« Il est noble de défier un pouvoir arbitraire, …et cela, pour défendre les plus faibles » – Elisabeth Gaskell
Ce titre, d’une clarté évidente, ne se veut pas être seulement une prise de position pour le camp de la coalition des 14. Il est également l’affirmation d’un engagement en faveur du respect de la loi sur les manifestations publiques que les Togolais se sont librement donnée. C’est donc un carton rouge au pouvoir RPT/UNIR décidé à embrigader un pan essentiel des droits civils et politiques, notamment celui des manifestations de rue. La répétition a valeur pédagogique, dit-on. Aussi nous est-il loisible de rappeler que le corpus législatif qui encadre les manifestations publiques au Togo ne prévoit aucune discrimination de jours, notamment entre jours ouvrés et week-ends.
Cette précision étant faite, toute tentative de restriction de ce droit ne tirant pas sa source dans la loi dite Bodjona n’est ni plus ni moins que de l’arbitraire. A propos, suffit-il que deux membres d’un gouvernement impopulaire, soit dit en passant, expriment leurs desiderata les plus fantasques pour qu’ils remplacent l’organe légiférant? Suffit-il qu’ils se fendent d’un communiqué aux contours controversés pour prétendre amender la loi sur les manifestations publiques ? Dans l’affirmative, bienvenue dans le pays où l’arbitraire règne en maître, mieux, dans l’un des derniers vestiges de la monarchie médiévale.
Le drame, c’est qu’il se trouve encore des rienneux stipendiés à souhait dans ce petit rectangle à défendre ce coup de force. La vacuité de l’argumentaire tiré du souci de préserver la liberté de commerce et d’industrie de certains citoyens ainsi que le droit à la scolarisation d’autres laisse pantois. Car la nécessaire conciliation du droit des uns de manifester, fût-ce les jours ouvrés et celui des autres de faire autre chose ne saurait, mais alors en aucun cas s’entendre de l’interdiction des manifestations de rue en semaine.
Réaction tout à fait logique, le front de l’opposition organise sa riposte en adoptant une posture de résistance à l’oppression. Car, si les assauts répétés du pouvoir Faure Gnassingbé contre la loi sur les manifestations publiques prospèrent, il va sans dire que l’héritier d’Eyadéma trouvera le moyen de rétrograder notre pays encore et encore sur le plan des droits de l’Homme et des libertés publiques ; tout le contraire des effets escomptés de la dynamique contestataire en cours. Face à une dictature, la posture victimaire est loin d’être un allié. Seule la résistance face à l’arbitraire pourra rééquilibrer le rapport des forces et permettre de rétablir la légalité. Car force est et doit rester à la loi.
Faure Gnassingbé, grand apôtre de la paix au Mali et collabos ont encore l’occasion de faire machine arrière et d’éviter à leurs compatriotes le sang versé. Ils peuvent revoir leur copie et se réinscrire dans la légalité. Pour la gouverne de ceux qui ne maîtrisent rien de la technicité des débats, aucun communiqué, fût-il interministériel ne peut abroger ni amender une loi. A moins que derrière les discours enchanteurs sur la paix, l’agenda caché du pouvoir ne soit véritablement de faire le décompte macabre à intervalles réguliers, comme Yark Damehame, le binôme de Boukpessi Payadowa en a pris l’habitude depuis le 19 août 2017.
Meursault A.
Source : Liberté