Le débat sur l’attribution du titre de « père de la nation » au Togo continue d’alimenter les discussions sur la scène politique. Invité sur une radio ce dimanche 23 février, l’avocat et homme politique Me Jean Yaovi Degli a livré son analyse sur cette question, en s’appuyant notamment sur ses ouvrages publiés en 1996 et 2007. Pour lui, la construction d’une véritable nation au Togo reste un projet inachevé.
Selon Me Degli, Sylvanus Olympio, premier président du Togo, n’a pas eu le temps de forger un véritable esprit national avant son assassinat en 1963. « Sylvanus Olympio n’a pas eu le temps de créer l’esprit de la nation », a-t-il expliqué. Il rappelle que dans de nombreux pays africains, les frontières ont été tracées par les colonisateurs, ce qui a souvent conduit à la formation d’États avant même l’émergence d’un sentiment national.
S’il reconnaît qu’Olympio est incontestablement « le père de l’indépendance », il estime que la mission de bâtisseur d’une nation unifiée n’a pas pu être accomplie. Il cite à titre de comparaison des figures comme Kwame Nkrumah au Ghana et Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, qui, selon lui, ont su poser les bases d’une véritable identité nationale.
Me Degli reconnaît par ailleurs le rôle de l’ancien président Gnassingbé Eyadéma dans plusieurs domaines. « Il est père de l’armée, il est le père de la stabilité, il est père de la diplomatie togolaise », a-t-il déclaré, soulignant ainsi l’influence de ce dernier sur l’histoire politique et institutionnelle du pays.
Toutefois, il estime que malgré ces contributions, Eyadéma n’a pas non plus réussi à créer une nation véritablement unie. « La division a persisté sous son règne, rendant impossible la réconciliation nationale », a-t-il ajouté.
Pour Me Jean Yaovi Degli, la question du « père de la nation » reste donc ouverte. Il affirme que ce titre ne pourra être attribué que lorsque le Togo aura réussi à instaurer une véritable unité nationale.
« Lorsque nous réussirons à faire ce travail de vivre ensemble, de réconciliation nationale et que les Togolais seront tous dans la même dynamique d’avancer, alors seulement on pourra parler de la naissance d’une véritable nation togolaise », a-t-il conclu.
En attendant, la quête d’unité et de réconciliation nationale demeure un défi pour les dirigeants et les citoyens togolais.