Six mois après la cérémonie de remise de chèque, les trois entreprises togolaises bénéficiaires des financements issus du Forum économique Togo Union Européenne (FETUE) sont toujours sans sous. Natuthé, Africa Yvette et Artech Togo n’ont pas reçu un franc et sont gagnées par l’inquiétude.
A l’occasion de la première édition du Forum économique Togo-Union européenne (FETUE), des sommités du monde économique et financier ont été invités. On peut citer, entre autres, le Commissaire à l’emploi et à l’investissement de l’UE Jyrki Katainen, Mario Pezzini (Directeur du Centre de Développement de l’OCDE), l’ancien Directeur Général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss Kahn, Carlos Lopes, ancien Secrétaire Exécutif des Nations Unies, président de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), et Etienne GIROS, président de l’European Business Council for Africa (EBCAM) également président Délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). Le milliardaire nigérian Aliko Dangote et l’ancien Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou étaient également présents.
Et pendant deux jours, les panelistes ont discuté des opportunités d’investissements qu’offre le Togo. Devant près de 300 investisseurs, le chef de l’Etat a déclaré que « le forum est la meilleure traduction de la convergence de vue entre la Commission Européenne et le gouvernement togolais sur la nécessité de consolider les liens en œuvrant ensemble à promouvoir davantage l’investissement et la création d’emplois ». Il a ajouté : « Nous marquons aujourd’hui avec ce forum une étape majeure dans cette ère de renouveau entre l’Union Européenne et le Togo ».
Un an après, les retombées de ce forum ont commencé par être observées. C’est ainsi que le 23 juillet 2020, une cérémonie de signature d’un protocole d’accord tripartite entre le gouvernement togolais, le patronat et la Bank of Africa (BOA) s’est déroulée au palais de la Présidence de la République. « Cet accord qui intervient dans un esprit de consolidation d’un nouveau partenariat public-privé entre les trois entités, contribuera à la mobilisation de 412 millions de FCFA en faveur des entreprises togolaises », écrit la présidence de la République qui précise qu’en marge de cet accord, il y a eu une cérémonie de remise symbolique de chèques d’une valeur totale de 412 millions de FCFA par la BOA à trois entreprises nationales à savoir Africa Yvette, Artech Togo et Natuthé. La première entreprise a eu 150 millions francs CFA, de même que la troisième. La seconde, Artech Togo, a eu droit à un chèque de 112 millions francs CFA.
Pour se voir désigner parmi les 140 entreprises pouvant bénéficier des financements issus du FETUE, les entreprises ont bataillé dur. Il fallait d’abord élaborer un projet bancable, le soumettre aux investisseurs et les convaincre de sa réussite. Pour les trois premières entreprises ayant reçu les chèques, il a nécessité plusieurs semaines voire des mois de travail acharné. Des cabinets spécialisés dans la rédaction des projets ont été recrutés, à coût de millions. « Nous estimons que les trois entreprises ont fait ce qui était de leur devoir pour convaincre les investisseurs d’injecter de l’argent dans leurs projets », explique une source.
Mais depuis 6 mois, les chèques remis aux entreprises sont restés à l’étape de symbole. Dans les caisses de ces entreprises, c’est le rouge. Et pour cause, à la fin de la cérémonie de remise, il a été demandé aux entreprises de patienter deux semaines pour toucher les fonds. Ces deux semaines écoulées, il est demandé à Africa Yvette, Artech Togo et Natuthé de fournir des titres fonciers équivalents aux montants du financement. Ce qui a été fait. De formalités en formalités, les bénéficiaires de ce financement ont attendu jusqu’à décembre 2020. A cette date, il leur est notifié qu’elles seront bientôt contactées pour toucher les fonds. Jusqu’à cette dernière semaine de janvier 2021, aucune de ces entreprises n’a été en possession des millions à elles allouées grâce à l’Union européenne. Même les démarches à l’endroit des ministres Sandra Ablamba et Kodjo Adédzé n’ont rien donné. C’est toujours l’impasse. « D’où vient le blocage ? », s’interroge-t-on dans les entreprises.
G.A. / Liberté