Il fait peur vivre au Togo. Surtout lorsqu’on dispose de l’argent sur soi pour certaines opérations. Au dernier semestre de 2018, le rapport sur la criminalité au Togo présenté par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile Yark Damehame affichait 24 braquages, 6 tentatives de braquages avec 8 morts. A cela s’ajoutent 74 vols à main-armée, 76 meurtres et lynchages et 69 cambriolages.
Pour un aussi sombre tableau, tout gouvernement responsable devait prendre les dispositions idoines pour arrêter l’hémorragie. Malheureusement, pour 2019, c’est la catastrophe. Rien que pour les quatre premiers mois de cette année, que de morts gratuites, que d’importantes sommes d’argent emportées par des criminels et curieusement dans des conditions similaires. Dès lors, face au mutisme du gouvernement qui ne réagit que lorsqu’il s’agit des manifestations politiques par des répressions sauvages et meurtrières, tout Togolais est en droit de se demander à quel saint se vouer.
Yark, incompétent ou complice ?
Lors de sa dernière sortie devant l’Assemblée nationale le 26 avril dernier, Faure Gnassingbé a laissé entendre « l’Etat s’attachera toujours à garantir la sécurité de chacun et la quiétude de tous… Aussi, toutes les dispositions permettant à nos compatriotes de vivre en paix et de vaquer librement à leurs occupations seront-elles prises…». Qui mieux que le chef de l’Etat peut rassurer ses concitoyens de leur sécurité sur le territoire togolais ? Mais du 26 avril au 3 mai, soit une semaine juste, les faits démontrent tout le contraire. Pour ceux qui n’ont jamais cru aux discours de M. Gnassingbé, ils n’ont que trop raison.
Le chef de l’Etat a donné l’impression d’avoir brassé du vent. En plein jour à Tokoin Casablanca à Lomé le jeudi 02 mai dernier, une dame et son chauffeur en provenance d’Agoè-Nyivé après une opération à la banque ont été braqués. Il était 11h13 quand les riverains ont commencé par entendre des coups de feu dans le quartier. Il s’agissait des individus qui tiraient, d’abord en l’air, ensuite sur un véhicule dans lequel se trouvait visiblement le butin. Les malfrats ont, selon les témoins de la scène, tiré sur un des occupants du véhicule, avant de leur retirer un sac contenant une importante somme d’argent. La victime a perdu connaissance.
On signale un blessé grave au cours de ce braquage. Pourtant selon les témoins, il se trouvait non loin des lieux du drame, un véhicule de la Gendarmerie. Les éléments à bord de ce véhicule n’ont pu intervenir, parce qu’ils n’auraient pas d’armes avec eux. Le temps d’aller chercher des armes et revenir, les malfrats ont pris la fuite.
Le lendemain vendredi, c’est un Professeur d’Université qui a été la cible des malfrats à Vakpossito, banlieue nord ouest de Lomé. Il s’apprêtait à entrer à son garage avec son véhicule quand il a été immobilisé par deux individus sur une moto sans plaque. Bilan, une mallette emportée et le véhicule endommagé par des coups de feu.
Malgré l’interdiction des engins à deux roues au Grand Marché de Lomé, des braqueurs ont réussi à opérer à nouveau le jeudi 11 avril dernier au nez et à la barbe des forces de sécurité. On parle de dix millions emportés par des individus à moto. Le dimanche 14 avril, un conducteur de taxi-moto a été tué à Dapaong et sa moto emportée. Le 18 avril, une scène similaire s’est produite à Adidoadin mais les braqueurs ont laissé en vie le propriétaire de la moto. Le 6 mars dernier, un commerçant a été attaqué à Amoutivé.
La police nationale avait indiqué que près de 123 millions avaient été emportés par les braqueurs. En novembre 2018 déjà, un braquage similaire avait eu lieu dans le quartier Bè et la victime avait été dépossédée de 13,5 millions de Fcfa.
Pour la Direction Générale de la Police « après avoir collecté une somme de cent vingt millions huit cent soixante-huit mille cent soixante-quinze francs (122.868.175 FCFA) auprès des deux commerçants au grand marché de Lomé », Adamou Boukari se dirigeait vers l’aéroport international de Lomé à bord de sa voiture afin « d’envoyer ladite somme en Chine ».
Dans son trajet, M. Boukari s’arrête aux feux tricolores du marché d’Amoutiévé. Dans la foulée, deux individus à moto d’une plaque d’immatriculation ghanéenne qui, probablement le suivaient, aussi s’arrêtent près de lui. Le remorqué descend précipitamment, tire sur les pneus de la voiture du commerçant.
Le second se charge d’ouvrir les portières, fouille l’intérieur de la voiture et retrouve le magot emballé dans une sacoche. Puis les deux malfrats s’évanouissent dans la nature avec une somme de cent vingt-deux millions huit cent soixante-huit mille cent soixante-quinze francs (122.868.175 FCFA). On ne déplore aucune perte en vies humaines ni de blessé.
Une équipe d’agents de la Direction centrale de la police judiciaire arrive après le forfait sur les lieux. Y sont retrouvés «quatre (04) étuis de 7,62 mm ». Une enquête dit-on est ouverte. Un point et c’est tout jusqu’à présent.
Par ailleurs, un cambiste a été sauvagement tué le 12 janvier à Bè-Kpota à Lomé autour de 18h30 devant sa femme. Une somme de 500.000 FCFA emportée.
Finalement, on ne comprend plus rien. Les braquages se poursuivent et se ressemblent drôlement. Et le laxisme dans l’indifférence du ministre de la Sécurité Général Yark Damehame fait dire à certains Togolais qu’il est incompétent ou complice. D’autres parlent de complicité au niveau des banques surtout dans les cas d’Amoutivé, Assigamé et Tokoin Casablanca.
Mais dans tous les cas, il est de la responsabilité du ministre Yark de situer la population. Tout porte à croire qu’il n’y a que Faure et ses collaborateurs qui ont besoin de sécurité.
Kokou AGBEMEBIO
source : Le Correcteur