Lorsqu’une centrale syndicale qui doit son existence aux différents syndicats qui la composent se détourne de son devoir en affirmant qu’on ne peut pas dire aux enfants qu’il y a le canard dans le sac du vieux, lorsqu’un ministre supposé de la Fonction publique donne rendez-vous à des travailleurs qui fondent son existence, mais se défile sans plus désirer recevoir ceux-ci, alors l’employeur se voit en territoire conquis et se permet tous les excès envers ses employés.
A la Société de fabrication des nattes (SOFANAT), 170 travailleurs ont été abusivement licenciés par l’employeur. Leur crime ? Avoir suivi les instructions de leur syndicat qui demandait que des discussions préalables soient menées suite à la déclaration du chef de l’Etat qui, le 1er avril 2020, avait déclaré l’Etat d’urgence et le réaménagement des horaires pour lutter contre la Covid-19. A la SOFANAT, la direction avait, dès le lendemain, rallongé les horaires de 8 heures de travail à 12 heures avec effet immédiat. En clair, le groupe qui était venu le 2 avril la matinée et devrait partir à 14 heures, avait reçu l’ordre de continuer jusqu’à 18 heures, sans pause, tandis que ceux qui étaient venus prendre la relève du premier groupe avaient trouvé portes closes. Mais parce que le syndicat et les délégués n’avaient pas obligé les travailleurs à obtempérer, 170 agents avec des responsabilités familiales ont été laissés sur le carreau.
Bien que contraints par l’employeur, ceux-ci avaient rédigé une demande d’excuse. Mais l’employeur a trouvé que les demandes étaient identiques et a maintenu sa décision. Et c’est dans cette situation que la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) et le ministre ont abandonné ces citoyens, en pleine période de Covid-19. Mais si Gilbert Bawara, ministre du Travail et de la Fonction publique s’est permis de dire que même Faure Gnassingbé ne pourra rien pour ces employés, c’est grave. Ci-dessous la déclaration liminaire.
Déclaration
Dénonciation du silence de l’administration du travail dans cette crise pandémique ou l’employeur SOFANAT de la zone franche togolaisea licencié 170 travailleurs et de façon abusive ;un silence, vis-à-vis de la demande du dialogue social des travailleurs et une mauvaise compagnie de la confédérationsyndicale des travailleurs du Togo (CSTT)
Messieurs, Mesdames,
L’Employeur SOFANAT, aurait-il déboursé un moyen pour payer le silence et la mauvaise compagnie de certains partenaires sociaux de la relation du travail dans cette crise, en défaveur des travailleurs victimes ?
Vous aurez en souvenance que pour répondre à la gravité de la propagation de la COVID-19 au Togo, le Chef de l’Etat avait effectué une sortie médiatique le 1er Avril 2020 pour annoncer au peuple, les mesures de riposte du gouvernement, lesquelles mesures comprenaient un temps de couvre-feu engendrant une réorganisation du travail dans certaines entreprises.
Pour la réussite de cette réorganisation, le Ministère du travail, la Direction Générale du Travail, le Patronat et les Centrales Syndicales, par plusieurs communiqués suite à une série d’assises, avaient demandé que soit intensifié le DIALOGUE SOCIAL au niveau de chaque entreprise.
Mais paradoxalement le 02 Avril 2020, la Direction de la SOFANAT avait décidé unilatéralement de rallonger la journée de travail de 08 heures à 12 heures (jour comme nuit) sans pause.
Cette décision subite imposée avec un caractère de prise d’effet immédiat, n’avait pas été accueillie favorablement par les travailleurs qui n’étaient pas préparés pour l’exécution immédiate du rallongement.
Le Directeur Général Adjoint de la SOFANAT était parti renvoyer de l’usine tous les ouvriers qui étaient aux postes et devaient finir à 14 heures. Le Chef du Personnel quant à lui, était parti au portail de la société pour bloquer l’accès au service à l’équipe qui était arrivée pour remplacer celle du matin.
Pour trouver un dénouement à la crise, les Délégués du personnel s’étaient organisés pour aller discuter avec le Chef d’usine, mais contre toute attente, le Directeur Général Adjoint du service avait instruit la sécurité du service de les expulser de l’enceinte de l’entreprise.
Malgré les interventions du syndicat USYNTRAZOFE auprès de la Direction SOFANAT pour plaider la relance du Dialogue et la reprise des activités, la position de l’employeur SOFANAT n’avait pas changé.
La situation entrainant des attroupements quotidiens à l’entrée de la société avait amené l’implication du Commissariat Central qui avait invité les parties en conflit à demander l’ouverture expresse du Dialogue afin qu’il n’y ait plus des attroupements, instruction que la SOFANAT n’avait pas eu à considérer.
