Si le Commissaire Mangalene Mabika et son Adjoint Kalouki Essohanam s’étaient acquittés de leur devoir en suivant les règles, certainement que cette affaire sera passée par pertes et profits. Mais non seulement ils ont failli, mais vendredi 6 novembre 2020, lorsque nous nous sommes rendu au commissariat pour des besoins de recoupements, ils n’ont pas consenti à nous relater leur version des faits tels que rapportés par la victime qui, soit dit en passant, est fonctionnaire d’Etat dans le septentrion.
« Est-il vrai que vous avez fait enlever et menotter le fils de la propriétaire de maison à 4h du matin sans un soit-transmis d’un procureur de la République ? », avons-nous demandé à l’Adjoint après qu’il est allé consulter sa hiérarchie pour savoir quoi dire. Il n’a pas répondu à cette question, ce qui signifie pour nous que les faits tels que rapportés par la victime ne sont pas loin de la vérité. « Nous désirons consulter le procès-verbal de ce qui s’est passé », avons-nous encore enchaîné. Là, l’Adjoint fait venir une policière pour nous faire comprendre que depuis la survenue des faits, il était entretemps parti en stage de formation et avait chargé celle-ci de rédiger le procès-verbal. Mais de juillet jusqu’à vendredi 6 novembre, ils n’ont toujours pas fini de mettre à disposition du procureur le procès-verbal tel que requis par le Procureur le 23 juillet 2020.
Pourquoi le commissaire et son Adjoint ont ainsi géré cette affaire dans laquelle un locataire a tout faux ? Pourquoi avoir fait enlever à 4 heures du matin un fonctionnaire à qui aucune invitation du commissariat n’a été adressée au préalable ? Pourquoi avoir privé de liberté un citoyen sans un soit-transmis du parquet et sans avoir produit de procès-verbal ? Comment cette affaire finira-t-elle ? Des questions auxquelles les deux premiers responsables du 9ème Arrondissement devront répondre. Voici la version intégrale de la victime.
Résumé des faits
J’ai été chargé par ma mère, dame ADJETEY Agnélé, de gérer le local que cette dernière a donné en location à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince, suivant un contrat de bail en date du 12 novembre 2018.
En intégrant le local, Monsieur ADOUKONOU Ata Prince devait normalement verser une caution de 12 mois de mensualités, soit la somme de 480.000 F CFA. J’ai fini par lui consentir le versement de 6 mois de mensualités, soit la somme de 240.000 FCFA, suite aux négociations qu’il a engagées avec moi, et en raison des relations de bon voisinage que j’entretenais avec mademoiselle Solange, celle par l’entremise de qui il a trouvé le local.
Les deux premiers mois qui ont précédé la signature du contrat de bail, Monsieur ADOUKONOU Ata Prince n’a pas payé son loyer. Il m’a fait savoir qu’il rencontrait des difficultés financières. Finalement, il n’épongera par la suite qu’une seule mensualité sur ces deux mois d’arriérés.
Au cours de l’année 2019, une mésentente est survenue entre Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et ses voisins. Sur mon initiative, une réunion a été donc tenue afin de restaurer un climat de paix dans la maison. Au mois d’octobre, j’ai été affecté à Mango pour des raisons professionnelles. Etant donné que ni moi, ni ma mère ne sommes pas domiciliés à Lomé, j’ai confié la gestion du local à mon frère.
Mon frère me faisait part des mésententes qui persistaient au sein de la maison. Je lui ai alors suggéré de donner un préavis de 3 mois à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince afin qu’il puisse s’organiser pour libérer les lieux. Ce à quoi Monsieur ADOUKONOU Ata Prince ne s’est pas opposé, faisant comprendre à mon frère qu’il projetait lui-même de quitter le local.
En réalité, Monsieur ADOUKONOU Ata Prince ne payait pas régulièrement ses loyers et en plus de cela, ne réglait pas ses factures d’eau et d’électricité. Ce qui engendrait les querelles entre lui et ses voisins était notamment lié aux arriérés de factures d’eau qui lui étaient imputables.
Le 1er février 2020, Monsieur ADOUKONOU Ata Prince a accusé réception de la lettre de préavis susmentionnée. Dans le même mois, il me fit savoir par téléphone qu’il a trouvé un nouveau local et qu’il ne libérerait le nôtre que lorsqu’on lui aura restitué intégralement sa caution. Je lui ai fait comprendre que sa caution ne lui sera restituée qu’après déduction de ses arriérés de loyer et des diverses factures impayées. Il n’a pas voulu entendre raison et est devenu très belliqueux depuis lors. Il va sans dire que ses appels étaient devenus fréquents et ne visaient qu’une seule chose: LA RESTITUTION INTÉGRALE DE SA CAUTION.
La caution étant, dans le sens strict du terme, une garantie, il était inconcevable qu’on puisse la remettre à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince avant qu’il ne libère le local. Sa doléance ne pouvait être acceptée qu’après l’inventaire des réparations et déduction de ses dettes locatives.
