Ah affaire de promotion des femmes ! Cette histoire a franchi même les frontières du 228. Le jeune président togolais a-t-il suscité la candidature de son égérie au sein du parti de Boni Yayi, Les Démocrates (LD) pour la présidentielle du 11 avril prochain au Bénin ? En tout cas, au sein du parti et dans le pays, les supputations vont bon train. Après plusieurs conciliabules, c’est en effet, la conseillère très très spéciale de Faure Gnassingbé, ReckyaMadougou qui a été choisie comme candidate à la présidentielle avec comme colistierPatrick Djivo.
Au grand dam de certaines figures comme Irénée Agossa qui dénoncent l’influence d’un chef d’Etat étranger dans le processus de désignation. Même si le nom de chef d’Etat en question n’a pas été mentionné, certains ont vite fait le lien avec Faure Gnassingbé. Suspendu dans la foulée pour ses prises de position par Les Démocrates, Irénée Agossa a déposé lui aussi sa candidature. Tout comme le tandem Joël Aïvo-Moïse Kérékou. Du coup, la jeune formation politique de Boni Yayi créée il y a un an, vole en éclats. Comme si elle a été dynamitée.
Dans tout ça, c’est dame Reckya Madougou qui se fait cogner de toutes parts, autant au Togo qu’au Bénin. Perçue comme une « candidature parachutée », l’égérie de Faure Gnassingbé a chaud devant et derrière.
« Ce ne sont pas les interventions sur les réseaux sociaux, les chaines de télé, le charme, la beauté ou l’élégance qui font un candidat, fût-il une candidate dans un pays comme le Bénin. C’est plus complexe que cela, à moins de faire une balade de santé », tacle un confrère de l’autre côté. « Comment soutenir le régime togolais, pas plus démocratique, et exiger un espace démocratique à l’autoritaire Patrice Talon ?» s’interroge-t-il.
Un leader d’opinion au Togo parle d’un duel « Patrice Talon contre Faure Gnassingbé » pour la présidentielle du 11 avril. « Divisée, l’opposition béninoise n’a pu se réunir autour de ReckyaMadougou, la candidate aux gros moyens togolais ; ressources financières, matérielles et humaines confondues », écrit-il. Et de renchérir : « Déjà bruissent les réseaux sociaux de tous les commentaires, aussi épicés les uns que les autres, du rôle de la France à celui du Togo et de Faure Gnassingbé, le rôle des présidents Thomas Yayi Boni et Emmanuel Macron décidés à prendre leur revanche sur Patrice Talon ».
L’autre principal grief porté contre dame Madougou est lié à la duplicité, à la tartuferie de la perle de Faure Gnassingbé qui est dévouée corps et âme à la dictature au Togo et joue au même moment au parangon de vertu et de la démocratie à son Bénin natal.
Cedeao : Le syndicat garde la main sur le club
Elu président de la Rd Congo il y a tout juste deux ans, Félix TshisekediTshilombo vient d’être porté à la tête de l’Union Africaine lors du 34è sommet ordinaire tenu samedi par visioconférence. Il succède ainsi au Sud-africain Cyril Ramaphosa. En 2020, Tshisekedi était le Vice-président de l’institution. C’est assez rare de voir un président fraichement accéder au pouvoir être élu à la tête de l’Union Africaine. Félix Tshisekedi a placé sa mandature sous le sceau d’une Union Africaine au service du peuple africain. Pendant ce temps, le « jeune doyen » attend désespérément d’avoir une telle chance pour tenter de ripoliner son image. Mais qui connaît « Gbaguidi » à Aného ?
Dans la CEDEAO, le jeune président Bissau-Guinéen UmaroSissocoEmbaló élu il y a un an, a aussi tenté sa chance pour présider l’institution communautaire. Mais le syndicat des chefs d’Etat en a décidé autrement. Alors que la présidence de la CEDEAO est tournante, les chefs d’Etat préféré reconduire Nana Akufo-Addo que de porter leur choix sur le jeune fougueux UmaroSissocoEmbaló qui était en compétition avec le président ghanéen.
Les membres du syndicat auraient-ils peur de se faire bousculer dans le club ? Umaro Sissoco Embaló qui se targue d’être un démocrate est connu pour n’avoir pas sa langue dans sa poche. Il dit haut ce que tout le monde pense bas. Farouchement opposé au syndrome du troisième mandat, le jeune président bissau-guinéen avait jeté un froid glacial parmi ses pairs lors d’une réunion des chefs d’Etat de la CEDEAO en août 2020 en assimilant à des coups d’Etat la folie du troisième mandat. Faure Gnassingbé, Alpha Condé et Alassane Ouattara ont dû avoir leurs mines des mauvais jours.
« Aucun président ne doit se penser irremplaçable. Alpha Condé et Alassane Ouattara sont mes homologues et j’ai beaucoup de respect pour eux. Mais je pense que nous devons respecter la Constitution. Et aussi qu’au-delà d’un certain âge, par exemple 80 ans, il est compliqué d’exercer le pouvoir. L’Afrique ne devrait plus avoir affaire à des Mugabe », a-t-il tranché dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Le syndicat a joué à la carte de la prudence. Les membres ont voulu faire confiance à celui qu’ils connaissent mieux que de remettre la CEDEAO entre les mains d’un « OVNI » comme ils qualifient leur homologue bissau-guinéen.
source : Liberté N°3322 du 08-02-21