Le gouvernement Dogbe veut gouverner autrement. Cet engagement pris devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Victoire Tomegah-Dogbe ne décline sous plusieurs aspects. Ceci, avec un point d’orgue mis sur l’homme, désormais placé au cœur du développement. Dès lors s’annonce une évaluation conséquente de l’attitude du nouvel Exécutif sur le terrain.
Dogbe et sa nouvelle offre politique
«Nous voulons gouverner autrement selon le principe de la gestion axée sur les résultats», a annoncé, aux premières heures de sa nomination, par Faure Gnassingbé, la Première ministre. Un mois après, cette nouvelle offre politique de Victoire Tomegah-Dogbe axée sur le développement, la modernisation et le digital n’a visiblement pas bougé d’un iota. « Il est aujourd’hui important de rendre la vie beaucoup plus facile aux citoyens…», a martelé la cheffe du Gouvernement, au cours de la présentation de son discours programme devant les députés. «…nous pensons réellement qu’il faut nous focaliser sur l’essentiel, c’est le développement. L’essentiel, c’est lutter contre la vulnérabilité dans notre pays. Nous allons travailler sur ça. Nous nous mobilisons réellement sur ça. Je vous assure… », a réitéré, plus tard sur Rfi, lors de sa toute sortie médiatique, Victoire Sidémého Tomégah-Dogbé. C’est donc clair, pour la nouvelle Cheffe du Gouvernement, contrairement au passé, plus rien ne sera comme avant dans la gestion des affaires du pays. Désormais, place sera faite à la redistribution des ressources du pays. Et depuis lors, ce slogan est chanté et scandé sur tous les toits.
…À l’épreuve des réalités du terrain
S’il s’avère salutaire qu’après quinze ans de gouvernance par promesse, Victoire Dogbé et son équipe ont enfin eue l’ingénieuse idée d’innover et changer d’approche pour ainsi rompre avec la monotonie de vains discours, tout semble dire, tout de même, que cet engagement est d’ores et déjà en passe d’être mis à rude épreuve. Et cela servira de jauge à la sincérité ou non dans les paroles du nouvel exécutif.
En effet, dans divers secteurs socioprofessionnels du pays, les défis sont énormes. Les cas les plus bruissants sont les secteurs de l’éducation et de la santé. Après avoir sonné l’alerte, il y a quelques jours, sur leurs besoins primaires pour de meilleures prestations dans les centres de santé du pays, surtout en ces temps de crise sanitaire liée à la COVID-19, le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot) a donné un moratoire au gouvernement en vue de satisfaire leurs doléances. En cas de non satisfaction, a annoncé Dr Gilbert Tsolenyanu, Secrétaire Général du Synphot, les pratciciens hospitaliers membres de cette organisation syndicale se verront obligés de recourir à la grève, laquelle se veut la seule arme conventionnelle dont disposent ces derniers pour se faire entendre par les autorités.
De leur côté, les organisations syndicales du monde de l’éducation ne lâchent pas prise non plus. Le 6 novembre dernier, sur initiative du Gouvernement, quatre fédérations syndicales dont la Fesen et la Cset ont échangé avec les ministres Dodzi Kokoroko, des Enseignements primaire et secondaire, et Gilbert Bawara de la Fonction publique du protocole d’accord d’avril 2018 sur les préoccupations et revendications exprimées par les enseignants. Au terme de cette rencontre, «les deux parties ont convenu, de façon consensuelle, tenant compte des contextes sanitaire, socioéconomique et sécuritaire qui prévalent, tant au plan national qu’international, de la nécessité d’une revue complète du protocole d’accord, dans les délais raisonnables», indique le relevé de conclusion.
Malheureusement, cette décision n’est pas du goût de la base de la Fesen qui la rejette catégoriquement. Une décision qui relance ainsi la grève préalablement projetée concomitamment avec la Cset sur le 16 novembre prochain .
Quelle attitude adopter?
Voilà donc une situation vraisemblablement embarrassante pour le gouvernement Dogbe qui a dos au mur face à l’intransigeance des organisations syndicales. Et c’est bien là, l’occasion offerte pour Victoire Tomegah-Dogbe de se mettre en évidence et montrer aux yeux du monde, la sincérité de sa promesse , celle de gouverner autrement. Dès lors, nombreux sont les observateurs qui se posent des questions sur l’attitude que devront adopter les ministres dont le secteur est d’ores et déjà sous la menace des mouvements d’humeurs. Il est à se demander donc si les prof Kokoroko, Bawara et Mijiywa, connus pour leur caractère inflexibles feront profil bas ou composeront-ils avec la carotte et le bâton. Une option qui se révèlerait, à l’arrivée, un terrain glissant et fatal. Pire, une option suicidaire pour le nouveau gouvernement.
Tout compte fait, le peuple togolais est dans l’expectative et attend de voir l’approche que choisira le gouvernement. Voilà donc un test grandeur nature pour l’équipe Dogbe, juste un mois seulement après son engagement. Et cela déterminera, sans nul doute, la suite de son mandat qui sera aux couleurs de l’attitude qu’elle adoptera sur ces premiers dossiers brûlants.
source : FRATERNITE