C’est fait. 7 mois après la falsification des résultats des élections présidentielles largement en sa défaveur, 4 mois après la prestation de serment non moins frauduleuse face à une cour constitutionnelle indigne, Faure Gnassingbé vient de nommer son gouvernement, ou plutôt l’équipe de ses complices pour continuer l’appauvrissement du Togo. N’oublions pas d’ajouter que cette période de silence et de vide politique était rythmée d’assassinats des officiers Madjoulba et Bataba, les deux originaires, comme par hasard, de la préfecture de Doufelgou. Revenons sur la formation de ce gouvernement tant attendu qui n’a finalement accouché que d’une souris. Sincèrement entre nous, qu’est-ce qui peut concrètement changer quand on ajoute des marionnettes à d’anciennes marionnettes comme ministres et dont le maître d’orchestre n’est autre que notre momie de président?
Avec Faure Gnassingbé depuis 2005, en dehors des assassinats de Togolais, en dehors du détournement massif des déniers publics au vu et au su de tout le monde par son entourage et lui-même, en dehors de l’amplification de l’impunité pour tous les voleurs et assassins, en dehors du bradage des banques et autres fleurons économiques aux étrangers, rien n’a changé quant au quotidien des citoyens. De mandat illégal à mandat illégal Faure Gnassingbé ne fait rien pour se racheter et marquer positivement son passage au pouvoir. Un pouvoir d’ailleurs qu’il considère comme un héritage à lui légué par son dictateur de père Éyadéma.
Aujourd’hui, l’identité dévoilée des soi-disant nouveaux ministres donne raison à tous les Togolais qui ne pariaient pas un seul centime que le dictateur togolais changerait pour s’occuper véritablement des problèmes et des nombreuses préoccupations de ses compatriotes. Faure Gnassingbé persiste et signe: le partage du pouvoir avec les autres Togolais qui pensent autrement que lui ne fait pas partie de son agenda. Pire, la nomination par exemple comme Premier Ministre de Madame Victoire Tomegah Dogbé est un scandale; pas parce qu’elle est femme, mais ayant occupé dans le dernier gouvernement le poste de Ministre du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, cumulé avec son poste de Directrice de Cabinet à la Présidence de la République, et ayant brassé plusieurs milliards de nos francs pour le premier poste sans résultats visibles sur le terrain, Madame Dogbé devrait normalement, si nous étions dans un pays normal, rendre compte de sa gestion, au lieu d’être promue comme Premier Ministre. Nous savons malheureusement que ce n’est pas nouveau que des voleurs de l’argent public à commencer par Faure Gnassingbé himself et des assassins clairement identifiés soient promus à des postes supérieurs au lieu d’être punis.
Pour la première fois au Togo et après ces nouvelles nominations, on compte dix femmes pour 23 hommes; une promotion de la gent féminine qui serait une bonne chose si elle était précédée de bonnes intentions. Mais que valent des nominations de belles femelles, à commencer par la Présidente de l’Assemblée Nationale de figurants , en passant par le nouveau Premier Ministre, que la légende publique présente comme intimement liées au Président de la République de fait? Où est donc la morale que devrait incarner le Chef de l’État et donner le bon exemple à ses concitoyens? Comment le Chef de l’État peut-il dans ces conditions exercer son autorité et se faire respecter par ses subordonnés, hommes et femmes, si les affaires de l’État deviennent un domaine où se disputent relations privées et accomplissement du devoir lié à leurs postes de Ministres?
Ces nominations qui sont synonymes de permis de s’enrichir en toute impunité ne doivent pas faire oublier à ces anciennes et nouvelles marionnettes que leur Chef est un voleur patenté d’élections, que le régime qu’ils prétendent incarner est illégitime et qu’une très grande partie des populations togolaises ne se reconnaît pas dans ces mascarades que sont la fafsification éhontée des vrais chiffres des élections de février 2020 par la CENI d’abord, ensuite par la Cour Constitutionnelle de la honte et aujourd’hui la fameuse formation du gouvernement. Ce qui est malheureusement sûr, c’est que rien ne changera de sitôt au Togo, qu’il y ait un semblant de gouvernement ou pas. Les voleurs de milliards promus continueront à détourner en toute impunité.
Les quatre ministres les plus haïs de la République, Yark Damehame, Payadowa Boukpessi, Gilbert Bawara et Christian Trimua sont maintenus à leurs postes. Le premier continuera, après toute sauvagerie des forces dites de l’ordre, comme à Koka (Doufelgou) il y a quelques jours, à trouver des mensonges pour accabler les populations pourtant victimes; le second ne cessera pas de torpiller le droit et la liberté de manifester; il va prier pour que le COVID 19 ne disparaisse pas pour continuer à interdire toute manifestation de l’opposition. Les deux derniers, Bawara et Trimua, sont certes devenus aphones ces derniers temps, mais ceci ne veut pas forcément dire qu’ils se seraient assagis ou qu’ils auraient perdu un peu de leur haine contre le peuple. À surveiller comme du lait sur le feu!
Et l’opposition dans tout ça? En dehors de Agbéyomé Kodjo et de Mgr Kpodzro qui résistent encore avec les petits moyens dont ils disposent, et qui sont d’ailleurs régulièrement moqués par des opposants qui font aujourd’hui de la figuration, rien ou personne ne s’oppose plus véritablement aux errements suicidaires de Faure Gnassingbé et sa clique. Nous avons beau vilipender la mauvaise gouvernance, nous avons beau dénoncer les crimes de toutes sortes de ce régime qui n’en a cure; si nous ne nous entendons pas sur comment faire partir le dictateur et son système, nous aurons prêché dans le désert. Vivement que de nouveaux hommes et femmes s’organisent autour de la Dynamique Kpodzro et d’autres partis politiques responsables, par exemple, pour créer un grand mouvement regroupant des Togolais de tous bords pour prendre la rue!
Samari Tchadjobo
04 octobre 2020
Allemagne