C’est très rare pour que cela soit souligné de deux traits. Un président français fréquemment sifflé et interpellé publiquement par des manifestations non pas pour la gestion du pays pour lequel il est élu mais pour la crise politique d’un minuscule pays lointain : le Togo.
Finalement, c’est la dure épreuve à laquelle fait face Emmanuel Macron depuis quelques jours. Après Washington il y a deux semaines lorsqu’il était en visite d’Etat chez Donald Trump aux Etats-Unis d’Amérique, le président français a été apostrophé le jeudi 09 mai dernier par des Togolais à Düsseldorf lors de sa visite de travail en Allemagne.
A sa sortie d’un entretien avec des étudiants d’Aix-La-Chapelle, malgré le dispositif de sécurité mis en place, Macron n’en croyait pas ses oreilles. « Monsieur Macron ! Macron ! Nous vous interpellons sur le problème politique togolais. 50 ans ça suffit ! 50 ans ça suffit ! Nous sommes fatigués de la politique togolaise. Nous sommes fatigués. Nous sommes fatigués. L’Union africaine ne fait rien. Nous sommes fatigués. Libérez-nous au Togo. Libérez-nous de cette dictature. Libérez le Togo, s’il vous plaît. 50 ans ça suffit ! Nous voulons retourner chez nous. Nous sommes fatigués de ce régime. Nous sommes fatigués. On en a marre. Aidez-nous, Monsieur Macron, aidez la population togolaise, nous souffrons. Ce n’est pas ça la démocratie au Togo. Nous avons perdu nos parents. Nos parents sont toujours bastonnés. On tue nos frères, on tue nos parents. Nous vous prions Macron. La complicité française en Afrique, on en a marre. On veut la liberté, on veut aussi vivre en démocratie », scandaient les manifestants.
A l’opposé de Washington où il avait indiqué que c’est à l’Union africaine de régler le problème togolais, Macron n’a pu piper mot avant de s’engouffrer dans son véhicule de commandement, l’air visiblement agacé. Des images de ce genre, Faure Gnassingbé, conscient de son impopularité les évite au maximum, raison pour laquelle depuis le déclenchement de la nouvelle crise du 19 août 2017, il se fait de plus en plus rare en Occident.
Les agressions verbales fréquentes contre Macron sont une expression des Togolais qui estiment que la France est à l’origine de leurs souffrances et par conséquent, Macron a la solution. Surtout lorsque le jeune président français semble donner l’impression d’une résolution de la crise par des élections.
La persistance de ces mouvements d’humeur est une preuve tangible que Faure Gnassingbé est devenu la poisse et un cauchemar pour Macron et bien d’autres chefs d’Etat de par son autisme politique. A raison, des chefs d’Etat doivent réaliser la nécessité de le raisonner.
Honoré Adntui
Source : Le Correcteur No.817 du 14 mai 2018