L’Etat vient de décider d’octroyer la somme de 10 millions francs cfa à la famille de tout policier, gendarme ou militaire qui trouve la mort sur le territoire national dans l’exercice de ses fonctions.
Dix millions, c’est seulement l’équivalent de huit ans de salaire d’un fonctionnaire qui gagne 100 mille francs par mois.C’est comme si l’Etat venait de décider que la durée de vie de cette catégorie de fonctionnaires était réduite aux huit années qui suivent l’affectation à une mission.
Prenons le cas de la jeune Julie Elom Koudji qui m’avait particulièrement bouleversé. Elle est tombée sur le champ d’honneur en novembre 2021. Etudiante en médecine, brillante dit-on, elle avait à peine 19 ans. Sachant que l’espérance de vie au Togo est désormais de 64 ans en moyenne, arithmétiquement elle perd 45 ans de sa vie espérée.
Si elle avait un salaire d’environ 100 francs par mois, c’est au bas mot 54 millions de manque à gagner pour elle et pour sa famille. Sans compter tous les traumatismes que cette disparition brutale inflige aux siens.Oui, ceux qui font le choix du métier des armes pour assurer notre sécurité font un métier à haut risque et ils intègrent bien entendu le principe d’une mort brutale.
C’est un choix courageux, c’est un choix de patriote.Au regard de cela, en tant que citoyens, nous devons tous apprécier à sa juste valeur cet engagement exceptionnel, parfois sacrificiel, et être prêts à leur assurer notre reconnaissance à la mesure de leur dévouement, lorsque le pire se produit.
En notre nom, l’Etat doit, au strict minimum, procurer à la famille éplorée, particulièrement les enfants et le conjoint ou la conjointe, l’équivalent de ce que le fonctionnaire aurait généré comme ressource financière pour sa famille, au regard de l’espérance de vie.Une réflexion peut également être portée sur la prise en charge par l’Etat de certains besoins des enfants, comme la scolarité et la santé, si ce n’est déjà fait. En somme, le principe des enfants pupilles de la Nation.
Évitant par la même occasion, d’éventuels cas d’enfants abandonnés.En décidant d’allouer 10 millions à une famille de soldat éplorée, l’Etat fait bien d’aborder un sujet difficile. Mais le montant retenu est très en deçà de ce qu’il faut faire, surtout en ces moments de troubles où le terrorisme augmente le risque de décès brutal des fonctionnaires assurant la sécurité de tous.
A chaque fois que nos soldats tombent sur le champ d’honneur, je présente mes condoléances avec une grande tristesse. Je ne peux pas me résoudre à ce que, les huit millions de Togolais que nous sommes, nous ne leur octroyions que cette modique somme après le sacrifice suprême.
Policiers, gendarmes et militaires, nous avons besoin d’eux et nous leur devons beaucoup. N’abandonnons pas leur famille, une fois rendus les derniers honneurs du drapeau sur le cercueil et l’hymne national chanté. Ils méritent plus, pensons-y, c’est une dette !
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais