L’attaque de l’hôtel Splendide et du café-restaurant Cappuccino au coeur de Ouagadougou au Burkina Faso, laissera des traces indélébiles dans les mémoires. Pas seulement des familles directes des victimes et des burkinabés mais aussi, de tout autre témoin de la scène. Parmi ceux-ci, des Togolais.
Il y a huit (8) jours, s’était déroulée l’attaque de l’un des coins prisés des expatriés mais aussi des autochtones ou encore de toute personne qui veut passer ne serait-ce qu’un bon temps au centre ville. Et, cette attaque n’a pas que causé des dégâts matériels, des morts mais également des “dégâts psychologiques“.
Dans les investigations de la rédaction d’Africa rendez-vous, il en ressort qu’il y en a de ces Togolais qui s’en sont sortis avec des séquelles. Seulement, la plupart n’ont plus voulu témoigner car voulant disent-ils, effacer de leur mémoire ce lugubre souvenir. Parmi ceux, mieux celles qui ont accepté nous parler, y figure une jeune athlète. Alexandra Jibidar.
Sauter du 3ème étage pour sauver sa peau
Dans une des salles de l’hôtel, alors qu’elle appliquait du massage à un de ses clients, les coups de feu ont commencé par retentir. « A peine avons-nous ouvert la porte qu’il y avait de la fumée et des tirs qui devenaient de plus en plus insistants », raconte cette jeune togolaise de 33 ans qui après un bon moment de silence rajoute « … il y a avait du sang par terre… ».
Dans leur tentative de vouloir s’échapper, elle dit ne plus retrouver son client et même des clients de l’hôtel courraient dans tous les sens. Sandra, comme l’appellent les intimes dit s’être rendue compte que le danger était dans tout l’hôtel sans pour autant comprendre d’où ça venait ou encore la cause, malgré le feu. Elle dit n’avoir trouvé comme échappatoire qu’une fenêtre par laquelle elle se décide enfin de sauter. « C’était ma dernière option », dit-elle, très convaincue. Et pourtant, c’était depuis le 3ème étage.
A terre, raconte-t-elle, Sandra a continué par courir pour s’éloigner le plus loin de l’hôtel. Cet audace, on le comprendra plus tard quand elle expliquera qu’au delà d’être masseuse et esthéticienne, elle est aussi coach de fitness. Malgré les quelques douleurs qu’elle dit ressentir aux pieds et dans tout le corps trois jours plus tard, la jeune togolaise a déjà repris ses activités qui lui permettent depuis bientôt 3 ans, de subvenir à ses besoins.
«Sauvée» par le stade municipal
Elle autre, n’est pas athlète mais a évolué dans l’équipe de handball d’Entente2, “les Jaunes de Kodjoviakopé“. Depuis plus d’un an, elle séjourne en terre des « hommes intègres » à la faveur d’un projet. Elle, c’est Solange Fiaty, ancienne journaliste sportive sur la télévision nationale togolaise (TVT). Notre recherche nous a ramené sur son blog qu’elle vient à peine de lancer.
Contrairement à Sandra, Solange était sortie avec des collègues de bureau pour partager un dîner copieux. Si le café-restaurant Cappuccino était le premier coin pour savourer de bonne pizzas, ils vont finalement changer d’avis pour se retrouver à plein air au stade. « Nous avons commencé par nos verres quand vers 19h30, nous avons vu des éclairs, entre 5 et 7 qui passent au dessus de nos têtes, avec des bruits épouvantables », raconte-t-elle en profane croyant que c’était de feux d’artifice. Mais très vite, leur chauffeur qui explique-t-elle, est un ancien militaire leur demande avec le plus grand calme que ce sont des « balles traceuses » et leur demande de rentrer.
Rentrée chez elle à Tampouy qui l’accueille depuis peu, elle va se rendre que c’était une attaque d’hommes armés. Et elle commence par sa litanie de « si ».
Somme toute, le bilan est déjà dressé, aucun togolais n’y a laissé sa vie. Mais à Lomé, cette attaque a été bien ressentie. Des mesures sécuritaires sont prises pour éviter un scénario pareil. Beaucoup de capitales ne se demandent-elles pas, « Après, Bamako, Ouagadougou, à qui le tour »?
source : africardv