Le ministre s’exprimait ainsi à l’issue de sa tournée entamée depuis le 3 octobre sur tout le territoire, en vue de rencontrer tous les acteurs culturels du pays et d’échanger avec eux, connaître leurs difficultés, recueillir leurs attentes et explorer avec eux les pistes de solutions. « Le Fonds d’aide à la culture va bientôt changer, nous allons le recentrer pour qu’il serve véritablement aux acteurs culturels qui le méritent », a indiqué mercredi dernier le ministre Kossivi Egbetonyo. « la subvention du Fonds d’aide à la culture ne doit plus être faite sur la base géographique mais en considération de la qualité et de la performance des projets soumis », a-t-il ensuite explicité.
Acté depuis 2009, le FAC est destiné à soutenir la promotion des arts et de la culture. « Plus spécifiquement, le FAC participe à la construction et à la réhabilitation des équipements et infrastructures culturelles, aide à la création artistique, littéraire, et cinématographique et favorise la promotion, la diffusion, la préservation, la sauvegarde et la conservation du patrimoine national. Le Fonds intervient également dans l’édition des ouvrages littéraires et artistiques, favorise la participation du Togo aux grands rendez-vous culturels, foires et festivals internationaux, soutient les projets culturels ayant un impact positif sur les populations et enfin soutient les associations et regroupements culturels pour une émergence des initiatives culturelles de base », explique le site officiel du Ministère de la culture.
Pour bénéficier de ce fonds, il faut être de nationalité togolaise, disposer d’un récépissé délivré par le Ministère en charge de l’administration territoriale attestant l’existence légale de l’organisation, être reconnu par les services techniques du ministère chargé des arts et la culture, donner la preuve des activités réalisées ou en cours de réalisation dans l’un des sous-secteurs de la culture au cours des deux dernières années, pour les écrivains présenter un quitus du comité de lecture d’une maison d’édition, pour les artistes présenter un quitus d’un producteur qualifié et reconnu comme tel, et faire inscrire le projet soumis au FAC dans l’un des principaux domaines du secteur culturel que sont les arts de scènes, les arts plastiques, le cinéma, la musique, la littérature, et la protection du patrimoine culturelle.
Le FAC détourné de ses objectifs…
A en croire certaines sources, ce fonds ne bénéficie pas « aux vrais acteurs ». « En investiguant dans l’attribution de ce fonds aux artistes, nous avons découvert beaucoup de choses dont le plus scandaleux est le détournement de cet argent. Si certains artistes en ont fait du FAC leur fonds de commerce, pour d’autres, c’est le moyen de fonder un foyer, quitte à sacrifier leur profession d’artiste. D’autres s’en sont servis pour des futilités », a écrit le confrère Alternative en juillet 2018. Selon certains artistes, cités par le confrère, c’est le manque de suivi qui occasionne la dilapidation du Fonds d’aide à la culture. En effet, le fonds d’aide à la culture est détourné de ses objectifs pour des fins politiques. Les projets des artistes qui ne soutiennent pas le pouvoir sont mis au placard tandis que ceux de leurs collègues qui chantent les louanges à Faure Gnassingbé et son régime bénéficient du financement. « C’est un réseau bien établi dont les ramifications vont jusqu’au sommet de l’Etat. Il suffit d’appeler un ministre ou un proche conseiller du Chef de l’Etat et, votre projet est sélectionné », s’indigne un chanteur et interprète.
Ces faits font regretter aux artistes et promoteurs, qui ont milité pour l’instauration de ce fonds, les efforts consentis. « Ce fonds est devenu la chasse gardée de certaines personnes. C’est regrettable », estime un ancien rappeur togolais.
A la question, le Ministre Egbetonyo pourra-t-il satisfaire les artistes ? Les concernés même en doutent. « C’est de bonne guerre mais ces gens font partie du même système. Tout comme fait, j’attends ce qu’il va faire concrètement », confie le rappeur. C’est donc dubitatif que certains artistes attendent la réforme annoncée par le ministre de la culture.
Source : Fraternité No.334 du 30 Octobre 2019