Des perquisitions ont démarré ce lundi aux domiciles d’officiers proches du Général Félix Abalo Kadanga. Une semaine après son éviction, l’ancien Chef d’Etat-major Général des Forces armées togolaises serait dans le collimateur de la justice dans le dossier de l’assassinat du Colonel Madjoulba.
« La descente aux enfers ». S’il y a un titre qui sied le mieux au feuilleton en cours autour du Général Félix Abalo Kadanga, ancien Chef d’Etat-major Général des Forces armées togolaises (FAT), c’est bien sa descente aux enfers. Une semaine après son dégommage surprise du commandement des FAT, le Général fait face à une autre procédure, cette fois-ci judiciaire. Des sources proches de la Présidence de la République annoncent une série de perquisitions aux domiciles d’officiers proches de l’ancien homme fort de l’armée. Les sources précisent que lesdites perquisitions sont faites dans le cadre des enquêtes ouvertes pour retrouver le ou les assassins de feu Toussaint Bitala Madjoulba, commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR).
Des domiciles d’officiers proches du Général Kadanga perquisitionnés dans l’affaire de l’assassinat du Colonel Madjoulba. Pas besoin de faire de hautes études criminologiques ou d’être bardés de diplômes en lien avec le droit pour deviner que Félix Abalo Kadanga est fortement soupçonné, soit d’être le meurtrier ou le commanditaire. Son nom avait déjà été habilement distillé au sein de l’opinion comme étant l’un des farouches adversaires du défunt, autrement dit, quelqu’un qui lui en voulait. Ces perquisitions montrent que le puzzle sur l’assassinat de Toussaint Madjoulba se forme.
Outre les perquisitions aux domiciles de ses proches, l’éviction du Général Kadanga présageait déjà de ce qu’il allait subir des événements en sa défaveur. Le processus de sa déchéance fut ainsi lancé : éviction, perquisition et arrestation, tout aurait été planifié pour éviter une situation de mutinerie au sein de l’armée. Du haut de son grade de Chef d’Etat-major, le Général se voit désormais confiné et réduit dans ses mouvements et contacts. S’il est arrêté et inculpé au bout de la série de perquisitions, il aura tout le mal de ce monde à s’en sortir. D’abord parce que la justice togolaise obéit au doigt et à l’œil de qui on sait, mais aussi parce que d’autres dossiers peuvent être sortis du frigo pour l’accabler davantage.
En effet, des affaires comme celle de l’assassinat du garçon Moufidou Idrissou vont peut-être être utilisées pour alourdir son dossier. Il nous souvient qu’en décembre 2018, alors que la polémique enflait sur la présence du Général Kadanga sur le terrain lors d’une manifestation populaire à Togblékopé, le Général Yark Damehame fit une pseudo mission sauvetage au bout de laquelle il « crucifie » son camarade. Le ministre de la Sécurité, habitué à démentir les informations les plus vraies, accablant le régime, a confirmé qu’effectivement l’ex-Chef d’Etat-major était sur les lieux de la manifestation pour voir comment ses hommes opéraient. Son seul véritable démenti concernait le fait qu’il n’aurait pas sorti son fusil comme le montraient les images filmées par des journalistes sur place. En réalité, Yark Damehame en reconnaissant la présence de Kadanga sur les lieux de la manifestation n’a fait que confirmer les soupçons selon lesquels c’est Félix Kadanga qui aurait tiré sur l’apprenti mécanicien de 10 ans.
Dans une dictature, même les plus proches collaborateurs du tyran ne sont pas à l’abri. A qui le tour ?
G.A.