Mercredi, des militaires putschistes annoncent à la télévision nationale avoir renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum. Des milliers de personnes manifestent devant l’ambassade de France à Niamey ce dimanche. France Bleu vous explique.
Le président du Niger a été renversé par un coup d’État militaire le 26 juillet 2023, et le pays est l’un des derniers alliés de Paris au Sahel. Emmanuel Macron présidait ce samedi après-midi un Conseil de défense et de sécurité nationale sur le Niger, où 1.500 soldats de la France sont actuellement déployés et travaillent jusqu’ici avec l’armée nigérienne. Le président de la République « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger, et Paris répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir l’Elysée ce dimanche, alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey en soutien aux militaires putschistes. France Bleu vous explique.
Que s’est-il passé ?
Mercredi 26 juillet, des militaires putschistes annoncent à la télévision nationale avoir renversé le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement élu en 2021. Depuis, le président est séquestré dans sa résidence par des membres de la garde présidentielle. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011 et à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays. Proclamé ensuite chef de l’État par ses pairs, il a justifié le coup d’État de mercredi par » la dégradation de la situation sécuritaire » dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes.
Mohamed Bazoum entame ce dimanche sa cinquième journée de séquestration dans sa résidence présidentielle, mais a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’État, parmi lesquels Emmanuel Macron. La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de minuit à 5h du matin.
Des milliers de personnes manifestent devant l’ambassade de France dimanche à Niamey, certains d’entre eux insistant pour y entrer, a constaté un journaliste de l’AFP lors d’un rassemblement de soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum au Niger. D’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigérien. « Vive Poutine », « vive la Russie », « à bas la France », crient des manifestants. « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », a indiqué l’Elysée. Entre 500 et 600 ressortissants français se trouvent actuellement au Niger, selon le Quai d’Orsay.
Pourquoi le pays est un enjeu important pour la France ?
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient donc le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’État depuis 2020. Face à l’avancée des jihadistes, les juntes ont pris le pas sur des démocraties jugées inefficaces et corrompues par une partie des populations sahéliennes. Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.
Le Niger est l’ultime pivot du dispositif antijihadiste français dans la région. Auparavant essentiellement une base de transit pour les opérations au Mali, dont la force Barkhane s’est retirée, il est le seul pays africain avec lequel la France entretient encore un partenariat dit « de combat » contre les jihadistes. Emmanuel Macron a condamné » avec la plus grande fermeté » le coup d’État, le ministère des Affaires étrangères indiquant que la France » ne reconnaît pas les autorités » issues du putsch. À l’issue d’un conseil de défense, la France a annoncé la suspension « avec effet immédiat, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger ».
Quelles sont les réactions internationales ?
L’Union africaine a exigé le rétablissement sous quinze jours de « l’autorité constitutionnelle » au Niger et « le retour immédiat et sans condition des militaires dans leurs casernes » dans le même délai. L’Union européenne de son côté « ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch ». Outre la suspension de toute aide budgétaire, toute « coopération dans le domaine sécuritaire est suspendue sine die avec effet immédiat », a indiqué le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait assuré le président élu Mohamed Bazoum de « l’indéfectible soutien » de Washington lors d’un appel téléphonique. Les États-Unis comptent environ un millier de soldats sur place. Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis ce dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ».
Francebleu