L’Ile aux Cannibales, les Togolais se rappellent sûrement cette impressionnante œuvre de Nicolas Werth qui a ressassé le calvaire de plus de 6 000 opposants au régime de Staline déportés en Sibérie, dans le froid en 1951. Dans une note du 19 février 1951, Staline donna son accord à une opération dénommée « Opération Nord » qui avait consisté à conduire des témoins et leurs familles en Sibérie où les attendaient les travaux forcés (mines de charbon, construction de voies ferrées, abattage d’arbres etc.). Leurs conditions de vie, de logement, de santé étaient déplorables. Ils devaient effectuer des travaux forcés sous des températures de -40° parfois – 50°. La plupart sont restés prisonniers des décennies dans ces contrées difficiles. Il s’agissait pour le régime de Staline de « nettoyer les villes » des « éléments nuisibles » comme il appelle les opposants à son régime. En voilà une manière de gouverner qui ressemble « Faure » à un pays de la sous-région ouest-africaine.
En effet, le Togo ressemble aujourd’hui fortement à la dictature stalinienne, vu les événements qui se passent ces derniers temps. Pour conserver le pouvoir à travers des élections législatives frauduleuses, le régime Faure Gnassingbé a lancé une chasse aux leaders de l’opposition, surtout ceux rassemblés au sein du Collectif « Sauvons le Togo ». Non seulement on les traque, les arrête et les embastille, mais en plus ils sont déportés dans des prisons réputées sinistres du pays, loin de leur famille. Outre les responsables d’opposition qui sont emprisonnés à Lomé, le cas d’Olivier Amah et d’Abass Kaboua, arrêtés et, d’abord, jetés dans la prison civile de Lomé, puis déportés respectivement à la prison civile de Mango et de Notsè, être révélateur. Un acte qui ressemble à ce que relate l’Ile aux Cannibales.
Depuis quelque temps, Faure Gnassingbé augmente ses prisonniers personnels, sentant son pouvoir menacé. Agba Bertin et Pascal Bodjona en savent quelque chose. Aujourd’hui, Olivier Amah et Abass Kaboua se retrouvent dans la masse. Depuis le samedi 1er juin dernier, on remarque un dispositif militaire du 3e RIA autour de la prison civile de Notsè. Il s’agirait, nous revient-il, de renforcer la sécurité d’Abass Kaboua.
Comme Staline, Faure Gnassingbé a trouvé ses déportés. Il envoie ses opposants particuliers (sic) loin de leurs familles dans des conditions difficiles. On connaît le froid qu’il fait en Sibérie. En quelques semaines, les deux tiers des déportés de Staline, débarqués sans provisions ni outils appropriés, mouraient de faim au point de s’entre-dévorer. Les conditions dans les prisons civiles de Mango et de Tsévié sont des plus désastreuses. C’est depuis la période coloniale que celle de Mango a acquis sa triste réputation.
Ceux qui disent que la situation des droits de l’Homme est délétère ont raison. C’est pour éviter que les événements qui se sont produits en 2005 au Togo ne se répètent qu’un bureau du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) a été installé au Togo. Mais on constate malheureusement que malgré la présence de cette agence de l’ONU, la situation ne s’améliore pas. A quoi sert donc au juste le HCDH au Togo ? Les yeux de la communauté internationale sont rivés sur les pays où se passent des violations des droits de l’Homme. Mais curieusement, on a l’impression que le Togo échappe à leurs regards, bien que la situation soit pire ici qu’ailleurs.
En tout cas, la déportation des opposants en Sibérie par Staline se révèle aujourd’hui être une méthode que caresse Faure Gnassingbé.
K. I.
L’Alternative Togo
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