Au moins 29 personnes ont été tuées lors du raid jihadiste mené vendredi contre un hôtel et un restaurant de Ouagadougou, selon un nouveau bilan fourni ce samedi soir par le ministre de la Sécurité burkinabè. Un deuil national de trois jours a été décrété. Quatre jihadistes ont été tués mais les opérations de ratissage de ce samedi n’ont pas permis de retrouver des assaillants.
A quelques heures de la fin de l’attaque terroriste en plein centre de Ouagadougou, le bilan des victimes est encore incertain. Le Quai d’Orsay a annoncé ce samedi en fin d’après-midi que deux Français ont été tués et une Française blessée. La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête.
L’assaut lancé ce samedi aux alentours de 1h30 (heure locale et TU) a permis d’évacuer 126 personnes, dont 150 blessés. RFI a rencontré le directeur de l’hôpital où les victimes ont été acheminées. Selon lui, la plupart d’entre elles étaient des clients du café le Cappucino, situé en face de l’hôtel.
Selon le tout dernier bilan communiqué ce samedi soir par Simon Compaoré, le ministre burkinabè de la Sécurité, 29 personnes ont été tuées et une trentaine blessées.
On était tous couchés à terre… Il a rafalé vers le haut…
Attaque du Splendid Hôtel, un rescapé raconte
16-01-2016 – Par RFI
Qui sont les assaillants ?
Du côté des assaillants, quatre jihadistes ont été tués au Splendid Hôtel par les forces de sécurité burkinabè, appuyées par les forces françaises et américaines. « Il s’agit d’un Arabe et deux Africains noirs », a déclaré le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré.
Selon un officier de gendarmerie burkinabè, un quatrième islamiste armé a été tué dans l’hôtel Yibi, où il s’était retranché après l’assaut donné par les forces de sécurité contre le Splendid Hôtel. L’officier a précisé que deux femmes faisaient parties du commando jihadiste.
Mais cette information n’est pas confirmée. « On n’a pas encore traces de ces femmes. Donc les opérations sont encore en cours », déclarait à RFI à la mi-journée Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères burkinabè.
Selon des information RFI, le commando terroriste était composé d’une quizaine d’hommes. Ce qui voudrait dire que bon nombre d’entre eux n’ont pas été retrouvés.
L’attentat a été revendiqué par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), au nom du groupe al-Mourabitoune à l’origine en novembre dernier de l’attaque meurtrière contre un autre hôtel fréquenté par les Occidentaux, le Radisson Blu à Bamako.
Les réactions
Présent sur place ce samedi 16 janvier au matin, le président Roch Marc Christian Kaboré a appelé le peuple burkinabè au « courage » et à la « vigilance ». Le Burkina Faso « n’a jamais plié l’échine devant quoi que ce soit et ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer », a également assuré à la presse le président burkinabè qui a décrété un deuil national de 72 heures à compter de dimanche.
Pour Guy Hervé Kam, avocat et porte-parole du Balai citoyen, un mouvement de la société civile bukinabè interrogé sur RFI, cette attaque jihadiste au cœur de Ouagadougou, est un coup dur pour la démocratie : « Nous venons de sortir des élections, aujourd’hui il y a pas mal d’interrogations qui se posent après cette attaque qui est revendiquée par Aqmi. La rapidité avec laquelle l’attaque a été revendiquée nous fait penser forcément que, oui, c’est une attaque contre la démocratie. » « Le coup dur nous atteint en plein cœur », poursuit Guy Hervé Kam.
Le président français François Hollande a dénoncé dans un communiqué une attaque « odieuse et lâche ». En visite à Tulle, sa terre d’élection en Corrèze dans le sud-ouest de la France, le président français s’est exprimé sur les attaques : « Ces terroristes voulaient une fois encore créer l’horreur (…) Il a fallu que les forces armées du Burkina Faso appuyées par les forces spéciales françaises – et je veux ici saluer leur courage, puissent intervenir pour libérer 120 otages, qui sans doute auraient connu un sort cruel ».
Un soutien exprimé sur les réseaux sociaux
A l’instar du Premier ministre Manuel Valls, qui a jugé qu’« ensemble nous répondrons et nous vaincrons. #JeSuisOuaga », les internautes ont rapidement utilisé les hashtags #JesuisOuagadougou ou #PrayforBurkina pour exprimer leur solidarité et faire part de leur indignation. Detournant ainsi le slogan « Je suis Charlie », employé sur les réseaux sociaux pour rendre hommage aux victimes d’autres attentats en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.
source : RFI