Depuis 8 ans, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), l’ancien parti unique créé le 30 août 1969 par feu Gal Gnassingbé Eyadéma n’existe plus. Mais dans les rues et sur autres édifices publics, les vestiges du parti-Etat sautent aux yeux et continuent de rappeler aux togolais les pages sombres de l’histoire du pays. De douloureux souvenirs qui contrecarrent la réconciliation chantée par le Chef de l’Etat.
En 2012, Faure Gnassingbé décidait la dissolution du RPT, un héritage qui devenait très lourd à entretenir après plus de sept (07) ans au pouvoir. Cela afin de mettre sur pied un parti novateur nommé Union pour la République (Unir), signe d’un changement qui s’imposait « comme une nécessité pour faire face à de nombreux enjeux comme le combat d’idées, la justice sociale, le respect de soi et des autres, l’éthique », avait déclaré le Chef de l’Etat au moment de signer l’acte de décès du RPT à Blitta en avril 2012.
Le RPT toujours vivant…
Très tôt, certains observateurs ont vu en Unir, un prolongement du RPT. Faux ! rétorquent les cadres du parti qui parlent « de rupture mais éventuellement de césure ». Dans tous les cas, le nouveau parti se veut une manière de faire table rase du passé en imprimant un changement profond au sens large du terme. Mais huit ans après, le constat est sans équivoque. Unir a du mal à se départir du RPT. Et comme le dirait l’autre, les signes ne trompent pas.
En effet, malgré la naissance d’Unir censée incarner le changement, le RPT est toujours présent dans les têtes. Volontairement ou involontairement, le régime laisse certains vestiges de l’ancien parti d’Eyadéma rafraîchir la mémoire collective sur les tristes événements orchestrés par le parti-Etat. C’est le cas à Kara où l’insigne du RPT placé à l’entrée du Palais des congrès attire l’attention de tous les visiteurs. Même constat à Lomé devant l’édifice portant le même nom. Devant l’imposante bâtisse est gravé au sol RPT. Ainsi les visiteurs et autres togolais habitués de ces lieux qui accueillent régulièrement des événements publics ou privés se rappelleront du passé pas très glorieux de ce parti.
Dans le pays, d’autres vestiges de l’ancien parti unique sont jalousement protégés par les derniers caciques du régime comme leur totem. A titre d’exemple, le tronçon qui rond-point Casablanca-Attikoumé dénommé « Avenue RPT », Boulevard du 13 janvier ou encore Boulevard du 30 août, date de naissance du RPT. Rien que l’évocation du RPT réveille chez les victimes les supplices subies tout le long du régime dictatorial RPT. Il se souvient que déjà en août 2019, nous avions évoqué ce sujet en manchette mais cela n’a fait point bouger les esprits de grue.
Difficile réconciliation…
Pour justement permettre aux togolais de se réconcilier en faisant table rase de ce passé douloureux, la Commission Vérité Justice et Réconciliation dans ces recommandations (CVJR) avait explicitement demandé que les rues portant ces noms de hantises soient renommées. Par extension, les bâtiments publics portant le nom ou le sigle du parti unique doivent être revus. Exceptées quelques décisions prises d’ailleurs à contre cœur, le chantier reste entier.
Et en laissant royalement au vu et au su de tout le monde ces vestiges du RPT, le régime cinquantenaire « montrent suffisamment qu’au-delà des paroles, le chantier de la réconciliation «vraie» au Togo reste aussi profond que l’océan. A l’image de cette sagesse qui affirme que le cœur de l’homme est aussi profond que l’océan, nous dirons que l’esprit des dignitaires et autres héritiers de fait de l’ordre ancien au Togo est cyniquement plus profond que les simples déclarations et scènes de sourires qu’on offre aux togolais depuis 2010 avec le processus entamé et étalé à partir de la Cvjr », explique un observateur avisé.
A l’heure où le gouvernement veut montrer son engagement à œuvrer pour l’épanouissement des togolais, il urge que ces vestiges du parti-Etat ne soient plus exposés. Si l’on veut vraiment « gouverner autrement ».
FRATERNITE