L’autopsie réalisée sur le corps du chauffeur décédé dans un accident d’autocar en Suisse, qui a fait 28 morts, n’a pas révélé de trace d’alcool et n’a pas permis d’étayer la cause d’un malaise.
«Il n’y a pas de présence d’alcool dans l’organisme du chauffeur» et «pas d’élément permettant d’étayer une cause de malaise. On en saura plus dans les semaines qui viennent», a précisé le procureur Olivier Elsig.
«En l’état, deux hypothèses demeurent: la cause technique liée à une défectuosité du véhicule (et) la cause humaine consécutive à une erreur ou à une inattention», a indiqué Olivier Elsig.
Concernant la théorie, reprise par les médias, qu’une manipulation d’un DVD aurait conduit à l’accident, Olivier Elsig a insisté n’avoir «à ce jour aucun témoignage d’un enfant ou d’une personne ayant vu le chauffeur manipuler le DVD ou autre chose».
Les Belges, unis dans la douleur, ont observé vendredi une minute de silence dans tout le royaume pour rendre hommage aux 22 enfants et aux six adultes qui ont perdu la vie dans cet accident, survenu mardi en Suisse.
Les dépouilles des 28 victimes ont été rapatriées de Suisse dans la matinée tandis que les enfants blessés continuaient à arriver en Belgique pour retrouver leurs familles.
A 11 heures précises, le pays s’est figé. La minute de silence a été observée dans tout le royaume, Wallonie francophone comme Flandre néerlandophone. Les églises catholiques ont ensuite sonné le glas.
Pour cette journée de deuil national, les drapeaux de tous les bâtiments officiels mais aussi des ambassades ou des institutions européennes étaient en berne.
L’émotion était particulièrement intense aux écoles primaires de Heverlee (centre) et de Lommel (Nord-Est) où étaient scolarisés les 46 enfants qui se trouvaient dans l’autocar. Leurs camarades se sont rassemblés dans la cour de ces établissements en se tenant la main tandis que des adultes pleuraient.
A Lommel, 15 élèves et deux adultes de l’école ont péri et il ne reste que six survivants.
Dans ce bourg situé à proximité des Pays-Bas, les employés municipaux se sont rassemblés devant la mairie dans un silence total. «Toute la ville, toute la province, toute la Belgique soutient les familles. C’est très important», a résumé un passant, Dirk De Vroeve.
A Heverlee, les enfants de l’école, qui avaient interrompu les cours, ont lâché des ballons blancs juste après la minute de silence.
Capitale figée
Au même instant à Bruxelles, le Premier ministre Elio Di Rupo s’est recueilli dans la cour du siège du gouvernement avec les membres de son cabinet et de l’administration.
Pour une minute, la capitale s’est figée, les bus, trams et métros stoppant leurs moteurs et les usagers interrompant leurs discussions. Près de la Grand Place, la petite statue du Manneken Pis, symbole de la ville, portait un brassard noir.
Peu avant le recueillement des Belges, les deux avions C-130 transportant les corps des 28 victimes ont atterri sur la base militaire de Melsbroek, près de Bruxelles. Les effets personnels des victimes décédées suivent dans un troisième vol.
Vers 10h30, des entrepreneurs de pompes funèbres ont emmené les dépouilles, sous escorte, vers Lommel (17 décédés), Heverlee (9 décédés) et Aarschot (d’où étaient originaires les deux chauffeurs du car). Six des morts de Hommel sont de nationalité néerlandaise.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a exprimé la «compassion profonde» de son gouvernement pour les victimes de l’accident.
«L’ensemble du conseil des ministres ressent la même chose : stupéfaction, impuissance et surtout, une compassion profonde pour toutes les personnes concernées», a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres.
«Il n’y a pas de victimes néerlandaises et de victimes belges, il y a des victimes», a-t-il souligné, rappelant que les drapeaux sur les bâtiments de l’Etat étaient en berne vendredi aux Pays-Bas.
«Nous ferons tout ce que nous pouvons pour aider les personnes concernées», a assuré le Premier ministre,
appelant par ailleurs les médias à respecter la vie privée des familles des victimes.
Lieux de pélerinage
Six vols d’avions médicaux étaient attendus dans la journée en Belgique pour transporter 14 blessés (5 de Lommel et 9 d’Heverlee). Six enfants étaient déjà arrivés tard jeudi soir.
Quatre enfants resteront hospitalisés en Suisse jusqu’à ce que les médecins jugent leur état satisfaisant pour assurer leur transport.
Dans les jours prochains, les communes se chargeront de trouver un arrangement avec les familles pour les funérailles, a indiqué le gouvernement belge dans un communiqué.
Les écoles primaires de Heverlee et de Lommel sont devenus des lieux de pèlerinage.
Les fleurs s’amoncellent le long des murs de ces deux établissements gérés par l’enseignement catholique flamand. Des dessins, des peluches et des ballons ont été accrochés à leurs grilles, ont constaté des journalistes de l’AFP. Un rare mouvement d’empathie et de solidarité s’est levé dans un pays qu’on décrivait il y a peu comme irréductiblement divisé.
Concernant l’enquête, la police suisse est toujours réservée sur les causes de l’accident.
«On ne dit rien» de plus que ce qui a été communiqué mercredi soir, à savoir que les enquêteurs examinaient trois pistes : un défaut technique du car, un malaise du chauffeur ou une erreur humaine, a précisé le commandant de la police valaisanne, Christian Varone.
Concernant l’hypothèse, évoquée dans la presse, que le chauffeur avait voulu enclencher un DVD juste avant le drame, le chef de la police a indiqué qu’il n’allait pas s’exprimer dessus. «Tous les témoignages des enfants sont pris en compte avec tout le sérieux possible», a-t-il ajouté.
(AFP)/liberation.fr
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