« Un seul mauvais exemple, une fois donné, est capable de corrompre toute une nation, et l’habitude devient une tyrannie » (Voltaire)
Faure Gnassingbé aurait-il envoyé des émissaires pour instruire son ami Alpha Condé ? Le vieil homme copie et applique à la perfection les méthodes hitlériennes huilées de la junte au pouvoir au Togo. Lors de la crise sociopolitique de 2017 qui a ébranlé le palais de Lomé II, Alpha Condé alors médiateur dans le dossier togolais, a fait torpiller le dialogue pour permettre à Faure Gnassingbé de reprendre la main. Il ne serait pas étonnant qu’en retour, le fils du père lui renvoie l’ascenseur en l’instruisant sur quelques recettes staliniennes qui ont toujours prises au Togo.
Mardi 20 octobre, pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) inféodée au régime d’Alpha Condé égrenait les premiers résultats partiels de la présidentielle du 18 octobre, le principal rival de Condé, Cellou Dalein Diallo a été séquestré chez lui, son domicile assiégé par d’impressionnants déploiements de matériels de guerre et de militaires lourdement armés. « Ne pouvant faire face à la vérité des urnes, le régime anti-démocratique d’Alpha Condé tente de s’imposer par la force », a dénoncé le leader de l’opposition guinéenne.
Au Togo, ces scénarios sont quasi quotidiens à chaque joute électorale. En 2010, alors que la tension est vive à Lomé où les militaires ont été déployés dans tous les coins de rue, les responsables des commissions électorales locales et de la CENI ont été héliportés à Togo 2000 sous bonne garde militaire où la victoire de Faure Gnassingbé a été proclamée sans la présence des représentants de l’opposition.
Tout récemment, lors du dernier scrutin présidentiel de février 2020, l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo qui revendique la victoire à ce scrutin et les responsables de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui ont soutenu sa candidature, ont été séquestrés pendant plusieurs jours par l’armée déployée en nombre autour du domicile de l’opposant. Après avoir joué longtemps au chat et à la souris, les militaires vont finalement faire irruption dans sa maison en défonçant portes et fenêtres pour embarquer manu militari les occupants.
L’opposant sera inculpé et interdit de se prononcer sur les résultats de la présidentielle. Bien avant, son immunité parlementaire a été levée. Au finish, un mandat d’arrêt international sera requis contre lui, le contraignant à fuir son pays.
Pour revenir à la Guinée, les forces de défense et de sécurité ont fait une descente musclée mercredi au QG de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de Cellou Dallein Diallo et ont mis le bâtiment à feu et à sac. Cette attaque ne visait qu’une chose : détruire les preuves que détenait le chef de file de l’opposition qui avait annoncé lundi, sa victoire sur la base du décompte des voix effectué par les représentants de son parti dans les bureaux de vote. Cellou Dallein Diallo voit derrière l’attaque du siège de son parti la main du président guinéen. « Nul ne peut commettre de tels actes illégaux et violents contre le siège de l’UFDG sans en avoir reçu l’ordre de Alpha Condé », estime-t-il.
En 2010, au Togo, les forces de sécurité avaient fait irruption dans le centre de compilation des résultats de la présidentielle érigé à l’époque par l’Union des Forces de Changement (UFC) au CESAL et avaient saisi les procès-verbaux puis emporté les matériels informatiques. Des responsables et militants de l’opposition qui s’attelaient à compiler les résultats du scrutin avaient été arrêtés.
C’est par ces pratiques d’un autre âge que Faure Gnassingbé a toujours réussi à opérer des passages en force au Togo. Ce sont ces mêmes méthodes que Alpha Condé applique dans son pays.
Médard AMETEPE
Source : Liberté