janvier 2022 comme date de début de la phase de convergence ; et la nouvelle Feuille de route pour le Programme de la Monnaie Unique de la CEDEAO. Justement au moment où le parlement français veut suivre le sénat dans le vote du nouvel accord entre la France et les huit (8) Etats de l’UEMOA, nouvel accord qui prendrait en compte les « réformettes » du couple Macron-Ouattara.
Que comprendre par cette attitude des chefs d’Etats de la CEDEAO aux rangs desquels figure Alassane Ouattara ? Bien malin qui voudra la considérer comme une douche du projet « eco Macron-Ouattara ». Si l’union monétaire de la CEDEAO est appelée à demeurer encore dans l’œuf, celle par contre de l’UEMOA dont le nom, la centralisation des devises et la présence de Français dans les instances sont appelés à disparaître est bien là. Puisque jusqu’à présent, aucun parlement au sein des huit pays n’a encore rejeté cette « reformette ». Mais le sénat français l’a avalisé ; et bientôt le parlement va le faire.
Si de victoire de la CEDEAO on devrait parler, celle-ci ne sera effective que lorsque les représentants des peuples de l’UEMOA diront NON à la « réformette Macron-Ouattara». Parce que laisser ce machin de réforme prendre forme rendra encore plus difficile la migration des pays ayant en partage l’eco-UEMOA vers l’eco véritable dont la CEDEAO est la marraine.
Mais au-delà de tout, il revient aux peuples de faire entendre leurs voix, par exemple à travers les états généraux d’avril prochain à Lomé, et surtout en interpellant les députés de ces pays afin qu’ils comprennent les enjeux du moment et cessent de se conduire comme des moutons de Panurge qui suivent gauchement les instructions données. Car la question monétaire est trop sensible pour être laissée entre les seules mains de dirigeants dont certains, à l’instar d’Alassane Ouattara, sont prêts à vendre leur pays, juste pour leur prestige ou pour faire plaisir à la France. Après tout, ils ont cette nationalité qui peut leur servir à tout moment, vu qu’ils ont été très serviles envers cette métropole qui n’a que trop paupérisé les colonies. « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts », disait de Gaulle. Il est temps que les peuples africains aussi aient des intérêts dans tout ce qu’ils doivent faire.
Godson KETOMAGNAN / Liberté n°3314 du 27-01-21