Courant le mois de mars 2020, en raison de la crise de covid-19, mon activité professionnelle a été suspendue. Je suis rentré à Lomé auprès de ma famille.
Dans la journée du samedi 28 mars 2020, sur invitation de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince, je devais me rendre sur les lieux dont il est preneur pour les formalités d’état des lieux et de remise de clés ; Je m’y étais rendu avec le peintre qui avait l’habitude de peindre le local à chaque fois qu’un preneur devait y entrer.
Comme il était convenu, je suis entré dans le local pour répertorier les éventuelles réparations à faire ; C’est ainsi qu’ayant fait remarquer à Monsieur ADOUKONOU Ata prince que les murs n’ont pas été repeints, ce dernier me faisait savoir qu’il avait lui-même fait la peinture avant d’intégrer le local et donc, il n’avait pas à le refaire. Il est devenu ensuite très menaçant et s’est empressé de m’enfermer dans le local ; ce que je l’ai empêché de faire. Constatant que sa curieuse tentative d’enfermement a été avortée, il s’est mis à m’agresser. Pour me défendre, j’ai donc essayé de le maîtriser tout en lui faisant comprendre que je n’ai aucune intention de me bagarrer avec lui. Le peintre qui était dans la cour se rendit compte de ce qui se passait et nous a approchés pour s’enquérir de ce qui se passait entre nous deux.
C’est alors que trois individus dont j’ignorais l’identité ont surgi, comme par enchantement, pour se joindre à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et ont exercé sur ma personne des violences volontaires. Deux d’entre eux me tenaient contre le mur pendant que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et un autre qui se révélera plus tard être son frère m’assenaient des coups de genoux dans le ventre. Le peintre accourut pour alerter le voisinage, mais à mi-chemin, il a constaté que les gens avaient déjà été avertis par ma tante qui résidait dans la maison.
Ce n’est qu’à ce moment que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et ses complices se sont échappés, emportant avec eux les clés du local. Ceux qui ont accouru s’étant rendu compte de la gravité de ce que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et ses aidants venaient de commettre, ont suggéré de faire venir incessamment la police.
Pourquoi la Police refuse de garder un appareil retrouvé sur les lieux ?
J’ai entrepris de me rendre au poste de police territorialement compétent pour lui faire connaître de l’affaire. Il s’agit du commissariat du 9ème Arrondissement. Entre-temps, après la fuite de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et sa compagnie, le peintre a retrouvé un téléphone portable sur les lieux. Lorsqu’on a essayé le numéro de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince, nous avons eu la confirmation que le téléphone appartenait à ce dernier. Le peintre et moi nous sommes rendus juste après ces événements au commissariat du 9ème Arrondissement d’une part pour exposer l’affaire et d’autre part, pour y consigner le téléphone de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince pour que ce dernier puisse passer le retirer.
Lorsque nous sommes arrivés au commissariat, nous avons trouvé quelques agents au poste. Curieusement ces derniers n’ont pas voulu entendre notre version des faits et ont refusé de faire consigner le téléphone. Sur un ton méprisant, ils nous ont renvoyés remettre le téléphone main à main à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince.
Juste à l’entrée dudit commissariat j’ai appelé un second numéro avec lequel il avait l’habitude de m’appeler. Au bout du fil, j’ai constaté que c’était sa femme. Cette dernière n’a voulu rien comprendre et m’a plutôt copieusement insulté.
Dans la même soirée, je me suis rendu à la clinique BAYOR me faire soigner. Surpris par l’attitude de ces agents au poste du commissariat, ce soir du 28 mars 2020, je me suis rappelé que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince dans ses indiscrétions, mentionnait avoir un ami audit commissariat. J’ai donc compris que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince était déjà passé avant notre arrivée et que l’affaire ne pouvait pas être gérée en toute impartialité.
Le lendemain, Je me suis rendu à la Gendarmerie de Sagbado pour prendre une convocation à l’endroit de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince et ses complices. Ayant cherché à les joindre en vain, ladite convocation a périmé.
Je me suis alors rendu au parquet du TPI (Tribunal de première instance) de Lomé et plus précisément auprès du magistrat TOMINA Ikpama, 9ème Substitut du Procureur de la République qui donna à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince deux convocations restées sans suite. Le magistrat m’a d’ailleurs recommandé de lui faire signifier lesdites convocations par le ministère d’un Huissier de justice. Je me suis donc rendu en l’étude de Maître Akuesson, huissier de justice à Lomé pour ce faire, mais toutes les investigations pour retrouver Monsieur ADOUKONOU Ata Prince sont restées vaines. Finalement, l’huissier a entrepris de le contacter par le biais du numéro de son frère. C’est alors que ce dernier a reçu l’appel d’un officier de police judiciaire nommé AGBA. L’officier en question faisait savoir à l’huissier que Monsieur ADOUKONOU Ata Prince avait pris des convocations auprès d’eux pour moi et ma tante qui était sa voisine et qu’il allait nous rappeler. Ce qu’il ne fit jamais.
