Faure Gnassingbé avait qualifié son troisième quinquennat de «mandat social». Mais malgré la mise en place du Fonds national de la finance inclusive, de nombreux Togolais vivent toujours dans la pauvreté. Et une bonne partie d’entre eux réclament une amélioration de leur niveau de vie.
Presque toutes les couches sociales sont en ébullition. La deuxième année du mandat actuel (2015-2020) du président a été marquée par de violentes revendications. Les personnels de santé et de l’éducation en particulier ont protesté contre leurs conditions de travail. Les autorités, quant à elles, savent qu’elles n’ont pas intérêt à laisser le front social sous tension dans ces périodes politiquement difficiles.
Depuis août 2017, des partis de l’opposition regroupés en coalitions (le Combat pour l’alternance politique en2015–CAP2015–, le Groupe des six et le Parti national panafricain –PNP) descendent dans la rue. Ils réclament des réformes, notamment le retour à la Constitution de 1992 dans sa version originelle (c’est à-dire en incluant les articles 52, 59 et 60, qui limitent à deux le nombre de mandats que peut effectuer le chef de l’État et instaurent un scrutin uninominal à deux tours pour l’élire).
Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour permettre le démarrage du dialogue et lancé des consultations avec les principaux leaders de l’opposition pour en étudier la forme et les modalités. Le controversé projet de loi sur la réforme constitutionnelle porté fin septembre par le gouvernement par l’étape du référendum pour une éventuelle adoption.
Un scrutin imprévu, qui intervient à la veille d’une année électorale chargée pour le Togo. Les élections locales auront probablement lieu en juillet 2018, soit trente et un ans après les dernières, qui avaient été organisées en 1987.
Quant aux législatives, elles sont censées se tenir en juin. Pour les mener à bien, la classe politique devra relever les défis que constituent l’établissement du fichier électoral et la commande du matériel requis, ou encore l’authentification des bulletins de vote… Des questions qui ont toujours suscité des tensions entre opposition et pouvoir.
Soubresauts
Au Togo, les réformes ne seront pas seulement constitutionnelles, de nombreuses améliorations étant attendues sur le plan économique également. Selon la dernière mission du FMI, le pays a enregistré une croissance de 5% en 2017 comme en 2016, contre 5,3 % en 2015. Cette année-là, l’institution de Bretton Woods avait déjà prévu un taux moyen de 5,5% pour la période comprise entre 2015 et 2018. Mais rien n’est certain désormais, tant les soubresauts politiques et sociaux ont enrayé la dynamique.
La méfiance des marchés financiers vis-à-vis du pays se ressent jusque dans le panier de la ménagère, les produits de première nécessité devenant de plus en plus chers. Malgré les difficultés, le gouvernement mise sur ses chantiers sociaux pour atténuer les effets néfastes du ralentissement. Électrification rurale, assurance maladie gratuite pour près de 2millions d’élèves, finance inclusive, etc., seront de nouveau au rendez-vous en 2018. Le pays vit sa plus grave crise politique et économique depuis de nombreuses années.
Mais s’il assure lever des précédentes, il devrait aussi parvenir à se remettre de celle-ci. Néanmoins, l’apparition de nouveaux acteurs – tel Tikpi Atchadam, fondateur du PNP, dont l’agenda et la stratégie demeurent méconnus–augure des lendemains difficiles.
En 2018, le Togo devra faire face à un seul véritable challenge: parvenir par le dialogue et le consensus à ramener la paix, gage de développement et de prospérité pour plus de 7 millions de citoyens.
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