Sous Faure Gnassingbé, le Togo n’avait connu qu’un ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles. Il s’agit de M. Solitoki Magnime Esso. C’était l’une des surprises à l’annonce du gouvernement du Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu le 17 septembre 2013. Et depuis, ce poste n’a plus apparu dans les décrets portant composition des différents gouvernements. Mais à la lecture des budgets de l’Etat, on découvre que quelques dizaines de millions de francs CFA sont alloués à ce ministère caché à la Présidence de la République.
« Si quelqu’un a compris la gouvernance de Faure Gnassingbé, c’est qu’il a déjà trouvé des réponses précises à tous les questionnements philosophiques », ironise un observateur. Et pour cause. Il se passe des choses bizarres dans la République togolaise. Tout ce qui semble illégal devient la norme et tous les citoyens s’en accommodent : cumul de fonctions, création de postes de complaisance, non renouvellement des membres des institutions de la République arrivés en fin de mandat, intérim prolongé de fait, retraités toujours en poste, etc. Passons !
En effet, à la fin du décret portant formation du gouvernement du 17 septembre 2013, il avait été annoncé : « Le ministère de la Santé est rattaché provisoirement à la Primature. Le ministère de la Défense et des Anciens Combattants est rattaché à la Présidence de la République. M. Solitoki Magnime Esso est nommé Ministre d’Etat, chargé des Affaires Présidentielles ». L’ancien ministre avec Eyadema et avec Faure Gnassingbé était redevenu ministre d’Etat dont la mission était de gérer les « affaires présidentielles ». A l’issue de la présidentielle de 2015, le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu avait remis la démission de son gouvernement et M. Sélom Komi Klassou fut nommé quelques jours plus tard. L’équipe gouvernementale de ce dernier était composée de 23 membres. Seul le ministère de la Défense et des Anciens Combattants était rattaché à la Présidence de la République. Le ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles a naturellement disparu. Même constat dans le décret portant formation du gouvernement post-élections législatives de 2018 et dirigé toujours par M. Klassou.
Quand le chef de l’Etat a procédé, le 1er octobre 2020, à la nomination, par décret et sur proposition du Premier ministre, Mme Victoire Sidémého Tomégah-Dogbé, des 30 membres de la nouvelle équipe gouvernementale, aucune allusion n’est faite au ministre d’Etat, chargé des affaires présidentielles. En clair, depuis la parenthèse 2013-2015, Faure Gnassingbé n’a plus nommé un ministre d’Etat, chargé des affaires présidentielles. Aucun décret n’a annoncé officiellement la reconduction de M. Solitoki ou la nomination d’une autre personne à ce poste comme ce fut le cas au soir du 17 septembre 2013. Mais ce ministère est toujours présent au budget. Comment peut-on continuer à payer quelqu’un comme ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles alors qu’il n’a pas d’existence légale et que dans le même temps, un budget est alloué en bonne et due forme aux conseillers de la Présidence ? Question pour les aèdes de « Gouverner autrement » !
Dans la loi des finances 2023, sur les 26.712.760.000 alloués à la Présidence de la République, un budget qui dépasse de loin ceux de plusieurs ministères, quelques dizaines de millions sont affectés au cabinet du ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles. Pour son hôtel, il est prévu 1.848.000 FCFA. Pour les charges de personnel, 30.000.000 seront dépensés. En ce qui concerne les « achats de biens » (matières, matériel et fournitures stockables), 10.560.000 sont prévus. Bref, le fameux ministre d’Etat, chargé des Affaires présidentielles va coûter 42.408.000 F au contribuable togolais. Que fait-il concrètement ? Aucune idée.
J.D.