Tout aussi bien que les Présidents, les Républiques se valent. Le Togo vaut le Bénin, le Bénin la Côte-d’Ivoire, la Côte- d’Ivoire vaut le Ghana et vice versa. Aucune République n’est plus République que l’autre. À quelques nuances près, les gouvernances ont alors un minimum de valeurs universelles et les citoyens, aussi ont des droits aussi bien que des devoirs. Ces droits et devoirs ne doivent pas souffrir des exceptions trop grandes. Mais l’exception togolaise, si elle accorde une survie politique aux dirigeants, elle est en train de devenir fatale pour le peuple surtout quand il est question des devoirs du citoyen. Peut-être le silence du Togolais peut s’apparenter à une résignation à vie vis-à-vis d’une gouvernance qui est venue pour s’asseoir et qui n’accorde aucune chance au changement. Il sied de rappeler tout de même qu’avant l’avènement de Mr Tikpi Atchadam et son parti, le même climat était observé. Monsieur le Président, jusqu’où allez-vous continuer à penser que le Togo est pour vous un acquis irrévocable, un compte bloqué et donc vous pouvez abuser des populations au gré de vos agendas.
Régime fiscal douteux
Sur le plan fiscal par exemple, notre pays est le seul où le fonctionnement ressemble à une situation où l’Etat impose l’impôt à l’homme d’affaires, non pas sur son bénéfice mais sur son chiffre d’Affaire. C’est-à-dire, si Mr Edouard lance ses affaires avec un capital de 5 millions CFA, il paiera les impôts à la date échue sur la base des 5 millions et non sur la base de son bénéfice. L’assiette fiscale est tellement élargie qu’on a la forte impression que la seule source de revenu sur laquelle votre République peut désormais compter est le secteur fiscal. Quand le budget se vote, on distribue les chiffres et c’est le secteur fiscal qui transporte la plus grande croix. En fin de saison, les outils de la propagande vantent les chiffres et on force le bas peuple à croire que c’est crédible.
Exploitation et gestion opaques des Ressources Minières
Que peut-on attendre de plus quand on est dans un pays où l’on a du mal à quantifier le plus grand minerais qui sort des frontières, le phosphate? Présentement, au vu de la participation annuelle au budget nationale, il est impossible à un élu de la République de dire à ses électeurs si l’exploitation des phosphates au Togo est une entreprise privée ou publique. L’exploitation de ce minerai va tellement chuter que le clinker finira par prendre le dessus dans le classement en quantités exploitées. Pourtant le Togolais n’achète pas son ciment moins cher. Les fabriques de ciment se sont ouvertes à tour de bras ; cela ne permet toujours pas au Togolais d’acheter un ciment moins cher. Toutes les Sociétés étatiques se sont effondrées si elles ne sont pas purement et simplement vendues au moins disant dans les conditions les plus floues.
Infrastructures délabrées, Travaux publics Minés par la Corruption Généralisée
Pour revenir à notre actualité, présentement le débat est la gestion des routes et ruelles au Togo. A la lecture d’un communiqué du Ministère des travaux publics, à compter du samedi 20 janvier 2024, il sera « mis en exploitation à 06 heures » un unième péage à Lomé dans le quartier Sud-Ouest. Il s’agit du poste de péage sur un axe de 9 km et les riverains en sont informés par un communiqué du ministère des travaux publics. Décidément, en attendant qu’un compteur soit mis en place pour l’oxygène que les populations respirent, chaque quartier de Lomé doit s’attendre à son péage. D’ici peu, on aura un axe totalement cabossé, un labyrinthe truffé de ni de poule avec des dépassements difficiles et impraticable puis sans éclairage public. Mais hélas, assorti d’un péage qui coûte les yeux de la tête aux riverains. Cet axe est une rallonge du magnifique butinage réalisé par le géant Ebomaf.
Ebomaf n’est plus à présenter dans le domaine des BTP, ni aux populations africaines, ni aux Togolais moins encore aux Burkinabè qui en sont fiers. Mais au Togo, tout ce qui est bien finit toujours mal. On sait comment les chantiers commencent et on sait comment ils finissent. Tout commence par une corruption quasiment institutionnalisée où ils faut forcément arroser certains environnements avant d’obtenir un marché. Tout finit par une liste bloquée de fournisseurs à qui les entreprises BTP doivent, de gré ou de force, donner les marchés de livraison des gadgets de finition des chantiers. Au finish, une entreprise a beau être une référence, si elle doit réaliser des travaux au Togo, elle doit tenir compte de la qualité et méthodes togolaises, c’est-à-dire, la médiocrité qui est une règle d’or. C’est alors que les géants du bitumage sont souvent méconnaissables quand ils déposent leurs engins au Togo.
