Depuis quelques mois, un nouveau vent de privatisation souffle sur les sociétés publiques togolaises. Cette vague de privatisation qui a débuté dans les années 2010 est aujourd’hui à son point culminant. Si l’objectif d’une telle initiative est d’assurer la bonne gouvernance des sociétés d’Etat, alors il est probable que la CEET se retrouve sur la liste. Cette compagnie a été l’objet de nombreux scandales liés à la gestion calamiteuse et à la corruption. Un désengagement de l’Etat ne serait pas étonnant. La rencontre il y a quelques semaines du Patron d’EDF, la société française d’énergie et le Chef de l’Etat sont des signes avant coureur d’une privatisation en vue.
Les discussions il y a trois semaines entre le PDG de l’Energie de France (EDF), Jean-Bernard Levy et le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé ont entre autres porté sur la CEET, la compagnie d’énergie du Togo. La société française qui avait déjà géré cette société revient en force pour convaincre le président togolais sur des innovations qui permettront, non seulement de renforcer le système de fourniture du courant électrique, mais aussi de trouver une solution à la mauvaise gestion décriée au sein de l’entreprise.
Le Président Directeur Général de EDF a proposé entre autres le développement d’autres sources d’énergie, notamment, éolienne et solaire en vue d’amortir les coûts élevés du courant électrique au Togo au profit des populations. Cette rencontre se tenait au même moment où l’entreprise de téléphonie Togocom connaissait de nouveaux propriétaires.
La majorité (51%) du capital de Togocom a été cédée au consortium Agou Holding, un groupe malgache.
Enclenché depuis peu, la privatisation de deux banques publiques, la BTCI et l’UTB, est toujours en cours et cela n’a rien de nouveau.
Au début de l’année 2010 déjà, la BTD et la BIA-Togo avaient été rachetées par Oragroup et Attijariwafa Bank.
Actuellement, l’aéroport de Lomé est fortement convoité et risque de se faire privatiser.
Qu’est ce qui explique la privatisation de ces sociétés d’Etat ?
Depuis quelques temps, le désengagement des autorités quant à la gestion des compagnies publiques ne cesse de nourrir les polémiques.
C’est connu ! La gestion quotidienne de nombreuses sociétés d’Etat est à déplorer. Des scandales de corruption, de malversations financières, d’emplois fictifs ou de favoritisme sont récurrents.
Une situation qui est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement enclenche sans cesse des vagues de privatisation.
Aussi, se peut-il que le besoin énorme de ressource pour la croissance du pays soit une cause de ces décisions des autorités. Même si les conditions de ces privatisations ne respectent pas une orthodoxie à profiter pleinement aux citoyens.
Quoi qu’il en soit, d’aucuns se demandent si la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) n’est pas la prochaine entreprise sur la liste. La réponse est affirmative. Cette société est une véritable vache laitière de son Directeur Mawussi Kakatsi qui en fait ce qu’il veut. Son chauffeur est converti en un cadre de la société, patron de la logistique. Même l’épouse de son chauffeur est logée à la grande enseigne de la société, sans oublier les vices de forme et de procédure dans le recrutement et la promotion du personnel. Des milliards sont dilapidés au quotidien.
La mauvaise gestion est une gangrène des institutions publiques au Togo, c’est notoire. La CEET en est un exemple vivant.
La mauvaise gouvernance en est une autre. Des années durant, cette compagnie a été au centre de malversations. De nombreuses crises avec les partenaires nigérians et béninois, des ruptures d’approvisionnement et coupures intempestives, malversations financières, népotisme, etc.
Le Directeur Général, le sieur Mawussi Kakatsi qui règne en Prince Saoudien continue de saigner à blanc la compagnie d’énergie du Togo avec des contrats douteux.
Ces crises multiples dénoncées dans nos précédentes parutions ont fait de l’objectif d’indépendance énergétique du Togo, un échec.
Il faut aussi rappeler que par le passé, la majorité du capital de la CEET avait été détenue par un groupe français. Pourtant, les difficultés de fourniture du courant ont persisté, ce qui a obligé le gouvernement à reprendre les choses en main. Preuve que la privatisation n’est pas forcément une solution au problème de mal gouvernance. C’est pourquoi, EDF revient avec de nouvelles garanties et de nouvelles offres.
Dans sa nouvelle politique de développement, le gouvernement privilégie la collaboration avec le secteur privé sous forme de partenariat public-privé et c’est dans cette optique que plusieurs accords ont été signés pour régulariser la situation de la compagnie électrique.
Ainsi, ces trois dernières années, des prêts ont été octroyés par des partenaires financiers pour améliorer la production de l’énergie électrique. Des prêts qui sont détournés au quotidien par l’équipe Kakatsi et ses complices.
Néanmoins, ces mesures ont permis de rétablir une fourniture plus ou moins stable. Même si de nombreux scandales énormes restent enfouis ; et aucune institution ne peut atteindre son plein potentiel et satisfaire au maximum ses clients si des zones d’ombre demeurent.
La transparence est une condition sine qua non pour une croissance soutenue. Elle n’existe pas à la CEET.
Les autorités, conscientes de cela, ne cessent de prendre des initiatives pour assainir le secteur public. Il est donc fort probable que des mesures soit prises à l’endroit de la Compagnie d’Energie Electrique du Togo.
Si la mesure prise est une privatisation, on se demande alors quelles pourraient être les conséquences d’une telle décision. Pour l’heure, la situation est plutôt constante et nul ne s’en plaint. Mais les prochains jours en diront d’après les confidences. Une prise en main sérieuse permettra d’arrêter l’hémorragie à la CEET. Dans ce cas, la privatisation sera positive, si elle doit profiter aux citoyens togolais.
Alfredo Philoména
Source : L’Indépendant Express