« D’épais et noirs cumulonimbus obscurcissent le ciel de la forêt Orange. Un long glaive de la Couronne transperça les côtes ventilateurs du noyau de l’éléphant qui s’écroule et y succombe. La forêt est alertée après un long temps de silence consécutif aux vaines tentatives de sauver l’ogre. Ceci se passe ce jour de sabbat. 15 nuit et jour avant ou 15 jour et nuit après la naissance du Roi de l’ère du poisson. Le souffle de la débandade apportera du septentrion un Héritier nouveau. Il accomplira l’écriture dans un éphémère tourbillon.
Comprenne qui a la sagesse. » LOL
Cela m’arrive parfois de me livrer à des projections éjectées de mes glandes spinales pour la gouverne d’une humanité en proie à des mystères. Souvent, elles forcent le destin. C’était une catachrèse de profondeur.
J’ai sciemment gardé le silence depuis le 5 septembre où le désormais ancien Président de la Guinée, Alpha Condé à été royalement humilié par les siens dans un coup d’Etat qui plongera ce très riche pays dans un nouvel imbroglio.
Tant les nouveaux maîtres ne semblent pas maîtriser une situation déjà complexe, tant les intérêts en jeu aiguisent des appétits multiples, tant les acteurs politiques professionnels se réjouissent du bout des lèvres espérant religieusement reprendre la situation en main, tant la communauté internationale empoigne avec la plus grande prudence le dossier Guinéen, histoire de connaître et de comprendre les forces d’intérêt en jeu. Je rompt donc le silence.
Dans certains entretiens d’embauche surtout pour les professions liées à l’intendance, il arrive, pour le comité de recrutement d’étaler devant le candidat des billets de banque. Cette attitude a pour but de jauger le comportement de celui-ci face à l’argent. Tout comme le jeu de la danse après la traversée du corridor de la tentation soumis par Zadig dans le recrutement d’un honnête trésorier pour le roi Nabussam.(confère Zadig de Voltaire).
Souvent les candidats malhonnêtes succombent à l’épreuve avec des yeux qui sortent des paupières. C’est l’anecdote.
Sans langue de bois, et de même que certains pays de l’Afrique de l’ouest, la Guinée n’a jamais réussi à être un État sérieux et stable.
De Sekou Touré à Alpha Condé en passant par Lansana Conté et Dadis Camara, ce pays a été une longue scène exsangue de théâtre où tragi-comédie, vols, pillages et scandales tous azimuts font bon ménage.
Seul bémol, le passage accidentel du Général Sekouba Konaté qui a fait l’exception d’éviter la boulimie du pouvoir en quittant très tôt.
Malheureusement, après son départ, le pays est retombé entre les mains de surprenants gougnafiers qui n’ont jamais autorisé le décollage socio-économique et politique d’un pays baptisé de scandale géologique.
Les premières mesures des nouveaux maîtres de Conakry après l’arrestation de l’ancien président ont trahi: poursuite des activités minières, ouverture des frontières qui traduisent explicitement l’intention cupide et mercantiliste du Colonel Mamady Doumbouya dans la prise du pouvoir.
Pour revenir à l’entretien de recrutement, tout comme ce candidat à la venalité facile, au lieu de répondre aux questions pertinentes liées à son futur emploi était plutôt distrait par les billets de banque exposés devant lui. L’esprit de cupidité.
Les Guinéens s’attendaient sans doute à la transparence dans la gestion de leurs mines. Normal. Mais juste après un coup d’état, ce n’était pas la priorité face à la chienlit sociale dans laquelle vegetait le pays. Certes, les maux qui minent la Guinée d’Alpha Condé ont été évoqués. Injustice sociale, délabrement avancé de tous les systèmes de l’Etat.
Le mot d’ordre attendu par les guinéens le 5 septembre 2021 était le mode d’emploi d’exercice du pouvoir par l’armée pour répondre aux premières préoccupations d’un peuple constamment meurtri par les dictatures qui se sont succèdé. Le rétablissement de l’ordre avec ses conséquences.
Les putschistes ont semblé occulté malicieusement ce pan de la scène et l’ont noyé dans l’euphorie.
Je me suis demandé si l’agitation folklorique souvent remarquée en Guinée en des périodes de vive émotion est caractéristique du citoyen guinéen ou du soldat.
J’ai fini après moults réflexions par comprendre que l’alliage du treillis et du pouvoir en Guinée provoque des comportements convulsifs qui entraînent naturellement la mort et du pouvoir et ou de l’acteur d’exercice du pouvoir.
Lansana Conté,
Dadis Camara en sont des exemples parlants.
Le Colonel Mamady Doumbouya ne sera pas épargné par le foudroyant destin.
Il est visiblement déjà inoculé par le venin de la tourmente et de l’agitation dans toutes ses sorties, il n’échappera pas aux conséquences, guetté par le syndrome de Dadis Camara.
Contrairement au Mali où la posture du Colonel Assimi Goita, actuel président, exprime beaucoup mieux la sérénité, le pragmatisme, la vision, l’ordre et la discipline, la Guinée ne semble pas dérober à la règle du show politique dont le chef de file se trouve être l’ancien Capitaine aujourd’hui en exil dans sa prise de pouvoir.
Ce qui va donc arriver en Guinée sera la vaine tentative de transfert avant trois ans du pouvoir aux civils.
Puisque, le Colonel déjà enivré par les premières délices du pouvoir ne cédera pas à cette option.
Il tombera dans l’abus et l’excès, en comptant que sur une armée qui n’hésitera pas à lui infliger les ressentiments de l’insatisfaction et de l’insatiété.
Il perdra le soutien de la classe politique et de la société civile de son pays, et part ricochet de la communauté internationale.
Le pays sera de nouveau plongé dans une incertitude meublée des jeux d’intérêt militaro économiques et politiques.
Le colonel au pouvoir sera confronté et embourbé dans les jeux des éternels vautours occidentaux qui rôdent comme des hyènes autour des ressources d’un pays mis en lambeaux.
La Guinée Conakry ne s’en sortira pas avant cinq ans.
C’est ce qui va arriver.
Alpha Condé quant à lui n’a mérité l’humiliation, ce qu’il a voulu, s’étant entêté de prendre en compte les mises en garde intérieure et extérieure qui lui présentaient le cambriolage du troisième mandat comme une entreprise à haut risque, suicidaire à la limite.
Il en a eu pour son compte, conséquence directe.
Ils repondront aussi, c’est évident ceux qui sont restés dans le même plaisir obsessionnel de cambriolage de mandat. Devant mère nature, devant l’armée où devant les peuples.
J’ai tâté le pouls des citoyens guinéens. C’est clair, la joie et l’euphorie ont été de courte durée.
Le plus dur commence pour la Guinée, la sous région ouest africaine et la communauté internationale.
C’est parti pour au moins cinq ans dans la même tragi-comédie sociopolitique et économique, identifiants de la Guinée Conakry.
C’est ça la vérité.
Carlos Komlanvi KETOHOU
Le 12 septembre 2021