Les échanges sur les réformes se sont poursuivis mardi à Togotelecom. Aucun consensus pour l’instant sur aucun des points retenus pour cet énième dialogue.
Sans pour autant revenir sur les positions des uns et des autres sur chacun de ces points, il nous plait plutôt de nous appesantir sur la question de la limitation de mandat présidentiel.
Selon les retours que nous avons, l’ensemble des partis de l’opposition aurait opté pour la limitation du mandat présidentiel à deux comme le préconisait la Constitution de 1992 et qui mentionnait avec intérêt, qu’en aucun cas nul ne saurait faire plus de deux mandats à la tête du pays.
Seule l’Union des Forces de Changement aurait trouvé à redire pour préconiser une disposition qui veut que cette limitation ne concerne pas le mandat en cours du Président de la République. Attitude curieuse, UNIR a gardé silence radio sur tout ce qui se dit.
Que doit-on comprendre dans ce silence de la mouvance présidentielle ?
Il est en effet établi que le fils héritier du feu général a pris un goût prononcé pour le pouvoir. Il tient vraiment aux privilèges et à la jouissance qui en découlent. En clair, Faure est aujourd’hui dans une logique de règne exactement comme fut son père défunt.
Mais il a aussi conscience que l’heure est grave. Tout le monde regarde le Togo et attend de voir l’identité que le fils héritier entend enfin donner à ce pays. Une démocratie affranchie ou une dictature héréditaire endurcie ?
Parler de démocratie au Togo voudrait alors dire qu’au moins le principe de la limitation de mandat présidentiel est formellement acquis, que le monde de scrutin à deux tours l’est aussi. Ce qui ouvrirait la voie à une alternance pacifique dans le pays.
Alors dans un tel dilemme, que peut dire UNIR, l’embryonnaire parti de Faure qui, comme son mentor se cherche pour l’instant ?
Manifestement les représentants du parti de Faure Gnassingbé n’ont pas encore trouvé de repères et attendent impatiemment l’instruction du Prince avant de prendre des positions claires à ce dialogue.
Or justement, malgré les navettes qu’il a faites à Ouaga et à Abidjan, malgré le mouvement qu’il a fait faire à certains éléments se réclamant de son parti chez Compaoré, malgré les multiples coups de fils qu’il a passés à ses soutiens auprès de l’UE, à Paris et consort, le fils héritier n’a toujours eu de répondant favorable qui pourrait lui permettre de se fixer clairement un sort à l’issue de ce dialogue.
Mais alors que faire ? La question est toute essentielle. Faure est embarrassé, déchiré, désaxé, désorienté, dérouté, divisé… à tous égards. L’heure est grave, vraiment grave pour le prince.
Il ne peut plus se cacher comme il l’a toujours fait dans des dossiers chauds qu’il fait initier pour nuir soit à ses frères soit à ses amis. Il est question ici de prendre un position claire sur chacune des réformes à faire et de l’assumer à la place publique.
Personne d’autre ne peut le faire en lieu et place du Prince surtout qu’il avait pris, à maintes reprises, des engagements fermes et formels auprès de ses aînés et collègues Chefs d’Etats de faire ces réformes.
Alors se dédire aujourd’hui l’expose dangereusement à la place publique alors qu’il a aussi envie de se donner une image d’un jeune président branché et éclairé.
Que faire ? Le temps presse au même moment où il court un risque certain de se faire découvrir par le monde entier, lui qui, en 2005 voulait juste que l’on lui laisse la chance de pouvoir assumer une transition pendant les 3 ans restants du mandat de son père et qui, par la force des choses, s’est retrouvé au pouvoir pendant 10 ans mais refuse encore de céder la place !!! Quel incroyable appétit !!!
Comment lui, un jeune intellectuel de son âge peut prendre le risque de se faire compter parmi les dictateurs accomplis que compte tristement le continent noir ?
L’équation est vraiment difficile à résoudre. Mais c’est justement ici, face à ce dilemme que le Prince doit pouvoir se donner l’aura d’un homme d’Etat armé de courage et d’audace.
Pour opérer un choix judicieux et historique, il devra simplement retenir que les privilèges matériels, la gloire et la jouissance ne flattent que l’égo et aucun grand homme, de par l’histoire, ne s’est jamais oublié dans ces flatteries de la chair.
Mandela qui a tant inspiré le monde avait tous les atouts pour rester indéfiniment au pouvoir en Afrique du Sud, il ne l’a pas fait. Alors, si cet homme a aussi inspiré Faure Gnassingbé comme lui-même a eu à le clamer à la mort de ce dernier, il doit pouvoir suivre sa voie.
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