Sur décision de la Confédération africaine de football (Caf), les Éperviers cadets sont disqualifiés, le samedi 9 janvier dernier, du tournoi qualificatif pour la Coupe d’Afrique des Nations (U17) prévue au Maroc. Une mauvaise nouvelle pour le Togo, pays hôte de la compétition qui suscite, depuis lors, des réactions. Parmi elles, celle curieuse de la ministre en charge des Sports, Lidi Bessi-Kama.
Rêve brisé
C’est un véritable coup de massue. Mieux, un rêve brisé par une décision aux allures apocalyptiques pour le public sportif togolais qui semblait renouer avec la joie que lui procurait le football. Après s’être offerte, à corps défendant, une brillante et convaincante qualification pour les demi-finales du tournoi UFOA-B, comptant pour les éliminatoires de la CAN U17, prévue au Maroc, les Éperviers se sont vus disqualifier suite à un test IRM (une procédure pour confirmer l’âge des joueurs), révélé positif sur deux de ses joueurs.
«Dans le cadre du tournoi U17 Lomé 2020 pour les qualificatifs de la CAN 2021, j’ai l’avantage de vous informer que la Commission d’organisation des compétitions des jeunes de la CAF a décidé (…) de disqualifier l’équipe du Togo U17», notifie, dans un courrier adressé au Secrétaire général de la Fédération togolaise de football (Ftf), Boureima Balima, le Directeur Exécutif de l’Ufoa-B. Et de justifier cette décision par l’article 27.4 du règlement de la CAF Maroc 2021 qui stipule que ” si après avoir réalisé le test d’éligibilité d’âge (Irm) pour une équipe participante, qu’un seul joueur s’est révélé non éligible, l’équipe participante sera disqualifiée”.
Incompréhensions, désolation et désapprobation….
Cette disqualification du Togo, comme l’on peut s’y attendre, passe difficilement au travers de la gorge de ces millions de togolais, éblouis par les deux sorties concluantes et convaincantes de la sélection cadette sur leur homologue du Niger et du Bénin qu’elle a respectivement battu (2-1) et (3-1). Que comprendre réellement de cette situation déshonorante pour l’image du Togo dans le domaine des Sports? À chaud, les réactions fusent, exprimant, chacune, désolation et désapprobation. Tout le monde voulait voir clair dans ce qui venait d’arriver aux Éperviers cadets.
«Ce n’est pas la première fois que nous jouons une compétition de la sélection U17. Je regrette. Mais je ne vais pas m’arrêter là. Quoi que cela peut me coûter, je suis prêt à aller jusqu’au bout. Je ne vais pas me laisser faire. Parce que pour moi, c’est de la tricherie. Il y a problème. Il faut qu’on nous explique», a martelé, agacé, le Col Guy Akpovy, Président de la Fédération togolaise de football (Ftf). Une réaction qui résume, celles de la majorité des togolais.
Le contre-pied étonnant de la ministre des sports
Malheureusement, l’on en était là quand, survient dans la foulée, une autre mais étonnante sortie qui aura laissé perplexe et pantois tout le monde. En effet, aussitôt la décision notifiée à la Ftf par la CAF, la ministre Lidi Béssi-Kama a, dans un Tweet, tenu à exprimer sa compassion aux joueurs, puis demandé que les responsabilités soient situées. «Suite à cette triste nouvelle de la disqualification de l’équipe togolaise, mes pensées vont à l’endroit de nos poulains Éperviers U17 qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes au cours de ce tournoi de l’UFOA-B. Courage à vous !», a-t-elle écrit. Et de poursuivre en annonçant que «Les investigations se poursuivent pour situer les responsabilités».
