On est tenté aujourd’hui de donner raison aux observateurs qui pensent que le gouvernement Ahoomey-Zunu est le plus « minable » des gouvernements que le Togo ait connus sous Faure Gnassingbé. Ceci, compte tenu de l’amateurisme qui le caractérise et des essayistes qui, pour la plupart, ne sont là que pour leur ventre. Cela ne peut être autrement sous un vieux régime de près d’un demi-siècle qui a perdu tous les repères d’une bonne gestion des affaires de la cité. Conséquence, ce sont les pauvres citoyens qui en font les frais. Les dirigeants, déjà forts de leur habilité à piller le pays, ne se rendent même pas compte de la réalité.
L’avenue Maman N’Danida est aujourd’hui l’autre « victime » de cet amateurisme criard observé au sommet de l’Etat. Après l’entreprise YAMEN qui a abandonné le chantier après avoir brassé des centaines de millions F CFA des pauvres contribuables togolais, c’est le tour de GER d’enfoncer le clou en faisant trainer les travaux, au grand dam des usagers.
On se rappelle tout le bataclan mobilisé le jour de l’inauguration de cet ancien nouveau chantier confié à l’entreprise GER. Toute l’administration togolaise a été dépêchée sur les lieux, avec la présence du Premier ministre Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu accompagné de presque tout son gouvernement. Comme on pouvait s’y attendre en ces genres d’occasion, des discours laudateurs à l’endroit de l’« Esprit nouveau » n’ont pas manqué.Qui d’entre les intervenants n’était pas « instruit personnellement par le chef de l’Etat » pour veiller au bon fonctionnement de ces travaux ? Les plus zélés n’ont pas hésité de préciser que ces travaux vont se faire grâce aux efforts personnels du Prince, comme si c’est lui qui les finance. En tout cas, les Togolais n’ignorent pas aujourd’hui que la construction et l’aménagement des infrastructures se font grâce aux partenaires en développement du Togo.
Après les discours, les démonstrations techniques ont suivi. De grosses machines ont été déployées sur place pour faire croire à un travail sérieux qui va se faire dans les jours qui vont suivre. Sur le papier, une belle route a été montrée aux visiteurs. La cérémonie a été couronnée par une grande réception. C’était en fait une fête organisée par l’entreprise pour, selon des observateurs, célébrer son gain du marché. Pendant tout ce temps, la voie a été interdite d’accès aux usagers qui étaient obligés de faire de longs détours pour arriver à destination. On sait que c’est la voie principale qui rallie le centre ville en venant de l’aéroport de Lomé. On pouvait imaginer toutes les difficultés rencontrées ce jour-là. Jusque-là, les gens croyaient en la sincérité de ces travaux qui feraient sortir de terre une nouvelle route pour le bonheur des populations, des usagers surtout. Mais l’illusion s’est vite estompée.
Après cette mise en scène et un début tumultueux, le chantier est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Un véritable calvaire que l’entreprise GER et ses complices laissent pour le moment aux usagers. Ce qui repose la problématique de la transparence dans les passations des marchés. Ce n’est plus un secret pour personne que cette entreprise est dirigée par des gens qui sont proches du pouvoir en place. Et donc, elle reçoit régulièrement ces marchés, même si elle n’a jamais réussi à produire un travail efficace. Plusieurs fois, les chantiers reçus par GER sont restés inachevés. On n’en veut pour preuve que la construction de la route Bassar qui est toujours en chantier, alors que celle-ci devrait être terminée depuis un moment.
La raison invoquée par cette entreprise pour laisser le chantier de l’Avenue Maman N’Danida en suspens est que les plateformes de Togotelecom, de la régie des eaux et de Togocellulaire ne permettent pas de continuer les travaux. On se demande si cette entreprise ou le gouvernement ne savaient pas l’existence de ces plateformes sur le chantier avant de faire cette cérémonie en pompe. Drôle d’argument pour se dédouaner. Surtout qu’une étude devrait être réalisée pour évaluer les risques avant le démarrage des travaux. Le pire, c’est qu’on ne dit plus rien à personne. Même le Premier ministre qui a présidé cette « fête » ne juge pas opportun de taper du poing sur la table. Sous d’autres cieux, craignant son image, le chef du gouvernement aurait réagi et même sanctionné s’il le faut les responsables de cette entreprise. Mais comme ici c’est le copinage qui est devenu le mode de gestion des affaires publiques, personne ne semble avoir de compte à rendre à personne.
Aujourd’hui, il faut être courageux pour emprunter l’avenue Maman N’Danida. Tout ceux qui passent par-là doivent changer de vêtements une fois arrivés à leurs lieux de travail. Des nuages de poussières rendent la visibilité très floue à cet endroit. Dans ces conditions, inutile de revenir sur le nombre d’accidents qui se produisent sur cette route. Tout porte à croire que ceux qui se sont fait remarquer lors de cette cérémonie d’inauguration n’ont que faire des difficultés que rencontrent les usagers.
Bientôt, la saison des pluies. On imagine encore ce que cela va être pour les gens qui sont obligés de passer par-là pour rallier le centre ville ou regagner leur domicile. Nids de poule, boue, eaux usées qui éclaboussent leurs vêtements vont être encore leur quotidien. Pendant ce temps, ceux qui ont abandonné le chantier rouleront sur des voies acceptables avec leur 4X4 dernier cri pour vaquer à leurs occupations. Voilà le paradoxe dans le pays que dirige Faure Gnassingbé.
K. I.
source : L’Alternative Togo