Un an jour pour jour après l’attaque contre le député de la CEDEAO Guy Marius Sagna et plusieurs responsables togolais au siège de la CDPA à Lomé, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) déplore l’inaction du gouvernement face aux violences et milices qui prolifèrent dans le pays. Dans un communiqué rendu public le 29 septembre 2025, la coalition réclame la réactivation d’une enquête indépendante, la dissolution des groupes d’autodéfense et la responsabilisation des autorités, tout en appelant les citoyens et la communauté internationale à se mobiliser contre l’impunité.
COMMUNIQUÉ DE LA DMP
29 septembre 2025: un an après l’agression au siège de la CDPA, l’impunité des nervis règne toujours
Depuis l’attaque du 29 septembre 2024 à Lomé contre le député de la CEDEAO Guy Marius Sagna, les responsables de la DMP, des journalistes et plusieurs citoyens togolais, lors d’une rencontre citoyenne au siège de la CDPA, la DMP n’a cessé d’exiger que la lumière soit faite, que justice soit rendue et que les auteurs ainsi que les commanditaires soient identifiés et sanctionnés. Malgré l’annonce par le gouvernement de l’ouverture d’une enquête sur ces événements graves, à ce jour, aucune suite concrète ne s’est traduite par des arrestations ou condamnations. Cette enquête s’était pourtant matérialisée par le recueil des dépositions des victimes au commissariat central de Lomé, ainsi que par une visite des lieux de l’agression, notamment le siège de la CDPA et la rue où avaient été retrouvés certains effets dérobés au député sénégalais lors de l’attaque. Dans leurs dépositions, les victimes ont signalé avoir identifié des agents de force de l’ordre habillés en civil et des civils reconnus comme des nervis.
L’inaction du gouvernement est d’autant plus inquiétante que le 6 juin 2025, alors que le Togo connaissait une nouvelle vague de mobilisations citoyennes, de nouvelles agressions violentes ont été recensées dans Lomé. Les responsables de la DMP ont pu à l’occasion, identifier sur des photographies circulant sur les réseaux sociaux certains des nervis déjà impliqués dans l’attaque du 29 septembre 2024. Ces individus circulaient librement dans les rues, l’un d’eux exhibant même un fusil, sans que les forces de l’ordre n’interviennent pour le désarmer.
Dans le même contexte, la DMP a observé que des individus regroupés dans une association dénommée « Les Sentinelles du Peuple » ont tenu à Lomé, le vendredi 29 août 2025, une conférence de presse à la veille d’une manifestation prévue pour le lendemain. Ces individus se proclamant « groupe d’autodéfense », prétendent aider l’État dans le maintien de l’ordre, comme si les forces de sécurité ne pouvaient plus, toutes seules, remplir la mission qui est la leur dans une République. La banalisation publique de tels agissements, tolérés et encouragés par le gouvernement qui délivre un récépissé à une association poursuivant un tel objectif, fragilise gravement l’autorité de l’État et accentue l’insécurité dans notre pays.
D’autres violences d’ampleur ont également été documentées dans le pays. Ainsi, lors des manifestations des 26 au 28 juin 2025, on a enregistré sept décès, de nombreuses blessures par balle et des actes de bastonnade commis jusque dans les concessions par des civils armés. Des rapports d’associations de défense des droits et des libertés imputent ces violences à une coopération tacite entre éléments des forces de sécurité et milices. Des organisations de défense des droits humains exigent depuis plusieurs mois une enquête indépendante, nationale ou internationale, sur l’ensemble de ces violations. Là encore, rien n’a bougé.
Au regard de ces constats, la DMP exige :
la réactivation immédiate de l’enquête ouverte en 2024, élargie aux nouveaux faits de 2025, avec des moyens opérationnels efficaces, des responsabilités claires et une indépendance garantie; à cet effet la DMP demande la mise en place d’une commission d’enquête internationale avec un calendrier clair de publication des résultats;
l’identification, l’arrestation et la traduction en justice des auteurs et commanditaires, y compris ceux circulant librement avec des armes et revendiquant des actions dites d’autodéfense;
la dissolution de tous les groupes se réclamant de l’autodéfense;
la protection effective des citoyens par les forces de sécurité, seules habilitées à garantir l’intégrité physique des personnes, sans discrimination politique;
la responsabilisation politique de ceux qui, au sein de l’appareil d’État, ont toléré l’inaction, voire la complicité.
La DMP rappelle qu’un an après l’agression sauvage et inqualifiable du 29 septembre 2024, le Togo est à un moment critique de son histoire. Les violences répétées, l’impunité croissante et la multiplication de milices menacent le contrat social et anéantissent la promesse de justice et la protection pour tous.
La DMP reste résolue à dénoncer, à mobiliser et à agir. Elle appelle les citoyens togolais à demeurer vigilants, solidaires et mobilisés pour la défense des libertés.
Elle invite les organisations nationales et internationales de défense des droits humains, les ambassades et les institutions régionales (CEDEAO, Union africaine, ONU) à exercer la pression politique, diplomatique et juridique nécessaire pour que le Togo mette fin à l’impunité et refonde enfin son pacte démocratique.
À ceux qui pensaient imposer la peur, la DMP rappelle que le combat pour la dignité, la liberté et la justice ne sera jamais confisqué.
Fait à Lomé, le 29 septembre 2025
La Conférence des présidents