Des agents indélicats seraient-ils en train de ponctionner les comptes de clients qui surveillent rarement leurs mouvements bancaires pour faire des affaires personnelles ? L’information dont nous disposons nous fait penser à cette éventualité. Mais reste à savoir s la direction générale est au courant et se tait en cautionnant les forfaitures, ou bien si c’est à son insu.
Sur au moins un compte bancaire logé auprès de l’Union togolaise de banque (UTB), des informations font état de ce que le propriétaire du compte serait débiteur envers la banque d’un montant de 564.768.753 FCFA alors que dans les livres dudit client, le débit ne serait que de 22 millions environ. Des rapports d’experts auraient indiqué clairement que des versements faits par le client et dont les traces n’ont pas besoin de prestidigitation pour se faire voir, n’ont pas été comptabilisés par le gestionnaire de la banque. Ou auraient été détournés ou encore retenus par des mains obscures. Dans le même temps, des montants non débloqués par la banque sont comptabilisés au débit du client. Manières de mafiosi surtout lorsqu’on apprend que dans la convention qui lie les deux parties, il est stipulé que la ligne de crédit ne doit en aucun cas dépasser la barre des 100 millions FCFA!
Selon les sources au sein de la banque, c’est le service des Engagements qui serait au cœur du problème. Mais quand nous avons pris langue avec la responsable dudit service, notre étonnement fut grand, parce qu’elle a esquivé le fond de la question. « Excusez nous le dérangement, mais nous avons eu des informations selon lesquelles UTB aurait débité le compte de la société […] d’une importante somme alors que cette dernière serait créditrice dans les livres de la banque. Et des vérifications auraient donné raison à la société, mais la banque persisterait dans sa logique. Nous sollicitons un rendez-vous avec votre personne ou le DG pour comprendre », avons-nous sollicité. « Le dossier est devant les juridictions et un expert est désigné à l’effet de vérifier les comptes et départager les parties. Dans ces conditions est-il normal que nous en parlions ? Merci de nous dire exactement le fond ou le bien fondé de votre démarche », nous a-t-elle répondu. Pourvu que l’expert auquel elle fait allusion ait toute sa liberté pour faire son travail. Sans nous laisser démonter, nous avons rebondi : « Quand nous apprenons que des agents de la banque auraient mis en place un système pour puiser dans des comptes de clients, quand des audits attestent que la situation présentée par le client est conforme, mais que la banque décide d’aller au tribunal, alors nous estimons qu’on doit en parler, mais si vous ne souhaitez pas donner votre version, nous prenons acte. Surtout que l’alerte vient de l’intérieur de la banque, on ne nous reprochera pas de n’être pas venu vers vous ». Et depuis vendredi passé, silence radio.
Soit dit en passant, il nous est revenu qu’au sein du service des engagements, un employé aurait été démasqué pour avoir souvent fait du yoyo avec les fonds de clients de la banque. Et, confondu, cet employé aurait prétexté une démence et se serait fait délivrer un certificat qui attesterait qu’il souffrirait de troubles mentaux. Depuis, non seulement plus aucune action en justice n’a été engagé contre sa personne, mais pire, il a juste été muté vers le service courrier et continuerait de percevoir son salaire.
Comment, au vu de tant de libertés prises avec les fonds des clients, l’UTB pourrait-elle relever la tête et quitter sa zone d’inconfort ? Aujourd’hui, nous apprenons que du fait de la banque, le nom de ce client est classé parmi ceux qui ne sont pas dignes de confiance. Et il lui est impossible de contracter des prêts dans d’autres banques. Mais une chose est certaine, les mouvements du compte en question et tout ce qui conforte le client, s’agissant du relevé de compte et des manquements constatés par la responsable même du service des Engagements seront sous peu dans le domaine public, histoire de prendre à témoin l’opinion quant aux pratiques qui ont cours au sein de cette structure bancaire.
Par le passé, des affaires relatives à des scandales ont secoué l’institution, sans que les premiers responsables du pays ne prennent la mesure du danger. A l’heure où un repreneur est activement recherché pour l’UTB et la BTCI, il urge que le ou les réseaux qui jouent avec les finances des autres soient démantelés.
Godson K.
Liberté N°3290 du Mercredi 09 Décembre 2020