Selon des notes diplomatiques américaines divulguées par Wikileaks et visibles mercredi 29 décembre sur le site du quotidien espagnol El Pais, près de 30 millions d’euros auraient été détournés de la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) à son profit par le défunt président gabonais Omar Bongo. Une partie de ces fonds aurait aussi profité à des partis politiques français.
Cette information a été donnée quatre jours après la mort de M. Bongo, en juin 2009, par un haut fonctionnaire de la BEAC à un diplomate de l’ambassade américaine au Cameroun, précise le journal. Selon la même source, « les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l’argent à des partis politiques français ». L’argent aurait profité « aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à Chirac mais aussi Sarkozy ».
« DES MALVERSATIONS ENCORE PLUS LARGES »
Selon le câble datant de juillet 2009, le gouverneur de la BEAC, le Gabonais Philip Andzembe, avait placé en secret 500 millions d’euros dans un investissement à haut risque de la banque française Société générale.
Après que ce placement non autorisé eut été rendu public, un audit de la BEAC a été mené et « a révélé des malversations encore plus larges et plus audacieuses, liées à la hiérarchie des officiels gabonais », a indiqué le fonctionnaire à l’origine de cette information. « L’enquête interne a montré que 36 millions de dollars (environ 28 millions d’euros) ont été détournés via des chèques à des hauts responsables du Gabon », a-t-il dit.
ENQUÊTE EN COURS
Le clan au pouvoir au Gabon, « dont le défunt président Omar Bongo et son fils Ali, ministre de la défense et candidat à la présidence (élu depuis à la tête du pays), a bénéficié du détournement de fonds », indique le document.
« Cette ambassade n’est pas en mesure de vérifier la véracité de l’accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds », se contente de conclure le câble, signé de l’ambassadrice américaine au Cameroun à l’époque, Janet Garvey. Une enquête est en cours en France sur le patrimoine dans l’Hexagone de trois présidents africains et de leurs proches, dont Omar Bongo, à la suite d’une plainte de Transparency International, une ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.
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