Le 06 Avril 2020, les Délégués du personnel et syndicaux avaient eu à saisir par écrit la SAZOF qui depuis lors n’avait réagi.
La Direction Générale du Travail saisie à son tour par les Délégués du personnel et syndicaux, avait invité les représentants du personnel et l’employeur le 10 Avril 2020 pour une séance de travail qui avait connu un échec par défaut de comparution de l’employeur.
Après avoir balayé du revers de la main le DIALOGUE SOCIAL recommandé par la Concertation ETAT-PATRONAT-SYNDICAT dans cette période de la Covid-19, la Direction de la SOFANAT s’était permis de défier l’autorité de l’administration du travail en refusant de répondre aux invitations. Le lendemain, la SOFANAT avait mis au carreau de façon abusive, 170 travailleurs. Face à cette situation, la Direction Générale du Travail avait produit un rapport à son Ministre de tutelle.
En dehors de ce rapport du Directeur Général du Travail, les Représentants du personnel avaient également saisi le Ministre par courrier en date du 06 Avril 2020.Un mois de silence sans aucune suite du Ministre du travail, l’USYNTRAZOFE avait à son tour saisi le Ministre du dossier par courrier en date du 05 Mai 2020.
Messieurs et Mesdames, suite à ces parcours, le Ministre du travail avait au finish convoqué les Délégués du personnel et Syndicaux le 27 Mai 2020 dans son Cabinet avec la présence du Directeur Général du Travail.
Au grand étonnement des travailleurs, le Ministre avait rejeté tout le tort aux Délégués de s’être mal comportés dans la crise « en n’ayant pas demandé l’assistance d’un inspecteur, en n’ayant pas saisi son Ministère, en n’ayant pas accepté les modifications d’horaires décidées par l’employeur et que c’était par les réseaux sociaux qu’il avait appris le problème avant de les inviter ». Et il avait eu à ajouter qu’il avait écouté beaucoup de personnes sur le problème avant de les recevoir.
Pour conclure, le Ministre avait déclaré que les Délégués avaient conduit les travailleurs dans une aventure irresponsable, qu’il n’avait pas lui de solution pour les 170 travailleurs licenciés et que le Chef de l’Etat même ne pouvait non plus obligerl’employeur à les réintégrer. Puis il avait demandé aux Délégués d’aller réfléchir pour lui revenir avec des propositions de solutions. Et le rendez-vous suivant avait été fixé sur le 29 Mai 2020.
Depuis lors, Chers frères et sœurs togolais, nous vous avouons que le rendez-vous annoncé n’avait plus eu lieu pour des raisons d’occupations continuelles de l’agenda du Ministre, selon la Direction Générale du Travail malgré les lettres de demande d’audience adressées par l’USYNTRAZOFE au Directeur Général du Travail et au Ministre.
Les Centrales syndicales du Togo aussi saisies pour leurs soutiens, avaient mandaté la CSTT qui malheureusement, avait pris la position pour l’employeur et en accusant les Délégués et l’USYNTRAZOFE sur toutes les lignes du déroulement de la crise.
Que reproche-t-on exactement aux travailleurs et à l’USYNTAZOFE ?Que devons-nous comprendre si la Centrale syndicale CSTT tenait comme propos :« Si les travailleurs avaient aussi de l’argent pour corrompre jusqu’au Ministre ? Que l’Employeur est un titan qu’un petit véhicule ne pas affronter. Que si les travailleurs disposent de l’argent pour se trouver un bon avocat bien chevronné et venu de l’étranger. Que depuis quand avons-nous vu un procès aboutir dans ce pays ?».Que cache la CSTT en disant qu’on ne peut pas dire aux enfants qu’il y a le canard dans le sac du vieux ?
Messieurs et Mesdames, dites-nous réellement la faute grave commise par les travailleurs dans cette crise,
– pour avoir en face le Bloc EMPLOYEUR-SYNDICAT-ETAT,
– pour mériter le silence du Ministre du Travail malgré les démarches de saisine de son instance,
– pour mériter au niveau du Ministère du travail, l’oubli des dispositions règlementaires en matière de règlement de conflit collectif ?
Gouvernement togolais, Elus parlementaires, Autorités religieuses, Organisations de défense de droits de l’homme, Organisations des travailleurs, vous avez des fils togolais qui font déjà sept (07) mois à la maison sans salaires, par ce que abusivement licenciés.
Nous attendons vos soutiens multiformes pour que l’Etat puisse rendre sa décision.
Nous vous remercions.
source : Liberté