Ferdinand Ayité dans une nouvelle sortie sur Facebook, relate l’expression de gratitude envers le CPJ pour la reconnaissance accordée à lui et à toute son équipe, pour leur travail acharné en tant que journalistes. Malgré les difficultés, les persécutions et les menaces qu’ils ont subies, ils ont persisté dans leur quête journalistique, faisant preuve de résilience. L’auteur se remémore les moments difficiles auxquels ils ont été confrontés et mentionne la fierté qu’il ressent envers Maxime Domegni, considéré comme un pionnier de l’investigation en Afrique. Il souligne également l’importance des moments difficiles pour évaluer les relations humaines. Le texte se termine par l’annonce du retour imminent de leurs journaux, l’Alternative et l’Autre Journal, et exprime une reconnaissance envers le CPJ.
REACTION
Une lumière dans cet océan de difficultés que nous traversons en ce moment. Un grand merci au CPJ pour cette reconnaissance, fruit d’un travail acharné depuis des années. Félicitations aux autres lauréats. Je pense en ce moment à toute ma rédaction, aux hommes et aux femmes qui ne peuvent plus travailler à cause de la persécution, du harcèlement et des menaces de mort qui pèsent sur nous, Isidore Kouwonou et moi-même. Lorsqu’en avril 2010, nous avons décidé de lancer l’Alternative après avoir acquis de l’expérience ailleurs, Maxime Domegni et moi-même, nous nous sommes dit que nous serions les meilleurs. Que n’avons-nous pas vécu ? Je me rappelle encore de nos bouclages difficiles, de nos nuits blanches, des difficultés à joindre les deux bouts. C’est le calvaire de tous les journalistes. Il fallait également, et c’est le plus important, affronter toutes les adversités, les coups bas, les faux amis, la trahison, les coups de poignard dans le dos, les calomnies, les histoires inventées de toutes pièces. Les tentatives de corruption, les tracasseries administratives et judiciaires, les menaces de mort, la prison, les empoisonnements ratés. C’est au prix de tout ce parcours, de ces privations, que nous nous sommes distingués parce que nous portons fondamentalement des valeurs et des principes.
Aujourd’hui, j’ai eu Maxime Domegni au téléphone non seulement pour parler de ce prix, mais aussi pour nous rappeler nos débuts. Il est à Londres en pleine activité. Parmi nous tous, il est le meilleur, une référence africaine en matière d’investigation et à la tête du GIJN. Il parcourt l’Afrique pour former la relève, il partage ses expériences lors de grandes conférences et colloques. Il est une fierté nationale. De mon côté, j’ai réussi à résister malgré tout. Il y a eu des périodes de doute, mais il n’était pas question d’abandonner. C’est cette résilience qui est mise en valeur à travers ce prix. Nous avons traversé et continuons de traverser des moments difficiles, mais la zone de turbulences passera et nous reprendrons bientôt nos activités. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous faisons de notre mieux et surtout, nous faisons la différence. Les moments difficiles vous permettent également d’évaluer vos relations avec les autres et de découvrir l’autre facette de l’homme. C’est toute une école. Merci à tous nos lecteurs pour leur soutien et leur solidarité. L’Alternative, l’Autre Journal seront de retour, nous y travaillons. Merci au CPJ et à bientôt à New York.