Jojo Zoumaké, c’est le nom de l’élève tombé mercredi sous les balles des forces de l’ordre au premier jour des manifestations de l’opposition. Fauché dans la fleur de l’âge, il rejoint malheureusement la liste des jeunes élèves tombés sous le règne du régime RPT/UNIR.
Le caractère humanicide du régime cinquantenaire a plusieurs visages. Aux crimes économiques, s’ajoutent des meurtres commis sur de pauvres populations sans défense et sans distinction. D’Anselme Sinandaré à Jojo Zoumaké, le relevé de pauvres enfants abattus fait froid dans le dos. La froideur avec laquelle ce régime, aidé des individus, tue et tend à réduire le peuple togolais sous sa botte sanguinolente dépasse tout entendement.
Au temps fort des revendications de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) en 2013, et lors des échauffourées entre les manifestants et les forces de l’ordre à Dapaong, un enfant de 12 ans a été tué. Il s’agit d’Anselme Sinandaré. Son aîné DoutiSinanlengue, âgé de 21 succombera peu après des suites des coups des forces de l’ordre. Plus tard, à la suite du tollé général et sous la pression des organisations internationales intervenant dans le domaine des enfants, le gouvernement a présenté ses excuses aux familles éplorées. Le chef de l’Etat s’est même incliné devant la mémoire du jeune enfant dans un discours à l’époque. « Je voudrais saisir l’occasion qui m’est offerte ce jour, pour condamner fermement l’acte inconsidéré qui a coûté la vie au jeune Anselme GouyanoSinandare, précocement arraché à notre affection, durant les récents événements. Je m’incline devant sa mémoire et réitère à la famille éplorée ma peine profonde et toute ma compassion ainsi que les condoléances sincères du gouvernement », avait-il déclaré la veille du 27 avril 2013.
Après ces événements fâcheux, les Togolais pensaient avoir conjuré le mauvais sort. Surtout dans son intervention, le chef de l’Etat a laissé entendre qu’une enquête allait être ouverte. « Je garde aussi bon espoir que l’enquête ouverte suite au décès du jeune SinalengueDouti, puisse aboutir dans les meilleurs délais, afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances exactes dans lesquelles ce décès est survenu (…) Nous laissons à présent à la justice qui est saisie, le soin de sanctionner ceux qui méritent de l’être, afin qu’à l’avenir, de tels drames ne se reproduisent plus au Togo », avait-il ajouté.
Mais rien n’y fit, même si certains se sont quand même laissés aller à cette certitude que les meurtres commis sur les enfants ne se reproduiront plus. Ils étaient confortés dans leur évidence quand, lors de l’élection présidentielle de 2015, une affiche géante déroulée sur les grands panneaux publicitaires montrait Faure Gnassingbé entouré des élèves avec ce message : « Avec eux, je me sens fort ». Mais les sceptiques ont vu derrière ce message, plutôt un coup médiatique. Les faits leur donnent raison. A Bafilo, un enfant de 10 ans a été abattu le 20 septembre dernier lors des précédentes manifestations de la coalition de l’opposition. Bien avant, des jeunes avaient été tués lors des répressions liées à la réhabilitation des aires protégées dans la préfecture de l’Oti.
Ces relevés macabres déteignent gravement sur la politique de Faure Gnassingbé. Des vies précocement arrachées mettent à nu la face cachée de ce régime cinquantenaire qui refuse délibérément de céder au vent du changement. Peut-être les tenants du pouvoir ne sont jamais inquiétés par les associations de défense des enfants. Leur condamnation ne se limite qu’aux déclarations. A quand la traduction devant les tribunaux internationaux des auteurs de ces infanticides ?
L’ALTERNATIVE