Parlant d’Ebomaf, l’entreprise dans son volet éclairage de ses routes bitumées n’a pas pu faire la différence avec les racoleurs locaux de tous les jours. Nous sommes mal placés, sinon il est trop tôt, de nous prononcer sur la fiabilité technique et la durée de vie des rares routes construites au Togo quelle que soit l’entreprise qui en est l’auteur. Mais, une remarque saute aux yeux dans la finition liée à l’éclairage public. On n’a pas besoin d’une expertise pour le relever. Les poteaux électriques et leurs accessoires ressemblent à de géants jouets de fin d’année placés le long des routes juste pour une saison. Comment peut-on comprendre que des poteaux électriques soient renversés par de simples accidents de moto? Comment comprendre qu’un simple vent puisse faire tomber des lampadaires, laisser tomber ou se froisser comme du papier les globes qui supportent les ampoules et parfois courber tout un poteau électrique. Les routes elles-mêmes sont étonnées des poteaux qui les éclairent. Au moins un poteau sur cinq est déjà défaillant un an après la mise en éclairage. Avant, les poteaux électriques étaient de trois sortes, le poteau en bois, le poteau en béton et celui en fer. Des générations se succèdent pendant que ces poteaux sont toujours debout. Et quand un conducteur entre en collision avec ces poteaux, c’est lui qui prend le choc, actuellement c’est le poteau qui se brise et le conducteur ne ressent même pas le choc. Sur les grandes routes éclairées au Togo, 4 lampadaires sur 5 fonctionnent, s’ils ne sont pas grillés, ils sont déjà renversés. Les feux tricolores, on ne parle pas, ils sont en « mode congés » en périodes de pluies. C’est un vrai désordre qui s’observe sur les routes. Tous le monde voit sur les rues et boulevards les poteaux couchés. C’est ça l’image d’une corruption quand elle devient institutionnalisée. Personne ne se sent interpellée, les pauvres nouveaux Maires de la décentralisation version RPT-UNIR peuvent transporter cette croix. On dira aisément que c’est leur devoir.
La Corruption a atteint un pic où, ce sont les maîtresses de la Républiques qui doivent, le plus souvent, livrer à l’entrepreneur ces précieux outils de finition des bitumages. Si rien n’est fait pour changer la tendance il sera un jour difficile de trouver une entreprise de bitumage crédible pour réaliser un chef d’œuvre au Togo. Ces entreprises aussi qui réalisent ces travaux doivent apprendre à dire non si des comportements peuvent entacher leur image internationale. Nous nous rappelons d’une rencontre avec un entrepreneur canadien. Ce dernier faisait savoir qu’il est difficile, sinon impossible, d’utiliser une attestation de bonne fin d’exécution des marchés réalisés au Togo comme référencement dans les appels d’offre des autres pays. Cet entrepreneur ne parlait même pas de la qualité des œuvres réalisées, mais il se plaignait juste des surfacturations sur les marchés publics. Dans un dossier nous vous parlions du simple au dix.
Quand les nuits l’on parcourt certaines rues de Lomé, on est tenté de demander humblement à l’Etat togolais de ne plus éclairer nos routes publiques car pour le bon fonctionnement du code de la route, il vaut mieux une route non éclairée à une route mal éclairée. Depuis la période du président Nasser, dans la ville de Caire, capitale de l’Egypte, les nuits quand un automobiliste allume ses phares, il est sévèrement verbalisé par la police. Les rues sont suffisamment éclairées et les engins ne peuvent utiliser leurs propres éclairages qu’en périphérie. Ce que nous disions peut se vérifier pour ceux qui pensent que nous sommes dans l’exagération.
Grand Mépris envers le Peuple Togolais
Trois choses l’une : soit, Mr le Président qui voyage comme un pigeon n’arrive pas à voir les bonnes choses chez les autres, soit sa gouvernance est réfractaire à tout ce qui est bien pour les populations, soit enfin, la machine des affaires publiques est tellement corrompue que rien de bon ne peut se réaliser sous sa gouvernance. Ceci nous rappelle, l’anecdote selon laquelle un cadre de notre présidence de le République appelait pour demander à un entrepreneur s’il rappelait de la part du patron sur les sous qui lui sont versés en fin des travaux de réalisation d’un immeuble récemment réalisé dans le nouveau quartier administratif. Dans un tel pays, il est loisible de croiser des immeubles construits à 09 milliards de francs CFA qu’il va falloir évacuer pour démolition à cause des défauts de qualité ou de sécurité dans l’armature. Le ronflant immeuble mort-né de la Lonato à Nikonakpoe en est une parfaite illustration. Puisqu’il est question de la route, parlons-en.
Assainissement et Salubrité publique, ou Gaspillage de Deniers publics?
