DECLARATION
Le vendredi 27 avril 2018, à l’occasion de la commémoration du 58ème anniversaire de l’indépendance du Togo, le Chef de l’Etat, Monsieur Faure Gnassingbé, a prononcé une allocution dont le contenu, au regard du contexte de crise et de dialogue que connait le Togo, n’a pas manqué de surprendre. Cette allocution appelle de la part de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les observations suivantes :
- 1 Le message du Chef de l’Etat est cousu d’inexactitudes flagrantes et de contradictions qui en font un déni de réalité, un acte de provocation et une offense aux populations togolaises, meurtries, blessées, outragées par 55 ans d’exercice calamiteux du pouvoir de la dynastie Gnassingbé.
Faut-il rappeler à Monsieur Faure Gnassingbé que le coup d’Etat dont il est l’auteur, en février 2005, est un crime imprescriptible contre la Nation, conformément à la constitution ? Faut-il lui rappeler que pour les populations togolaises, les 55 ans de pouvoir que cumulent les Gnassingbé, ne se traduisent que par le pillage des ressources nationales et des violations graves et massives des droits humains ? Faut-il rappeler aussi que c’est une profonde contestation populaire qui le contraint à appeler l’opposition togolaise au dialogue avec l’aide d’une facilitation extérieure ?
Dans la situation où il se trouve aujourd’hui, confronté à une contestation populaire de très grande ampleur et gravement mis en cause dans l’affaire Bolloré, illustration abjecte de la mal gouvernance politique et économique qui mine le Togo, le Chef de l’Etat devrait plutôt, faire preuve d’un peu d’humilité et de respect pour le peuple togolais. - 2. Le Chef de l’Etat ne peut se proclamer favorable à la poursuite du dialogue en cours et, dans le même temps, prétendre vouloir tenir les délais électoraux légaux. Car, sa participation au dialogue lui interdit, de jure et de facto, de se préoccuper de questions électorales, notamment des délais électoraux, qui relèvent, désormais, de l’agenda du dialogue.
D’ailleurs le Président du Ghana, Nana Akuffo Addo, ne cesse de répliquer aux représentants du RPT/UNIR au dialogue, qu’évoquer les délais électoraux est un non-sens, une aberration puisque les questions électorales font partie de l’ordre du jour du dialogue et ne peuvent donc être la préoccupation du seul pouvoir en place. De même, la facilitation guinéenne a bien expliqué, avant l’ouverture du dialogue, le 19 février 2018, que naturellement, « le dialogue est suspensif de tout processus unilatéralement enclenché ».
Continuer d’évoquer une prétendue préoccupation liée au respect des délais légaux, c’est nier la mission ultime et non moins fondamentale du dialogue. C’est faire preuve de mauvaise foi. C’est prendre, comme d’habitude, l’option d’un passage en force, l’option du coup de force. - 3. A moins d’en être le commanditaire avéré, le Chef de l’Etat devrait faire amende honorable et reconnaître la réalité des mesures liberticides d’interdiction des manifestations publiques, systématiquement et sauvagement réprimées, avec des morts, des blessés graves et de nombreuses arrestations arbitraires. Faure Gnassingbé ne doit pas non plus feindre d’ignorer que les responsables de l’opposition avec les lesquels il est sensé dialoguer, sont régulièrement la cible des forces de répression, qui les pourchassent ou les assiègent en leur tirant dessus.
L’ANC en appelle à la responsabilité du Chef de l’Etat qui dans la situation de crise actuelle, devrait éviter toute attitude et tout propos de nature à créer l’escalade.
L’ANC lance un appel pressant et solennel aux populations afin qu’elles restent vigilantes et mobilisées pour déjouer les ruses et manigances du régime RPT/UNIR en vue de s’incruster éternellement au pouvoir.
Fait à Lomé, le 1er mai 2018
Pour le Bureau National
La Vice-Présidente
Maitre AMEGANVI Manavi Isabelle
ANC TOGO