« Une élection sans fraude, c’est un court-bouillon sans piment », Proverbe créole
Le dépôt des candidatures s’est terminé hier. Sous réserve que tous les aspirants aient concrétisé par des dépôts formels de leurs dossiers à la CENI, la particularité est le nombre de candidatures déclarées. C’est à croire que la présidentielle à la togolaise serait devenue une foire où n’importe quel quidam peut prétendre à la magistrature suprême. Soit. Mais encore faudra-t-il que tous les aspirants, par souci de transparence, jurent de tout mettre en oeuvre pour une certaine transparence du scrutin. A commencer par le respect de l’article 102 rénové du Code électoral qui, à lui seul, défriche le terrain pour débusquer les candidats de mauvaise foi.
« …Les membres du bureau de vote reçoivent chacun une copie du procès-verbal des résultats. Le président du bureau de vote délivre copie signée des résultats affichés aux délégués des candidats. Au vu des procès-verbaux des bureaux de vote relevant de son ressort, la CELI ou la CEAI effectue au fur et à mesure le recensement des votes et en publie les résultats au plus tard deux (02) jours après le scrutin. A la fin de la compilation de tous les résultats des votes, le président de la CELI ou de la CEAI rédige un procès-verbal signé par les autres membres qui y portent, le cas échéant, leurs observations, réclamations ou contestations. Les résultats sont affichés au siège de la CELI ou de la CEAI… ». Voilà un article impersonnel qui doit recueillir l’assentiment de tous les candidats. Mais si par malheur, un président de CELI ou de CEAI, fût-il magistrat, venait à ne pas se plier à cet article du Code électoral, on veut croire que tous les candidats exigeront que les résultats de la CELI sous sa juridiction soient intégralement publiés. Il ne s’agira pas de donner un résultat global, loin de là, mais de rendre publics les résultats de chaque bureau de vote 48 heures au plus tard après le scrutin. Car seule la CENI sera autorisée à publier les résultats globaux des CELI ou CEAI.
L’avantage pour cet article est clair et simple : que tout candidat ayant des délégués dans les bureaux de vote ait la possibilité de vérifier que le vote des électeurs a été respecté dans la proclamation des résultats. Et ce faisant, la CENI ne sera pas taxée d’être complice de quelque candidat que ce soit.
Les élections au Togo ont souvent été synonymes de suspicions, de fraudes, de répressions, d’achats de consciences et d’autres attributs peu vertueux. Et pourtant, on rebat les oreilles des populations avec les notions de transparence, de paix et de liberté. 2020 coïncide avec le 60ème anniversaire de l’accession à la souveraineté internationale du Togo. Et la meilleure preuve des candidats qui n’aiment pas voir couler le sang, serait de faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de faire souffrir l’élection présidentielle de 2020 d’un excès de transparence.
Mais lorsque des actes de militants d’un parti politique, de présidents de CELI ou de tout réfractaire aux vertus démocratiques doivent encore entacher ce nouveau scrutin, il est à craindre des lendemains incertains. Et ce serait une tâche qui marquerait les 60 ans d’indépendance du Togo. Pendant qu’on y est, ils sont encore combien en Afrique de l’ouest, ces pays qui fêtent leur anniversaire d’indépendance où l’alternance se conjugue avec l’immobilisme au sommet de l’Etat comme au Togo?
Godson KETOMAGNAN
source : Liberté