Le problème du Togo est celui de la dictature. Et comme toutes les dictatures, celle du Togo ne fait pas exception en matière de barbarie : arrestations arbitraires, embastillements fantaisistes, assassinats sauvages, etc. Bref, au Togo, la dictature est l’une des plus féroces que le monde ait jamais connues. On note que toute autocratie, à l’instar de celle du Togo, axe nécessairement la répression, l’intimidation et la manipulation sur des piliers bien solides.
En effet, la tyrannie du Togo est un système de gouvernance politique dont le socle fondateur est l’armée. C’est grâce à la force des armes que la dynastie militaro-clanique du Togo opère, bien que camouflée sous les habits d’un pouvoir politique civil.
Mais l’exercice de la force au Togo n’est pas que militaire. Le pouvoir exécutif affiche une démocratie de façade qui, en réalité, n’est qu’une parodie d’État de droit. La dictature togolaise est foncièrement perverse : elle use de tous les outils d’un État de droit pour justifier ses forfaits illicites. On arrête des citoyens que l’on accuse de troubles à l’ordre public et d’atteinte à la sûreté de l’État, simplement pour avoir manifesté — individuellement ou collectivement — leur désapprobation de la mauvaise gouvernance. Ceux-ci sont ensuite placés en détention dans des locaux inappropriés des services d’investigation ou mis sous mandat de dépôt dans des prisons surpeuplées pendant des mois, voire des années, sans jugement.
Le pouvoir exécutif togolais use de manipulation sur les trois autres pouvoirs qui devraient constituer les garde-fous d’un système démocratique authentique.
L’exécutif togolais fait d’une bouchée le pouvoir législatif, auquel il arrache sans coup férir ses prérogatives de contrôle, par l’organisation d’élections frauduleuses ou la proclamation de résultats fantaisistes — une sorte de nomination déguisée des députés afin de mieux les contrôler.
Quant au quatrième pouvoir, les médias et la presse, leur cas est réglé par des lois scélérates dont l’application est confiée à une institution, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), qui, dans ses décisions, n’est pas toujours impartiale.
Reste donc le pouvoir judiciaire, en principe le plus équitable en démocratie, mais le plus instrumentalisé au Togo.
Commençons par les magistrats du parquet (procureurs et substituts). Du fait de leur statut de fonctionnaires du ministère de la Justice, ils peuvent recevoir certains ordres de mission de celui-ci. Néanmoins, et malgré leur droit de s’autosaisir face à des infractions graves, quel que soit le statut social de leurs auteurs, les procureurs du Togo ont définitivement choisi leur camp en se mettant au service exclusif du pouvoir exécutif monocéphale qui régente la nation togolaise depuis belle lurette. Quant aux magistrats du siège, de nature inamovible sauf raison exceptionnelle et totalement indépendants, ils affichent des comportements de larbins devant le pouvoir exécutif. Malgré la séparation des pouvoirs d’État, dont découle leur autonomie, ils se soumettent délibérément aux diktats de l’exécutif. La plupart vendent leur âme dans des compromis, voire des compromissions de tous genres, par lesquels l’exécutif les tient. Ils sont, de gré ou de force, membres du parti UNIR. Ils rendent des jugements fantaisistes, toujours dictés par la volonté de leur mentor partisan, c’est-à-dire le dictateur.
En conclusion, les patriotes togolais(es) en lutte doivent cibler le système judiciaire dans leurs dénonciations. Le fonctionnement injuste de la justice au Togo doit interpeller les organisations de défense des droits humains.
La dictature survit grâce à la pratique inéquitable du système judiciaire. C’est la justice, pilier inamovible, qui soutient la dictature au Togo. C’est le système judiciaire inéquitable qui nourrit la dictature et la fait perdurer.
Si la justice togolaise ne s’était pas laissée phagocyter par le pouvoir exécutif omnipotent, les Togolais(es) pourraient vivre dans l’égalité et la dignité. Les Togolais(es) doivent savoir que l’instrumentalisation de la justice dans notre pays est la cause profonde, ainsi que la sève nourricière, de l’absolutisme, de la monocratie arrogante et sexagénaire qui écrase les droits élémentaires du (de la) citoyen(ne) togolais(e).
Frère et sœur togolais(es),
« … Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la liberté. Togo, debout, luttons sans défaillance ! … »
Londres, le 19 octobre 2025
Pour le G9,
Lucien Hounkanli
Président