Quatre militants des droits de l’Homme ont été libérés mercredi dans la province angolaise de Cabinda après avoir été détenus pendant près d’un an suite à l’attaque meurtrière contre l’équipe de football du Togo, juste avant le début de la Coupe d’Afrique des nations (CAN-2010).
« Je viens d’être libéré. Nous avons tous été libérés en même temps », s’est réjoui l’avocat Francisco Luemba.
« J’ai passé plus de 11 mois en prison. Je me sens soulagé. Notre libération est le résultat de la conjugaison de plusieurs efforts, je remercie notamment l’ordre des avocats angolais », a-t-il indiqué à l’AFP.
Le procureur général de la province, Antonio Nito, a expliqué qu’ils avaient été libérés « parce que la loi sur les crimes contre la sécurité de l’Etat a été révisée par le parlement angolais et s’applique rétroactivement ».
Ces militants avaient été interpellés à la suite d’une fusillade contre l’autocar de l’équipe nationale du Togo, deux jours avant l’ouverture de la CAN. Deux membres de la délégation avaient été tués et un gardien de but grièvement blessé dans cette province pétrolière qui réclame depuis trente ans son indépendance.
Début août, l?universitaire Belchior Lanso avait été condamné à six ans de prison, Francisco Luemba et l?ancien vicaire Raul Tati à cinq ans, tandis que l?ex-policier José Benjamin Fuca avait écopé de trois ans pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
« Ils avaient été condamnés sans preuve par le tribunal de Cabinda. Je pense que le juge avait été guidé par l’émotion ou des pressions politiques. Nous allons entamer une action spéciale pour demander des dommages et intérêts », a prévenu Arao Tempo, avocat de Belchior Lanso et Francisco Luemba.
Pour Human Rights Watch, qui réclamait depuis des mois leur libération, « c’est une bonne nouvelle ». Mais « le gouvernement n’a toujours pas mené d’enquête sérieuse » près d’un an après cette attaque, a estimé Lisa Rimli de cette organisation de défense des droits de l’Homme.
« Nous savons qu’ils avaient été arrêtés et condamnés pour des raisons politiques. Ils ont passé presque un an en prison pour un crime qu’il n’ont pas commis », a-t-elle souligné tout en rappelant qu’un autre militant cabindais, André Zeferino Puati, était toujours emprisonné pour les mêmes raisons.
Durant le procès, il leur a été reproché de posséder des documents du Flec, un mouvement séparatiste très divisé dont deux branches concurrentes ont revendiqué l’attentat.
Un tribunal français vient de mettre en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste Rodrigues Mingas, secrétaire général d’une de ses branches, le Flec/PM (Forces de libération de l’Etat du Cabinda/Position militaire).
Le procès de deux autres personnes, soupçonnées d’être directement impliquées dans cette attaque, s?est ouvert la semaine dernière à Cabinda. Les deux hommes ont toujours nié leur implication et ont été, selon HRW, « maltraités » par les militaires.
Depuis l’annexion par l’Angola de cette enclave en 1975, le Flec réclame l’indépendance de cette riche province pétrolière où la majorité des 300.000 habitants vivent dans la pauvreté.
Le gouvernement a aujourd’hui affaibli les différents groupes armés et muselé toute critique, alors que torture et violations des droits de l’Homme se multiplient, selon plusieurs associations.
source:AFP
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