Les cloches des églises de Juba, capitale du Sud-Soudan, ont sonné vendredi à minuit (23h, heure de Paris) pour marquer le début des festivités liées à l’indépendance de ce nouvel Etat, qui sera officiellement proclamée à 10h45, heure française, ce samedi. Des dizaines de dirigeants étrangers, dont 30 Africains, seront présents à la cérémonie marquant la naissance du Sud-Soudan. Au programme: défilés militaires, prières, une cérémonie pendant laquelle le drapeau de la République du Sud-Soudan sera hissé et le premier président du pays, Salva Kiir, paraphera la Constitution provisoire.
La cérémonie se déroulera près du mausolée de John Garang, le chef des rebelles sudistes, mort quelques mois après l’accord de paix de 2005 qui avait mis fin à plus de 50 ans de guerre – entrecoupée par une période d’accalmie de quelques années – entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum. Ce conflit a dévasté la région, fait des millions de morts et créé une méfiance réciproque entre le Nord et le Sud.
«Le peuple du Sud-Soudan a réalisé son rêve»
«Le peuple du Sud-Soudan a réalisé son rêve. L’ONU et la communauté internationale continueront à rester aux côtés du Sud-Soudan», a déclaré vendredi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à son arrivée à Juba. Le Soudan a reconnu vendredi la République du Sud-Soudan «en tant qu’Etat indépendant, sur les frontières du 1er janvier 1956», date de l’indépendance, et s’est «engagé à mettre en oeuvre l’accord de paix (de 2005, NDLR) et à régler toutes les questions post-référendaires».
Le président du Soudan Omar el-Béchir, sous le coup de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) notamment pour génocide, a confirmé qu’il allait assister à la cérémonie, souhaitant que le nouveau pays soit «stable et sûr». Des responsables sudistes ont affirmé qu’il était l’invité d’honneur. Mais le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a indiqué qu’il essaierait de l’éviter. L’accession à l’indépendance survient six mois après le référendum qui a vu près de 99% des sudistes opter pour la sécession.
Depuis, les deux parties ne sont néanmoins pas parvenues à se mettre d’accord sur un certain nombre de questions-clés, en particulier sur les recettes pétrolières, sur la délimitation des frontières et sur le statut de la région disputée d’Abyei. «Les liens culturels, politiques et commerciaux obligent les deux parties à regarder leur avenir commun en partenaires, pas en rivaux. Un Sud-Soudan viable requiert un Nord-Soudan viable», a martelé M. Ban.