L’histoire des peuples enseigne que rares sont les révolutions qui ont réussi dès la première tentative.
La même histoire révèle également que certaines révolutions (de palais), loin d’apporter une solution durable et véritable, en permettant une alternance politique, étaient de simples artifices des initiateurs pour assouvir leurs propres fantasmes et les ambitions personnelles.
Depuis quelques semaines, l’opinion publique togolaise assiste, médusée mais prudente, à des tensions qui secouent le parti UNIR, réputé pourtant par la docilité et la loi du silence (imposées) aux cadres, militant(e)s, sympathisant(e)s et courtisan(e)s face à la mauvaise gouvernance politique, économique et sociale du Togo.
Aussi, des questions lancinantes taraudent-elles l’esprit avisé de l’opinion publique nationale.
Marguerite Gnakadè était-elle obligée de créer son propre parti politique avant d’apporter son soutien aux légitimes aspirations des Togolais(es) à la liberté, au bien-être et à la dignité ?
À l’instar des cadres du parti UNIR, Marguerite Gnakadè n’avait-elle pas choisi, librement, de travailler pour l’intérêt de la minorité pilleuse au détriment du bien-être de la majorité, de la justice et la cohésion sociale au Togo ?
Pourquoi Marguerite Gnakadè a-t-elle, volontairement et des décennies durant, travaillé à l’enracinement d’une dictature avant de décider, subitement, de la combattre ?
Quelles garanties y a-t-il quant à la sincérité des intentions de Marguerite Gnakadè de s’engager aux côtés des 8 millions des populations togolaises méprisées, affamées, martyrisées et déshumanisées par une dictature cruelle et perverse ?
À l’image de la partie visible d’un iceberg, la dissidence de Marguerite Gnakadè est-elle, l’expression d’une sincère aspiration soutenue par une majorité des cadres du parti UNIR qui, dans un sursaut de patriotisme et d’humanité, ont décidé d’aider à sauver le Togo de l’impasse politique, du chaos économique et du divorce social ?
Le combat de Marguerite Gnakadè contre les abus et dérives du parti UNIR va-t-il marquer le début d’une résistance et résilience (assumée) par les cadres et les militant(e)s du parti UNIR face au péril du tribalisme, de la discorde et de l’exclusion sociale ?
Les réticences et suspicions vis-à-vis de la défection portée par Marguerite Gnakadè contre son parti UNIR sont-elles justes et fondées ou doivent-elles se dissiper pour laisser la place à un élan de soutien et de solidarité populaire tant à l’intérieur et qu’à l’extérieur du Togo ?
Mille et une questions pertinentes sont soulevées au regard des fissures causées par les tensions (réelles ou supposées) qui traversent actuellement le parti UNIR dont les cadres et les militant(e)s ont, pourtant, la très mauvaise réputation de garder le silence et l’indifférence face aux crimes politiques et économiques et aux injustices sociales commis(e)s au sommet de l’Etat.
Gageons que les jours et semaines à venir apporteront des réponses précises aux légitimes questions qui agitent l’opinion publique nationale au sujet du degré de sincérité et de détermination de Marguerite Gnakadè et de ses allié(e)s (progressistes) qui, très probablement, sont (eux et elles aussi !) fatigué(e)s de voir, sans broncher ni s’opposer, le Togo s’enfoncer dangereusement dans l’impasse politique, la déliquescence économique et la discorde sociale.
Kokou Philippe AMÉDODJI
Belgique, le 5 juillet 2023