A la fin du mois de juin, j’ai regagné mon poste à Mango, suite à la décision du gouvernement concernant la réouverture des écoles. Avant mon départ pour Mango, le frère de Monsieur ADOUKONOU Ata Prince m’a joint au téléphone pour me demander mon identité complète. Ce que je lui ai donné sans résistance, espérant que cela entrait dans le même ordre d’idées que ce que l’officier AGBA avait promis faire. C’est-à-dire inviter les parties pour un règlement définitif du litige.
Lorsque ma mère a appris l’affaire, elle me conseilla de ne plus poursuivre pénalement Monsieur ADOUKONOU Ata Prince, car selon elle, ce dernier est un père de famille et ce serait pitoyable de le mettre en prison. Ce que j’ai respecté tout en gardant soigneusement son téléphone, espérant le lui remettre le jour où il se montrera.
Et la Police enleva M. Soussou sans un soit-transmis, à 4h du matin
Au début du mois de juillet, je suis rentré à Lomé sur permission à cause des problèmes de santé de ma femme. Je suis rentré le lundi et le vendredi 17 juillet 2020 à 4heures du matin, des agents de la police de 9ème Arrondissement sont venus m’emmener devant ma famille, les mains menottées comme un vulgaire délinquant. J’ai été surpris lorsque ces agents affirmaient avoir reçu un soit-transmis du Procureur de la République leur donnant l’ordre de venir me prendre, alors qu’en tant que fonctionnaire au sein de la fonction publique, je me demandais pour quelle raison je me cacherais à la police sans être facilement retrouvé.
Arrivé au poste de police, j’ai été menotté de 4h à 10h soit, 6 heures de temps, dans une position inconfortable qui me contraignait à rester courbé. Ce n’était qu’avec l’intervention de certaines bonnes volontés qu’ils m’ont enlevé les menottes. J’ai compris que c’était le commissaire en chef, Monsieur MANGALENE Mabika et son adjoint KALOUKI Essohanam qui avaient entrepris de venir me prendre manu militari. Monsieur ADOUKONOU Ata Prince est arrivé vers 11h. Puis à 16h, chacun arriva avec ses témoins pour livrer sa version des faits.
J’ai constaté que le commissaire et son adjoint ne voulaient pas instruire les faits relatifs à l’infraction de violences qui a été commise sur ma personne. Or, c’était ce à quoi ils devaient procéder. Au contraire, ils voulaient uniquement me mettre la pression pour que je lui restitue simplement sa caution. Ce qui ne relevait pas de leur compétence. C’est ainsi qu’après les divers débats, ils ont décidé de me garder au poste si je ne déposais pas séance tenante la somme de 120.000FCFA.
Il sonnait déjà 19h et inutile de rappeler que le 17 juillet était un vendredi et ma garde-à-vue se poursuivrait jusqu’au lundi. C’est donc sous cette contrainte qu’un frère à moi est venu consigner auprès du commissaire KALOUKI Essohanam la somme exigée avant de recouvrer la liberté.
Le mardi 21 juillet 2020, nous sommes retournés continuer les débats chez le commissaire KALOUKI Essohanam. Monsieur ADOUKONOU Ata Prince continua dans ses allégations mensongères à surprendre même le commissaire. Il affirma devant le commissaire entre autres qu’il n’a jamais signé le contrat de bail en vertu duquel il a occupé le local et m’accusait d’avoir imité sa signature. Ce que le commissaire trouva saugrenu, et de surcroît le bon sens l’interpelle dans la mesure où il a vécu dans un local pendant 16 mois sans signer un quelconque contrat et sans en revendiquer la signature pour une personne qui se dit instruite.
Après déduction de ses arriérés de loyers et impayés de factures électricité, il restait à remettre à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince la somme de 99.400 FCFA. Notons que les factures d’eau n’ont pas été déduites, sans véritable explication.
Dans son intention de nuire, Monsieur ADOUKONOU Ata Prince ne s’est pas arrêté là. Il a continué par brandir des ordonnances pour que des sommes exorbitantes lui soient payées à titre de frais médicaux. Deux jours plus tard, nous avons été reçus par le Procureur de la République.
Lorsque le Procureur a commencé par nous écouter, il a conclu que l’affaire a été mal gérée par le commissaire et nous a dit de retourner au commissariat pour établir un Procès-Verbal de renseignements. Néanmoins, il a remis à Monsieur ADOUKONOU Ata Prince la somme de 100.000 FCFA a titre de reliquats après déduction de ses dettes dans la caution. Ladite somme a été prélevée de la somme précédemment consignée auprès du commissaire KALOUKI Essohanam et les 20.000 FCFA restants sont toujours avec lui, en attendant l’issue définitive de l’affaire.
Source : Liberté