Retrouvé mort sur la plage de Lomé dans la matinée du 15 août 2008, les circonstances de son décès sont restées mystérieuses. Tout comme l’est le cambriolage effectué dans la nuit du 24 au 25 janvier dernier à son domicile au quartier Djidjolé à Lomé.
Selon les informations, une ou plusieurs personnes se sont introduites nuitamment au domicile, non habité, du feu politologue, historien, journaliste et ancien ministre. Après avoir forcé la grille de protection, le(s) malfrats a/ont fait coulisser la baie vitrée de l’entrée et s’est/se sont introduit(s) dans la demeure du défunt. Les chambres à coucher de l’homme, et de sa femme et sa bibliothèque seront ensuite fouillées de fond en comble, avec les effets laissés sens dessus sens dessous.
Ce qui rend mystérieux ce cambriolage est le fait que le(s) visiteur(s), après avoir ouvert les coffres de la femme du défunt a/ont plutôt laissé éparpillés ses bijoux, de grande valeur, au sol, derrière eux. Signe que ce ne sont pas des individus à la quête de simples biens matériels. Il s’agit, visiblement, d’une opération commando destinée à une fin bien précise. Peut-être des documents sensibles.
Interpellée, la police scientifique est venue faire son constat et recueillir les éléments scientifiques sur le lieu du crime. Il faut tout de même rappeler que l’enquête ouverte à la suite de la mort n’a jamais été bouclée et plusieurs versions des faits restent disponibles.
Alors que la version officielle parlait tantôt de mort par noyade tantôt d’intoxication médicamenteuse, rares sont ceux qui y ont cru. « Pour moi comme pour la plupart des Togolais, il n’y a pas de doute, mon père a été enlevé, séquestré et assassiné », disait son fils Fabrice Ayaovi Agbobli, en décembre 2008, doutant de la version officielle.
Trois ans plus tard, en 2011, le président du Parti des Travailleurs, Claude Améganvi, a fait des «révélations » qu’il dit détenir de source située à l’intérieur même de l’Agence nationale de Renseignement (ANR). « Atsutsè Kokouvi Agbobli de son lit d’hôpital, a été entraîné dans un piège. Dès qu’il était sorti de la clinique, il a été capturé, cagoulé et jeté dans une voiture. Atsutsè Kokouvi Agbobli a été ensuite amené à l’ANR où il a subi des séances de tortures. Il a reçu des décharges électriques et des coups à la tête, au cou et dans les parties génitaux. Etant d’une santé fragile, il a succombé à ses blessures », a indiqué Claude Améganvi, à l’occasion du troisième anniversaire de la disparition du fondateur du journal « Afric Hebdo ».
Il a même estimé que la raison de cette torture réside dans la recherche par les agents de l’ANR, d’une source qui a informé la victime sur un réseau de trafic de drogue dans lequel seraient impliqués des officiers des Forces Armées Togolaises (FAT). « Il investiguait dans un dossier de trafic de drogue dans lequel seraient impliqués des officiers des FAT. Il a informé une connaissance à lui, qui à son tour en avait parlé à une autre ; et de fil en aiguille, l’information est parvenue aux tenants du pouvoir qui voulaient savoir la source de l’information », croit dur comme fer M. Améganvi.
Aujourd’hui, le mystère autour du décès de M. Agbobli reste entier et ce cambriolage risque de soulever de nouveau le débat autour de sa mort.
M. Agbobli, (avril 1941- août 2008), avait créé en avril 2007, le Mouvement pour le développement national (MODENA), un parti d’opposition.Titulaire d’un diplôme de doctorat en histoire obtenu en France et d’un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris, il avait enseigné au Gabon, occupé la fonction de chef de division au Département politique du secrétariat général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, devenue Union africaine) avant de rejoindre le Bureau international du travail (BIT). Il a également été chroniqueur à l’hebdomadaire Jeune Afrique et avait créé le journal Afric’Hebdo.
source : Mensah K. (L’ALTERNATIVE)