Le Togo n’est pas épargné par la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus qui s’accompagne d’ores et déjà de graves conséquences économiques et sociales. Le pays fait face à cette situation désastreuse avec un système de santé presque inexistant et un « chef de guerre » totalement absent. Curieusement, c’est cette période délicate que les apparatchiks de Faure Gnassingbé ont choisi pour porter un coup de plus à la jeune et balbutiante « démocratie » en sanctionnant les deux grands journaux indépendants du pays (Alternative et Liberté) suite à une plainte l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy. Une décision jugée très sévère mais aussi inopportune. Cette maladresse de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) pour faire plaisir à un « petit colon » risque d’être assez préjudiciable pour le Togo surtout vis-à-vis de ses partenaires. Après avoir porté l’estocade sur la liberté de presse en sanctionnant indument ces organes, Faure Gnassingbé et son gouvernement peuvent déjà tirer une croix sur programme « Compact » du Millennium Challenge Account (MCA).
La décision a du mal à passer dans l’opinion. C’est la consternation qui règne. Deux semaines de suspension pour le Quotidien Liberté et deux mois pour le Bi-hebdomadaire l’Alternative. Leur seul tort, c’est d’avoir « osé » critiquer le diplomate français Marc Vizy et dénoncé les pratiques « pernicieuses » de la Françafrique qui rongent le Togo depuis des décennies. Pour faire plaisir au « colon », les « négriers » togolais n’ont pas hésité à appuyer sur la « gâchette » et non sans zèle.
En prenant cette décision liberticide, le Président de la HAAC et ses collègues n’ont manifestement pas mesuré les retombées « négatives » sur le pays. Pour eux, il était juste question d’assouvir leur obsession maladive qui était de mettre sous éteignoir les deux journaux critiques du pays. Or, le Togo nourrissait l’espoir d’être sélectionner pour le programme « Compact » du Millennium Challenge Account (MCA). C’est d’ailleurs pour se donner toute les chances de décrocher ses « millions de dollars » des Américains, qu’après le « Threshold », les autorités togolaises s’époumonent à prouver au monde entier qu’il est un bon élève en matière de démocratie et de bonne gouvernance.
Après la série d’élections (législatives, municipales, présidentielle) les chances du Togo d’être éligible au programme « Compact » se sont amenuisées de manière considérable. Il n’est plus à démontrer le caractère frauduleux et antidémocratique de ces scrutins. Il est aussi de notoriété publique que la liberté de presse reste l’un des indicateurs essentiels qui rentrent dans le cadre de validation de ce programme. Or, le régime de Faure Gnassingbé vient de porter un coup énorme à cette liberté fondamentale en sanctionnant ces journaux qui n’ont fait que leur boulot avec patriotisme et objectivité.
« Le Togo s’est déjà mis à dos les Américains avec la présidentielle de février 2020 en refusant l’accréditation aux techniciens du NDI mais aussi avec des critiques au vitriol de l’Ambassadeur des USA qui n’a demandé que la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. Il faut également souligner que les Américains accordent une importance capitale à la liberté de presse. Toutes ces maladresses cumulées, le Togo peut d’ores et déjà oublier les sous du Millennium Challenge Account », regrette un compatriote qui se demande à son tour si Willybrond Télou Pitalounani (Pdt HAAC) a mesuré les conséquences de sa décision. « Je suis convaincu qu’à travers cette décision, il n’a pas rendu service ni à son bienfaiteur ni au pays », a-t-il renchéri
Selon les indiscrétions, plusieurs autorités du pays ne digèrent pas non plus cette décision qu’elles jugent inopportunes et désastreuses pour l’image du pays.