Au Togo, les maladies cardio-vasculaires, tout comme certaines maladies nécessitant une prise charge technique rapide font des ravages. Les malades se comptent par centaine et sont souvent condamnés à une mort certaine. Faire un AVC, un arrêt cardiaque ou avoir une hémorragie interne et être transporté dans un hôpital public au Togo réduit considérablement aux patients ses chances de rétablissement. Et pour cause, les hôpitaux publics togolais manquent cruellement de moyens techniques adaptés pour le traitement de ces maladies dont les interventions nécessitent un matériel de pointe et du personnel hautement qualifié.
Selon l’OMS, il survient à chaque minute, 60 cas d’AVC (accident vasculaire cérébral) dans le monde dont les trois quarts dans les pays dits en développement, essentiellement en Afrique. Dans les pays occidentaux, les maladies cardiovasculaires tuent mais tard dans la vie, à un âge de moindre productivité économique, généralement l’âge de la retraite dans les économies occidentales. Dans les pays en développement comme le Togo, la transition nutritionnelle nourrie par une urbanisation en croissance exponentielle touche de plein fouet les populations composées en majorité de jeunes. Ainsi, des milliers de gens disparaissent dans la fleur de l’âge, entre 40 et 50 ans. La majorité est exposée à un mode de vie obésogène et athérogène et entrent rapidement dans la maladie cardiovasculaire faute d’un accès suffisant à la prévention et aux traitements. Et justement concernant le traitement, le Togo dispose d’assez peu de moyens en la matière dans ses hôpitaux publics. Ainsi dans les hôpitaux publics, au-delà du nombre insuffisants de médecins qualifiés pour traiter les maladies telles que les accidents cardiovasculaires et les hémorragies internes, il y a le sempiternel problème de moyen technique.
Les hôpitaux publics dans un état comateux
Le qualificatif qui revient souvent quand il s’agit de parler des centres hospitaliers au Togo est «mouroir ». L’hôpital togolais qualifié par plus d’un de «mouroir» vient du fait de la mauvaise qualité de ses offres de santé. Jadis déplorés par des malades et, leurs accompagnants ou leurs proches et désormais par les médecins eux-mêmes, les maux qui gangrènent les hôpitaux togolais sont nombreux. Il s’agit, entre autres, du «manque d’hygiène, l’équipement défectueux, absence de certains médicaments essentiels au lit du malade, limite de la maintenance hospitalière, manque de personnel soignant». « Les blocs opératoires sont dans un état déplorable : insalubrité, portes défaillantes permettant l’accès aux mouches et autres insectes jusque dans les salles opératoires, pinces et ciseaux émoussés, lavage chirurgical des mains avec des sachets de « pure water » etc… Opérer un seul malade devient un parcours du combattant et c’est grâce au soutien de certains partenaires étrangers qu’un minimum d’équipements est encore disponible pour faire fonctionner les blocs opératoires », constat dressé par le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot).
En somme, les conditions de travail des médecins dans les hôpitaux publics sont loin des standards internationaux. « «Les conditions de travail sont très difficiles dans nos structures de soins, en particulier au bloc opératoire ou en réanimation, pour absence de consommables ou de linges, équipements défectueux, non disponibilité de produits anesthésiques. Les inégalités sociales apparaissent clairement dans nos hôpitaux publics ; ceux qui n’ont pas les moyens ont du mal à avoir des soins de qualité », a expliqué un médecin sous le sceau de l’anonymat.
Depuis 2001, l’engagement a été pris par les chefs d’états Africains pour que 15% du budget soient alloués au secteur. En dépit de cet engagement, le budget alloué n’a jamais dépassé les 6% au Togo. Entre 2009 et 2010, avec seulement 6%, l’allocation a permis de couvrir à peine 31% des dépenses prévisionnelles du secteur. En 2014, l’allocation représentait 6,36% du budget national, et en 2015, elle chute à 5,48%, avec une baisse des subventions aux hôpitaux, une baisse du budget d’investissement et du budget pour l’achat de matériels.
Comme expliqué plus haut, au Togo la plupart des hôpitaux publics ne disposent de scanner. Les interventions chirurgicales sont faites dans des conditions ahurissantes. Pour soigner ces maladies, le gouvernement doit penser à équiper les hôpitaux publics convenablement. Si rien n’est fait, on va tout droit dans le mur.
Source : Fraternité No.278 du 18 juillet 2018