À l’approche d’un congrès controversé sur le panafricanisme, l’ANC accuse le régime togolais de manipuler une cause noble pour se réhabiliter sur la scène internationale. L’appel vise particulièrement Doudou Diène, ancien enquêteur de l’ONU sur les violences de 2005.
Le régime togolais tente de récupérer le panafricanisme : la présence de Doudou Diène est une faute grave
Le 5 février 2005, après trente-huit années d’un pouvoir personnel implacable, le Général Gnassingbé Eyadéma disparaissait, laissant derrière lui un régime bâti sur la peur et la terreur, la brutalité et la confiscation du pouvoir. Le même jour, les Forces armées togolaises violaient ouvertement la Constitution en imposant son fils, M. Faure Gnassingbé, à la tête de l’État. Cette prise de pouvoir dynastique, rejetée par le peuple togolais, déboucha sur l’une des répressions politiques les plus sanglantes de l’histoire contemporaine de notre pays. Selon le rapport de la Mission d’établissement des faits de l’ONU, dirigée par M. Doudou Diène, près de 500 Togolais ont été assassinés, écrasés sous les balles d’un régime prêt à tout pour conserver un pouvoir au demeurant usurpé. Ces crimes restent impunis. Le régime, lui, est toujours là. Et Faure Gnassingbé, vingt ans plus tard, continue de se maintenir par la force, la fraude électorale et une ingénierie institutionnelle qui transforme le pays en monarchie héréditaire de fait. Aujourd’hui, ce même pouvoir prétend, dans une manœuvre aussi grossière qu’indécente, organiser un « congrès sur le panafricanisme ». Un régime qui a réprimé son peuple sans retenue, qui a constamment piétiné la souveraineté populaire et qui a passé des décennies à s’abriter derrière le soutien complaisant de certaines puissances occidentales, n’a aucune légitimité pour parler au nom du panafricanisme. Ce régime ne croit pas au panafricanisme. Ce régime tente de détourner et de dévoyer le panafricanisme. C’est dans ce contexte que la présence annoncée de M. Doudou Diène choque profondément. L’homme qui a documenté les massacres de 2005 ne peut devenir, même malgré lui, le paravent d’un régime qu’il connaît mieux que quiconque. En acceptant de participer à cette opération de communication, M. Diène prend le risque d’offrir au pouvoir togolais ce qu’il recherche désespérément : un brevet de respectabilité. La présence de M. Diène serait utilisée comme un assentiment moral, une réhabilitation symbolique.L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) affirme avec force : Aucun représentant honnête du panafricanisme ne peut se tenir aux côtés d’un régime qui a fait tirer sur son propre peuple, qui continue d’écraser les libertés publiques et qui s’accroche au pouvoir par la ruse et la violence. Aucun représentant honnête du panafricanisme ne peut se tenir aux côtés d’un régime dont la gouvernance calamiteuse demeure aux antipodes de l’idéal et des valeurs du panafricanisme. Le panafricanisme authentique est un combat pour l’émancipation des peuples africains, pas une tribune offerte aux autocrates pour se refaire une image. L’ANC appelle donc solennellement mais fermement M. Doudou Diène à renoncer à sa participation. Il en va non seulement de sa crédibilité personnelle, mais aussi de la mémoire des centaines de victimes dont il a porté la voix devant la communauté internationale. Le Togo n’a pas besoin d’un congrès de propagande. Il a besoin de vérité, de liberté et de justice. Fait à
Lomé, le 03 décembre 2025
Pour le Bureau National, Le Président,
SIGNE
Jean-Pierre FABRE












