Dans la troisième partie de sa tribune intitulée « Lutte pour la démocratie au Togo : les leçons de l’heure », Gnimdéwa Atakpama, Délégué national aux affaires intérieures du Parti des Togolais s’adresse cette fois-ci, non à ses confrères de l’opposition mais à la jeunesse togolaise qui semble être indifférente à la situation politique du pays.
Lutte pour la démocratie au Togo : les leçons de l’heure (3/3)
« Politise tes inquiétudes et elles inquiéteront les politiques », professe-t-on souvent dans les milieux de l’empowerment.
Cela fait plus trente (30) ans que les Togolais luttent contre un régime cinquantenaire qui se transmet de père en fils.
Malgré l’énorme tribut notamment en vies humaines consenti par le peuple, le changement positif souhaité n’est pas au rendez-vous.
Au lieu de crier à l’échec, sommes-nous en mesure de tirer les leçons de trente ans d’expérience ?
Nous avons fait ensemble la revue des stratégies de l’échec programmé et l’esquisse du projet de réorientation de la lutte.
Voyons maintenant comment une jeunesse libre et déterminée peut constituer une force citoyenne qui offrira au peuple ses espérances de liberté, de démocratie et de vivre-ensemble dans l’harmonie.
On raconte que deux jeunes hommes traversaient l’océan à bord d’un paquebot brinquebalant. L’un de ces jeunes dort dans la cale, l’autre voyage sur le pont.
Ce dernier s’aperçoit que le paquebot tangue. Effrayé, il demande à un marin : « Sommes-nous en danger ? » Le marin répond : « Si la mer reste aussi mauvaise, dans une demi-heure, le navire coulera. »
Alors le jeune homme se précipite dans la cale pour réveiller son compagnon. Il lui dit : « Si la mer reste aussi mauvaise, le navire coulera dans une demi-heure ! »
Et l’autre de répondre : « Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse, le navire n’est pas à moi ! »
Voilà comment les jeunes togolais réagissent depuis quelques années. Ils sont de plus en plus indifférents.
Considérer que ce qui se passe autour de vous ne vous concerne pas signifie confier le pouvoir à ceux qui vous dépouillent de tout.
En vérité, le politicien qui vous promet des faveurs vous donne une chose, mais vous enlève tout le reste. De la main gauche, ils vous donnent un billet de 2000 FCFA et de la main droite, ils vous prennent votre droit de vivre dignement.
Comment font-ils ? En organisant la vie chère. Hier, les prix des produits de première nécessité augmentent. Aujourd’hui, c’est la flambée du prix des produits pétroliers.
Vous êtes la première victime de la dictature. Votre avenir est hypothéqué. A la place des emplois, on vous propose des sous-emplois. On vous propose de la générosité. La « générosité » n’est pas une perspective.
C’est pour cela que vous devez reprendre en main la lutte.
Pour cela, vous devez sortir du schéma partisan pour vous battre pour votre avenir au lieu de vous battre uniquement pour des partis politiques. C’est en cela que la lutte va répondre à vos préoccupations.
Certes, beaucoup feront tout pour vous faire croire que les choses ne changeront jamais et qu’il est inutile de se donner du mal pour qu’elles changent. Ne les croyez surtout pas. Au contraire, c’est parce qu’on ne s’engage pas que les choses fonctionnent ainsi.
Pour conclure, voici un poème de Edgar Guest intitulé C’était impossible :
« Il y a des milliers de gens pour te dire que c’est impossible ;
Il y a des milliers de gens pour te prédire l’échec ;
Il y a des milliers de gens pour te montrer du doigt un par un,
Les dangers qui t’attendent.
Mais boucle ta ceinture avec un petit sourire,
Enlève ta veste et lance-toi ;
Attèle-toi à la tâche en chantonnant.
C’est impossible et tu y arriveras. »
Gnimdéwa Atakpama
Délégué national aux affaires intérieures
Parti des Togolais
Lomé, le 14 juin 2021