Le nettoyage des rues au Togo, on se demande, à juste maux, s’il faille en rire ou en pleurer. Il existe, une entreprise qui s’occupe de la propriété des rues, mieux, de l’aspect esthétique des grands carrefours. C’est alors qu’on voit toute une kyrielle d’ouvriers, qui avec un balais, qui avec un coupe-coupe, un râteau, une brouette ou au volant d’un engin. Tout ce beau monde travaille pour donner une image à la ville. On aurait pu dire alors bravo à l’initiative ANASAP! L’ANASAP, c’est l’Agence Nationale d’Assainissement et de Salubrité Publique. Au risque d’essuyer les critiques de ceux que l’entreprise nourrit, il faut dire que pour le budget, cet travaille coûte environ six milliards de CFA annuelle au trésor public, d’autres sources parlent de plus que ça. On apprécie très bien Mr Sisyphe au flanc de sa montagne. Mais on prend pitié pour l’énergie qu’il déploie du haut de sa bonne foi. On se demande s’il finira par apporter sa pierre à la cime de la montagne. Ce travail de l’ANASAP sur nos routes est ni plus ni moins un travail de Sisyphe qui n’apporte rien de concret si ce n’est permettre à quelques administrateurs de se tailler des salaires de rêve. Sur dix rues au Togo, à peine une est bitumée ou pavée. Les chiffres de 2019 parlent de 1739 km de routes bitumées. Quand il pleut, les riverains avec leurs engins, déplacent quotidiennement le sable, la boue et tout ce qui va avec sur la sur la seule toute bitumée ou pavée du quartier. Les balayeurs de L’ANASAP reprennent chaque jour le même cycle et c’est tout un budget qui s’envole. Ce budget aurait pu servir à bitumer quelques axes supplémentaires.
Désir d’Alternance, un « Crime Punissable » au Togo des Gnassingbé…
Plus loin, on se demande comment les autres pays arrivent à bitumer les ruelles et routes de leurs différentes villes et chez nous ici si tu croises une ruelle bitumée c’est qu’au bout de l’axe il y une race d’autorité ou une maitresse de la République. L’argent que les autres pays ont pris pour bitumer leurs rues sert à quoi au Togo ? Le volet cynique est que si tu habites un quartier et qu’un mauvais génie te passe de travers pour te pousser à bitumer ou paver l’axe qui mène chez toi, tu es grillé. Les sorciers de la République t’envoient les services de renseignement. Il faut qu’on connaisse d’abord ta source de revenu et ensuite l’ambition qui te pousse à faire ce bitumage. Les plus audacieux des Togolais qui demandent la permission pour le faire croisent d’impossibles tracasseries et finalement une fin de non-recevoir. Et pourtant, dans certains pays voisins, l’effort public de l’Etat commence là où s’arrête celui du citoyen, après tout on a qu’un seul pays et chacun devrait en milieu civilisé, contribuer à son image dans la mesure de ses capacités. Ici, une caste d’incompétents paralysée de surcroît par la corruption, veut diriger à vie.
L’alternance est devenue un crime, c’est alors un crime aux autres citoyens de poser des actes qui peuvent les attirer une petite notoriété publique. C’est dans ça que nous sommes et les autres avancent nous on est assis avec notre Faure Gnassingbé qui se fait le méticuleux devoir de surveiller tout afin de sa présidence à vie.
Patrimoines détruits, Racket imposé à tout Togolais
Pour finir, il faut dire que pour Mr le Président, le fait d’avoir géré les sociétés d’Etat à perte est une responsabilité partagée. Il faut désormais faire payer à chacun l’effort de guerre à travers les péages irréfléchi, taxes et autres initiatives bidon sans oublier les prêts criminels. Tout est bon pour que la gouvernance à vie survive. Si le péage est finalement fonctionnel, demain lundi certains confrères vont saluer une prouesse de l’État, courage à eux. Ils trouveront un argument derrière le fait que ce péage est en réalité pour les gros engins qui viennent du Ghana.
Incompétence, Mauvaise Gouvernance, Corruption Institutionnalisée…
Mais pour nous, c’est un symptôme de la mauvaise gouvernance, du manque de considération pour les populations, de la corruption. Une corruption qui n’épargne désormais rien. La corruption au Togo est désormais comme quelques goûtes de pétrole dans l’eau. Tout les compartiments sont atteints. Mr le président lui-même qui a arrosé et fait grandir le fléau peut en recevoir directement ou indirectement des effets boule de neige à tout moment. Quand la corruption atteint un certain niveau, elle devient un brouillard qui enveloppe tout jusqu’au nez et à la barbe des autorités. Quand ce fléau touche toutes les affaires publiques et partout où passe l’argent dans les sociétés d’État, dans les minerais et autres milieux sensibles, les premiers responsables deviennent des bricoleurs incapables de visibilité pour prendre les bonnes décisions. Bonne chance aux riverains du péage.
Abi-Alfa
Source: Le Rendez-Vous / le rendez-vous.tg