J’ai suivi, hier, une vidéo de notre compatriote Raoul Le Blanc, acteur du showbiz togolais, qui manifestait, en larmes, sa profonde amertume et sa déception contre le Togo suite à ce qu’il considère comme une grande injustice contre lui : son emprisonnement deux fois de suite sans raison valable, selon ses mots.
Raoul Le Blanc fait partie de cette génération d’« influenceurs » togolais qui animent la toile de ragots, de bouffonneries, d’injures, de vulgarités… dont il suffit de voir une seule vidéo pour mesurer tout le déclin moral de notre ère. Mais Raoul Le Blanc et ses compères ont une particularité : même dans leurs plus grands délires, ils affichent leur amour pour le Togo, et certains d’entre eux n’hésitent pas à poser des actes de bienveillance en faveur des défavorisés.
Sa vidéo m’a profondément touché, parce que son amertume contre son pays était très palpable et sincère. « Le pauvre, ai-je pensé, il s’ajoute, lui aussi, à la très longue liste de ceux que ce pays a blessés à vie. »
Je viens d’apprendre qu’Aristo Le Blédard, de son vrai nom Aristide Bruce Soglo, Togolais résidant en France, chef de file de ces « influenceurs » du tout et du rien, vient d’être convoqué et gardé à vue au Togo durant un séjour avec sa famille.
Ah, Aristo ! Un million d’années ne suffiraient pas pour décrire le personnage ! Aristo : le majestueux règne de l’injure, de l’impolitesse et de la vulgarité. Mais Aristo, celui qui clame et montre toujours dans ses directs son amour pour le Togo, et martèle que sa marque de vêtements Akla’a a pour but de faire connaître le Togo partout sur la terre. Aristo : l’art de brandir le Togo avec des mains lépreuses.
J’ai lu qu’il a été convoqué par une compatriote nommée GretahWaklatsi, une Togolaise vivant également en France, directrice d’une ONG qui aide les enfants défavorisés, suite à une série d’injures et de menaces de mort dont l’a abreuvée Aristo dans un de ses innombrables directs qui commencent Dieu sait où et finissent le diable sait où.
Je ne connais GretahWaklatsi ni d’Adam ni d’Eve et n’ai jamais entendu parler d’elle. Mais j’aimerais juste la prier, au nom de ce Togo qui chaque jour déserte le cœur de ses fils l’un après l’autre, de pardonner à Aristo, et de retirer la plainte contre lui.
Je reconnais que même le diable ne commettrait pas l’imprudence de se retrouver comme cible d’un direct d’Aristo et imagine tout le mal qu’elle a eu, mais qu’elle pardonne à ce jeune homme. Le Togo actuel a appris à trop faire peur à ses propres fils qu’il écrase, tel la sorcière du conte qui, après avoir dévoré elle-même ses propres fils, se retrouve seule dans ses vieux jours. Qu’Aristo ne s’ajoute pas à la trop longue liste de ces Togolais condamnés à frémir quand ils entendent le nom de leur pays.
David Kpelly