À l’analyse, beaucoup sont les observateurs qui jugent cette réaction de la ministre hâtive et s’apparente à un contre-pied à l’indignation de la ftf. Ceci, en ce sens que du haut de son statut, elle devrait observer un droit de réserve stratégique, le temps de laisser le soin aux entités techniques de la Ftf d’épuiser toutes les voies de secours. Certes, ces démarches n’empêcheront point la poursuite de la compétition sans les éperviers. Mais elle aura un mérite patriotique de la part de la ministre des Sports. Malheureusement, cela n’a pas été le cas pour la jeune ministre qui, entre l’obsession de communiquer pour marquer sa présence et gérer une communication de crise, aura finalement choisi la mauvaise approche qui s’apparente plutôt à une sorte de sabotage. Ceci, en ce sens que sa sortie met en difficulté le Togo qui parallèlement, a annoncé interjeter appel.
Gaffe ou erreur de débutante?
Dr Lidi Béssi-Kama a-t-elle agi par naïveté ou est-elle déjà tombée dans les emprise de nombreux groupes et courants qui font et défont les choses au Togo au gré de leurs intérêts? La question mérite tout son sens lorsqu’on scrute les mic-macs qui ont émaillé la période pré organisationnels dudit tournoi, notamment au sujet des tests IRM que devrait réaliser l’équipe du Togo.
En effet, à en croire le Col Guy Akpovy, le Président de la Ftf, la CAF, conformément au protocole, devrait envoyer à Lomé, un expert avant la compétition pour s’en occuper. Mais celui-ci n’est jamais arrivé, malgré les tractations de la Fédération. Et après avoir tenu informé la CAF du fait, permission a été donnée au Togo de faire superviser les résultats des joueurs sur place par des spécialistes qui nous ont déjà fait leurs preuves en la matière. Mais au final, l’expert de la CAF n’est arrivé qu’à la veille du tournoi. Et ce dernier a signifié à la partie togolaise qu’il n’a pas le droit d’interpréter les résultats des tests, mais plutôt à un panel au Caire à qui il enverrait les données. Ce qui a d’ailleurs été fait sur la base des clichés amateurs qu’il a pris avec son portable et envoyé au Caire par WhatsApp et dont la conclusion n’aura été que la disqualification du Togo.
À voir l’amateurisme ayant émaillé tout le processus du côté de la CAF, il y a donc de bonnes raisons de songer à un feuilleton clair-obscur enrobés d’épisodes insipides qui nécessitent des interrogations et une si profonde analyse avant de situer les responsabilités.
Surtout, lorsqu’on sait qu’il revient normalement à la Commission d’organisation de statuer sur la situation et non une quelconque entité.
C’est donc là que la ministre Lidi Béssi-Kama aura péché en se prononçant si vite sur le sujet. Elle aurait mieux fait d’espérer l’aboutissement complet de la procédure pour se prononcer. Sans aucune prétention de jugement de valeur porté sur sa personne, tout porte à croire, tout de même, qu’à force de vouloir marquer son terrain par une communication active, la ministre des Sports finit par pécher sur le plan communicationnel. Ce qui, malheureusement, noie le Togo, dans sa réplique.
De façon spécifique, la réaction de la ministre est à critiquer à deux niveaux. Le premier, sa sortie a été hâtive et incomplète en ce sens qu’elle a grossièrement manqué d’indiquer que cette décision de la CAF est issue d’une grosse mésentente. Le football étant avant tout un grand élément fédérateur des citoyens, la compétition qu’abrite actuellement le stade de Kegué joue actuellement le rôle de calmant des rancœurs et autres récriminations que les togolais ont accumulées ces derniers mois. Cela dit, la première bourde de la ministre débouche sur la seconde où elle n’a point été patriote. En effet, la ministre se doit d’être, avant tout, protectrice de sa fédération avant d’annoncer situer les responsabilités. Encre que la fédération a fait son IRM en 2020 et la CAF a fait la sienne en 2021. D’où la discorde qui a amené à la sanction. Mais au contraire, sa sortie a plus cloué les supporters les Eperviers que de les tempérer, comme cela se devait
Source : Fraternité