. Les inscriptions pour la formation interdites dans les auto-écoles
A 15 jours du délai accordé aux motocyclistes pour se conformer à la mesure rendant obligatoire le permis de conduire, le gouvernement interdit les inscriptions pour la formation à la conduite. Une mesure qui crée la confusion puisque rien n’est dit pour situer les uns et les autres.
L’annonce a été faite à la mi-août 2019 lors du traditionnel bilan du ministère de la Sécurité et de la Protection civile sur la sécurité dans le pays. A partir du 20 septembre prochain, le permis de conduire de type A sera obligatoire pour tous les conducteurs d’engins à deux roues. La mesure, selon le ministre Yark Damehame, devrait contribuer à réduire le nombre d’accidents de la route qu’enregistre le pays. « Beaucoup d’accidents viennent du fait que l’usager ou l’intéressé ne connaît pas le code de la route », a-t-il déclaré avant de rappeler : « Les motocyclistes ont jusqu’au 20 septembre 2019 pour passer et obtenir leur permis de conduire. Faute de quoi, leurs engins se feront saisir pendant les contrôles routiers et ils ne retireront qu’après avoir présenté leur permis ».
Quelques jours après cette annonce, le ministre a donné plus de précision sur la mesure rendant obligatoire le permis de conduire de type A. « Le 20 septembre nous commençons le contrôle et la vérification des pièces et permis de conduire pour les motocyclistes. Mais à partir du 1er décembre 2019, il y aura contrôle et sanction. Tu n’as pas ton permis de conduire, à partir de cet instant là, c’est-à-dire le 1er décembre, on gare ta moto quelque part et tu rentres à la maison », a-t-il martelé.
Dans l’opinion, la décision a de la peine à être acceptée. Non pas parce que les conducteurs de moto y sont contre. Au contraire, la nécessité d’un permis de conduire pour tout conducteur fait l’unanimité, mais ce qui dérange, c’est le court délai accordé aux motocyclistes pour se conformer. De nombreuses organisations ont ainsi déploré que la trentaine de jours ne puissent suffire. « Cependant, elle fait quand même observer qu’en raison du nombre élevé des conducteurs de motos, le délai accordé aux Togolais pour se conformer à la nouvelle donne s’apparente à une pure comédie », écrit Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo.
Contre toute attente, un communiqué du Directeur des transports routiers et ferroviaires, Delato Kokou Agbokpé vient compliquer la situation. Dans une note à l’attention des centres de formation à la conduite auto-moto, il annonce que « le gouvernement a pris la décision de procéder d’abord à la définition et à l’élaboration du contenu de cette formation avant de confier cette noble et lourde responsabilité aux moniteurs ». Plus important encore, « il est formellement interdit aux auto-écoles de recevoir les inscriptions relatives à la formation pour l’obtention du permis de conduire catégorie A ».
A la lecture de ce communiqué, on est saisi d’étonnement que depuis plusieurs années, les autorités n’aient jamais pensé à la rédaction d’un tel document. Et c’est après la décision, sur un coup de tête, du Général Yark Damehame que la définition et l’élaboration du contenu de la formation se sont imposées. C’est la parfaite illustration de l’amateurisme qui a été toujours reproché au régime cinquantenaire des Gnassingbé. Cette situation révèle, en effet, que le gouvernement navigue à vue et se retrouve constamment dans la réaction. Rien n’est planifié. C’est comme construire le plafond d’une habitation avant de décider des dimensions et de la forme à donner à la fondation. Après la pose des différents membres, on se rend compte que le plafond est trop petit ou trop grand. Il faut alors le reprendre. C’est ce qu’implique la note du Directeur des transports routiers et ferroviaires.
Maintenant que les formations sont interdites, que deviennent les dates du 20 septembre et du 1er décembre 2019 ? Là aussi, le gouvernement a manqué de fonctionner comme une entité crédible. Pour un exécutif organisé et structuré, la note devrait prendre en compte le délai accordé aux motocyclistes pour se mettre à jour. A défaut d’un communiqué ou arrêté interministériel, Yark Damehame devrait réagir suite à la note émanant du ministère en charge des transports pour situer l’opinion. Depuis 48 heures, rien n’est fait. C’est aussi ça la gouvernance sous Faure Gnassingbé.
G.A.
source : Liberté