- Exemples des CHU Sylvanus Olympio et CHR Lomé Commune
Le système de contractualisation, une trouvaille du Professeur Moustafa Mijiyawa, devra s’étendre à d’autres centres hospitaliers du Togo. Mais les résultats encourageants dont parle le ministre sont-ils une réalité, ou bien les coûts sont-ils renchéris ? Le cas des morgues avec juste deux exemples comparatifs permet de découvrir que contractualisation rime avec augmentation des coûts de prestation.
Désormais, les familles éplorées qui « commettent l’erreur » d’emmener le corps de leur parent défunt au CHU Sylvanus Olympio (CHU-SO), devront débourser au minimum pour 8 jours, 14.000+36.000+35.000, soit 85.000 FCFA. Nous disons bien « au moins », car si pendant les 8 jours, un parent désire jeter un œil sur le corps, c’est 1.000 FCFA par personne et par jour. Ceci est la conséquence de la contractualisation à laquelle la morgue du CHU-SO astreint. Sous la houlette du Professeur Moustafa Mijiyawa. Et pourtant, l’homme n’a rien laissé paraître du renchérissement des coûts il y a quelque temps.
Pour mémoire, l’approche contractuelle a été lancée en 2017 d’abord aux CHR Atakpamé et de Blitta avant d’être étendue au CHU-SO et au CHU Kara, aux CHR de Dapaong et de Sokodé et au CMS de Siou. Au CHU SO, elle a d’abord concerné les services de laboratoire, de radiologie, de pharmacie et de morgue, alors qu’elle a été d’emblée implantée à la totalité des six autres formations sanitaires.
Lorsque le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Professeur Moustafa Mijiyawa avait partagé mercredi 24 avril 2019, avec les acteurs du secteur de la santé et les partenaires techniques et financiers, les résultats de la réforme de contractualisation des centres de santé du Togo, en présence du Dr Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique en visite dans le pays, nulle part il n’a été question d’augmentation de coûts. « « Aujourd’hui, en l’espace d’un peu plus d’un an pour certains et de deux ans pour d’autres, cette contractualisation a beaucoup assaini la gestion des finances des hôpitaux et en dehors de ça, elle a impacté sur les taux de consultations, de fréquentations, l’aspect maternité et prise en charge chirurgicale », a indiqué le ministre qui a précisé qu’avec ces résultats « encourageants », cela incite à procéder à une « extension rapide du processus pour que tous les hôpitaux publics soient concernés ».
Justement, les prochains centres qui seront touchés seront l’hôpital de Bè, le CHU Campus, le CHR Lomé-commune, les CHP de Notsé et Kpalimé. Mais il est fort probable que les coûts actuels soient augmentés, comme c’est le cas de la morgue du CHU-SO. Rien qu’un seul exemple pour expliquer la différence de coût non négligeable survenue.
Actuellement au CHR Lomé-Commune, la conservation et la formolisation d’un corps avec 2 litres de formol valable pour 4 jours revient à 27.500 FCFA. Pour les familles qui demandent plus de formol, les 4 litres sont injectés contre 30.000 FCFA ; du 5ème au 10ème jour, un surcoût de 4.500 FCFA quotidien est calculé en plus. A partir du 11ème jour, c’est 6.500 FCFA par jour supplémentaire. Au moment du retrait du corps, le lavage et l’arrangement ne sont pas obligatoires. Certainement parce que ce CHR n’est pas encore sous contractualisation.
Alors qu’au CHU-SO, les familles ne sont pas autorisées à retirer le corps non lavé, et que certaines familles procèdent à des cérémonies qui demandent que le corps soit lavé par les membres eux-mêmes. Mais au CHU-SO, c’est 35.000 FCFA ou alors, pas de retrait du corps !
Il est certain que les centres de santé non encore contractualisés ne sont pas aussi chers que la morgue du CHU-SO. Mais que se passera-t-il quand ils le seront par la suite ? En plus, aucun reçu n’est délivré quand il s’agit de la visite d’un parent pour voir le corps, ni après le lavage. C’est à croire que ces frais prennent des chemins flous difficilement traçables par un auditeur. Des parents de défunts ont témoigné avoir versé ces montants sans reçus.
A cette allure, les centres non encore contractualisés risquent de se trouver débordés par des corps. Tout comme il risque d’y avoir une forme de pression pour faire croire que ces centres n’auraient plus de place et qu’il faille se tourner vers celui le plus cher, le CHU-SO ! Ainsi va la gestion parcimonieuse de la contractualisation au Togo.
Abbé Faria
source : Liberté